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Election de la Chambre d’Agriculture

La société a besoin de paysans nombreux !

Et les paysans doivent pouvoir vivre d’un métier qui est d’utilité publique

vendredi 26 janvier 2007

Depuis le 22 janvier et jusqu’au mercredi 31, les paysans sont en train de voter (par correspondance) pour élire (pour 6 ans) les responsables des Chambres d’agriculture.
Dans la Loire, 6 700 personnes sont inscrites dans le collège exploitants (23 sièges à pourvoir), et 15 900 dans le collège des anciens exploitants (2 sièges à pourvoir)... Le dépouillement du vote aura lieu les 5 et 6 février.

L’enjeu de ces élections est important, un enjeu que la Confédération paysanne résume dans cet appel : “Paysans, paysannes, reprenons notre avenir en main”.

Bien entendu ce vote est important surtout pour les paysans. "Les paysans du département ont besoin de se sentir soutenus par une chambre d’agriculture à leur service" disait Michel Gandilhon, porte parole départemental, lors de l’assemblée générale du syndicat qui s’est tenue a Balbigny le 16 janvier, une journée à laquelle près de 200 paysan-ne-s du département ont participé.
La Confédération paysanne, dont la liste dans le collège “exploitants” est conduite par Michel Savatier, producteur de lait à St-Romain d’Urfé et Président de la fédération départementale des CUMA (coopératives d’utilisation du matériel agricole), propose “pour les 6 années qui viennent un projet agricole porteur d’avenir dont l’objectif premier est de maintenir des paysans nombreux et de soutenir toutes celles et tous ceux qui ont des projets dans les territoires”.

Guy Bessin, Michel Savatier et Pierre-André Déplaude

Autant dire tout de suite que la Conf’ - qui a 20 ans - se bat pour une agriculture dynamique et moderne. Mais il faut s’entendre sur le sens des mots : comme le dit Michel Savatier, “c’est essentiel qu’on fasse passer avant tout les personnes, les hommes et les femmes, pas les produits ou les filières... Une agriculture dynamique et moderne, c’est une agriculture fournissant à la société des produits sains et de qualité, à des prix rémunérateurs permettant d’assurer aux paysans un revenu de leur travail, et donc de maintenir dans les territoires des paysans nombreux. Avec toutes les conséquences induites pour la vitalité de ces territoires et la qualité de vie pour tous.

La Conf’ affiche ses convictions :
Paysan, c’est un métier d’utilité publique,
3 fermes valent mieux qu’une grande,
Droit à un revenu pour tous,
800 000 paysans plutôt que 150 000 agri-managers,
Et elle mène des actions (voir celles de ces derniers mois sur le prix du lait, pour exiger une réformer des aides DPU...) à un rythme soutenu pour défendre l’agriculture paysanne.

Ce que l’on ressent lorsqu’on lit ou entend les interventions et témoignages des nombreux candidats et animateurs de la Conf’, c’est un sentiment de fortes capacités individuelles et collectives du mouvement. Une équipe nombreuse, un travail d’équipe, des militants qui connaissent leur affaire. On sent aussi la confiance dans la possibilité de modifier le cours des choses - même s’il est plus que temps ! -, grâce à une forte présence sur le terrain et des propositions élaborées à partir de l’expérience.

La Confédération paysanne est d’ailleurs la force qui monte : sa progression dans le département est continue d’une élection à l’autre : 28% des voix, puis 33%, puis 39% en 2001. En 2007, la Conf’ est en capacité de gagner les élections à la Chambre d’agriculture, tournant la page de plusieurs décennies de règne sans partage de la FNSEA ; et surtout elle est en capacité de gérer - autrement - cette Chambre d’agriculture.

La FNSEA, qui a 60 ans et gère la Chambre depuis le début, a soutenu et inspiré les politiques agricoles qui ont conduit les paysans à une situation intenable pour beaucoup d’entre eux. Des décennies avec un objectif : une “modernisation” pour produire plus et moins cher, et avec des paysans toujours moins nombreux. Les effets sont dévastateurs. Depuis les années 1970, on a assisté à un décrochage constant des prix agricoles par rapport à l’inflation. Mais cette baisse permanente n’a pas été répercutée aux "consommateurs". C’est l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution qui se sont remplies les poches, alors que baissait constamment le revenu par hectare et que s’envolait l’endettement des agriculteurs.
Et le mal empire : la réforme de la PAC 2003 a fait des aides directes des aides au revenu, découplées des productions. Et les modes de calcul sont tels que ce sont les exploitations les plus “compétitives” qui reçoivent le plus d’aides. Qu’en sera-t-il avec la réforme de la PAC annoncée pour 2008 ?

Les conséquences de cette politique, dans la Loire : 1400 exploitations agricoles ont disparu rien qu’au cours des 6 dernières années ! - 1400 en 2190 jours : qui veut que cette hécatombe continue ? Au plan national, il reste un peu plus de 600 000 paysans. Mais l’objectif est d’arriver à 150 000 “agri-managers” à l’horizon 2020. “Le projet est inavouable : il s’agit de faire disparaître 3 paysans sur 4 !”, a dit Pierre-André Déplaude, de Tartaras, qui siège aussi pour la Conf’ au Conseil économique et social de Rhône-Alpes.
A cause des politiques agricoles mises en oeuvre en France et en Europe avec l’aval de la FNSEA, beaucoup de paysans se posent la question : serai-je encore paysan demain ? La Conf’ se bat, elle, pour 800 000 paysans. Et dans la Loire, elle dit que “plus aucune ferme ne doit disparaître”. Ce qui demande un programme de travail au niveau de la Chambre d’agriculture : pour repérer à l’avance les cédants et préparer avec eux l’installation de jeunes (alors que la FDSEA donne systématiquement la priorité à l’agrandissement des exploitations, sans parler du copinage), pour résister à la pression foncière (étalement urbain etc...), pour promouvoir une répartition plus juste entre les paysans...
Apparemment, la disparition des exploitations n’a rien de fatal. Pour preuve, en Loire-Atlantique où la Confédération paysanne dirige la Chambre d’Agriculture, il y autant d’exploitations agricoles en 2007 qu’il y a 6 ans. L’objectif était d’une installation pour un départ. Ils ont réussi.

La Confédération paysanne demande “des prix rémunérateurs qui couvrent les coûts de production et permettent une rémunération de notre travail de paysans. Pourquoi faudrait-il que l’agriculture soit le seul secteur où les ventes à perte seraient autorisées ?”
Guy Bessin, secrétaire national de la Confédération paysanne, l’a rappelé à Balbigny : l’alimentation représente maintenant seulement 16% environ des dépenses des ménages. Mais en plus, dans le coût final des produits agricoles, la part des matières premières est de 25% seulement. Autant dire que 4% seulement des dépenses des ménages vont à ceux qui produisent la nourriture.
Ça ne peut pas marcher ! D’ailleurs, on peut payer des prix plus rémunérateurs en baissant les marges de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution !
Et on peut aussi arriver à un revenu correct grâce à une maîtrise des volumes des productions et une juste répartition de ces volumes, au lieu d’essayer de s’en sortir en éliminant le voisin, en augmentant les volumes et en exacerbant la concurrence.
La Confédération défend les quotas et les offices en tant qu’outils de maîtrise des productions et des prix (pas la façon dont ils fonctionnent aujourd’hui) et demande une juste répartition des aides.

Des prix rémunérateurs, cela passe aussi par le développement des circuits courts dans lequel la Confédération est engagée par exemple à travers les AMAP, mais aussi sous bien d’autres formes.

La Chambre d’agriculture peut devenir un outil pour créer à grande échelle de vrais partenariats entre le monde paysan et toute la société, les habitants des villes et leurs associations et organisations. La société à tout autant intérêt que les paysans au re-développement d’une agriculture paysanne.

C’est pourquoi, quand les paysans votent, cela concerne tout le monde : est-ce qu’on va continuer dans la dérive ultralibérale et vers une agriculture industrielle avec toutes les conséquences que l’on connaît, ou bien est-ce que l’on va promouvoir une agriculture en phase avec les enjeux de la société, avec des exploitations à taille humaine, des produits sains et de qualité ? L’enjeu pour tous est la qualité de notre nourriture, la santé publique, le maintien et la création d’emplois et la vie des territoires.
La force du combat de la Conf pour défendre les paysans, c’est aussi que ce n’est pas un combat corporatiste : elle propose un projet qui intéresse une grande partie de la société. Elle a acquis une légitimité dans l’ensemble de la société parce qu’elle a posé les bonnes questions, comme celle des OGM, ou de la qualité de l’alimentation...

A noter qu’à coté des 6 700 paysans exploitants, la Loire compte 15 900 paysans retraités. Dans ce collège, la Conf avait réuni 47% des voix il y a 6 ans. Les anciens souhaitent ardemment que l’on arrête la diminution du nombre des paysans, a expliqué Paul Deloire. Parce qu’ils aiment ce travail et connaissent son utilité pour toute la société. Mais aussi parce que moins on installe de jeunes, et plus les charges cotisations sociales (MSA) sont lourdes et doivent augmenter. Les retraites agricoles ont augmenté de manière significative ces dernières années grâce à l’affirmation du poids de la Conf’. Mais elles restent trop faibles, et dans ces conditions, ceux qui avaient les moyens étaient invités à se payer des retraites complémentaires. Les anciens paysans tiennent donc beaucoup, eux aussi, au maintien de la vitalité des territoires, et à la qualité des services (santé etc...). L’installation de jeunes, c’est donner vie au tissu rural.

Bref, la Confédération paysanne présente une équipe qui est d’attaque pour gérer la Chambre d’Agriculture afin que celle-ci accompagne et aide les paysans. En construisant des partenariats avec l’ensemble de la société.
Bonne chance !


 Pour en savoir plus sur le projet de la Confédération paysanne :   

Voir le site : www.confederationpaysanne.fr
On peut télécharger le projet de la Conf’ à cette adresse (et également au bas de cette page).

Voir également le journal “Solidarité paysanne” édité par la Confédération paysanne de la Loire.
Conf’ Loire - 4 rue Philippe Mottin - BP58 Feurs - Tel 04 77 26 51 95

Les candidats de la Confédération Paysanne

- Collège des chefs d’exploitations
Michel Savatier (St-Romain d’Urfé)
Pierre-André Déplaude ( Tartaras)
Denis Fanget (Bourg Argental)
Michel Gandhillon (Fontanès)
Muriel Richaud-Reulier (Saint-Cyr de Favières)
Michel Cruzille ( Boyer)
Gérard Odouard (St-Genest-Malifaux)
Jean-Yves Lyonnet (Balbigny)
Marc Touplin (St-Cyr de Favières)
Pierre Blein (St-Cyr les Vignes)
Bernard Serre (St-Genest-Lerpt)
Christophe Lyonnet (Urbize)
Gérard Dalbègue (Bussy Albieux)
Thierry Pallanche (St-Martin la Sauveté)
Isabelle Peillon (St-Paul en Jarez)
Véronique Bissardon (Chagnon)
Gérard Charvolin (Boisset St-Priest)
Joëlle Eparvier (Pélussin)
Louis Rousset (Chevrières)
Thierry Derory (St-Georges en Couzan)
Pierre-Olivier Rajot (Dancé)
Robert Bonnier (Luriecq)
Annie Charmey (Chamboeuf)

- Collège des anciens exploitants  :
Paul Deloire (St-Cyr de Favières)
Jo Viricel (Chazelles sur Lyon)
Annie Cros (Chambles)
Maurice Besson (Saint-Galmier)

- Collège organisations syndicales  :
Daniel Ker
Laurent Pinatel
André Bouchut
Philippe Marquet
seuls votent dans ce collège un peu particulier les responsables des syndicats agricoles.
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A noter la décision prise par la Conf’ de ne pas présenter dans l’équipe qui ambitionne de gérer la Chambre d’agriculture la plupart des premiers responsables du syndicat. Parce que, ainsi que l’a expliqué Laurent Pinatel, secrétaire général de la Confédération Paysanne de la Loire, le travail syndical devra continuer quoi qu’il arrive, et qu’une équipe élue à la direction de la Chambre d’agriculture devra pouvoir se consacrer totalement à son travail de gestion au service de tous les paysans. C’est une preuve de force aussi : la Confédération paysanne compte suffisamment d’hommes et de femmes compétents pour se le permettre.

A noter aussi que dans la Loire, une 3ème liste est présentée à ces élections par la “Coordination rurale”, qui porte un discours plutôt populiste, dénonçant la paperasse et les réglementations, mais sans proposer de projet.