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Soirée-débat autour du film “Nos enfants nous accuseront”

Pour des cantines scolaires sans pesticides et sans OGM

avec le collectif Zérogm42 jeudi 11 décembre à 20h30 au Méliès

jeudi 4 décembre 2008


Voilà un film qui dérange et qui réveille. En plus c’est un documentaire... Il présente l’expérience de Barjac, commune des Cévennes, dont le maire et les élus, et les parents, ont décidé de passer la cantine scolaire en bio. Pourquoi, comment, et quels résultats ? Là on est dans le concret...
Le film documentaire de Jean-Paul Jaud a le grand mérite de mettre le problème sur la table. La France est le 1er utilisateur de pesticides en Europe, et le 2ème ou le 3ème dans le monde. Pesticides et engrais chimiques (les deux vont quasiment toujours ensemble : aujourd’hui, sur le blé par exemple, on compte jusqu’à 9 traitements, et sur les pommes en arboriculture intensive : 27 traitements... Et 140 millions de tonnes d’engrais chimiques sont répandus par an dans le monde...), c’est un modèle d’agriculture : industrielle, productiviste, dévoreuse de sols et de paysans, qui est en cause.

Et quel rapport y a-t-il avec les OGM ? Eh bien tout simplement : plus de 99% des OGM aujourd’hui cultivés sont des plantes pesticides, des plantes qui fabriquent un insecticide ou qui sont tolérantes à un herbicide massivement répandu, c’est à dire qui en sont imprégnées.
Et puis c’est le même modèle d’agriculture, c’est la même agro-industrie, qui impose les OGM et les pesticides.

Les conséquences sur la santé sont désastreuses. Le lien avec l’explosion des cancers est maintenant avéré. François Veillerette, du MDRGF (Mouvement pour les droits et le respect des générations futures) rappelle que le nombre de nouveaux cas de cancers a augmenté de 93% en 25 ans... Et le film donne la parole à des pointures de la médecine.
Comme le Professeur Dominique Belpomme, initiateur de l’Appel de Paris : “l’enfance est aujourd’hui en danger. Le problème n’est plus aujourd’hui de dire si on a les preuves. Les preuves elles existent (...) il manque la volonté politique. Il faut que cette volonté politique soit au rendez-vous”.
Ou le professeur Sultan, du CHU de Montpellier, qui rappelle qu’on a mis en évidence la présence de 300 composants chimiques dans le sang du cordon ombilical du nouveau-né, composants dont une partie sont des perturbateurs endocriniens avérés.

Oui mais est-ce qu’on peut nourrir l’humanité en faisant autrement ? Des agriculteurs en témoignent.
Marc Dufumier, agronome, appelle à “une agriculture artisanale de haute qualité environnementale et de haute qualité sanitaire”.
Philippe Desbrosses : “J’affirme haut et fort que l’on peut produire autrement, durablement, des denrées alimentaires de haute qualité sanitaire, en quantité suffisante, avec des performances économiques bien supérieures aux méthodes industrielles, pour peu que l’on cesse de remplacer les paysans sur la Terre par des molécules chimiques".
La FAO elle-même dit qu’on peut nourrir l’humanité avec une agriculture biologique.

Alors les élus de Barjac ont décidé de prendre le problème à bras le corps. Et bien des choses ont changé depuis dans les écoles alimentées par la cantine municipale qui fabrique 200 à 220 repas chaque jour, et même dans la commune.
Il a fallu lever quelques réticences. “on nous avance le coût, dit le maire de cette commune pas riche dont 63% des habitants sont non imposables, mais la santé ça n’a pas de prix", et rappelant l’affaire du sang contaminé, il demande : “combien ça a coûté de ne pas faire chauffer le sang ? (...) dans la gestion municipale, il ne faut pas faire passer le comptable d’abord. Faites passer votre conscience d’abord”, il faut “faire jouer la clause de conscience”. Bien sympathique, ce maire...

Et puis d’ailleurs, quand on parle de coût, il faut tout prendre en compte. Dans l’agriculture industrielle, des coûts énormes (transports, pollution, subventions...) sont externalisés. Si on les réintroduit, la facture est multipliée par 3 ou 4. Le calcul a été fait : on pourrait transférer 9,5 milliards d’euros de subventions aujourd’hui versées aux paysans (pour compenser les prix à perte auxquels leur production est payée par l’agro-industrie) en subventions aux 2,7 milliards de repas servis dans les cantines en France. Cela ferait plus de 3 euros par repas pour fabriquer des repas issus de l’agriculture bio ou au moins paysanne, et payer des prix corrects permettant aux paysans de vivre.
Car passer au bio, ou tendre vers le bio, décider d’aller vers une alimentation de qualité, ce sera un immense soutien à l’agriculture de proximité, à l’agriculture paysanne, à une agriculture durable.

Qu’en est-il des cantines à St-Etienne et dans les autres communes du département ?

Ce film documentaire est donc bienvenu. Particulièrement à St-Etienne, où les cantines scolaires ont été privatisées en 1994, vendues alors à une filiale de la Générale des Eaux : la SHR, devenue Scolarest, dont le (scandaleux) contrat de concession se termine en 2009. La qualité des repas a plongé, alors que le prix a explosé. Malheureusement, la nouvelle municipalité semble avoir décidé (pour le moment ?) de ne pas remunicipaliser les cantines, et un nouvel appel d’offres a été lancé pour désigner un nouveau concessionnaire au printemps 2009 pour la rentrée de septembre 2009. Mais dans le cahier des charges, quelles exigences concernant les pesticides ? Quelles exigences concernant les OGM ? Quelles exigences concernant la relocalisation de l’approvisionnement des cantines, pour faire travailler l’agriculture locale, garantir la qualité sanitaire et préserver l’environnement ?

Le collectif Zérogm42, en lien avec les autres collectifs de Rhône-Alpes et l’association régionale Rés’OGM info, a engagé une campagne pour demander aux maires et aux élus de toutes les communes de Rhône-Alpes (dont les 327 communes de la Loire) de prendre des arrêtés interdisant les cultures d’OGM et des arrêtés stipulant un approvisionnement en produits non OGM pour les cantines municipales. Ce qui n’est pas une mince affaire car il n’y a pas que les produits directement OGM, il y a tous les produits (lait, viande, oeufs...) issus d’animaux aujourd’hui massivement nourris aux OGM...
Voir : Communes et cantines sans OGM ! Le collectif zérogm42 propose qu’une discussion ait lieu dans chaque commune

L’expérience de Barjac, qui n’est pas unique en France, loin de là, montre que le mouvement est lancé.
A chacun-e de nous de faire sa part...

Le site du film et la bande annonce : http://www.nosenfantsnousaccuseront-lefilm.com

Sur la privatisation des cantines à St-Etienne et ce qui s’en est suivi, voir :

- (Mai 2004) Cantines scolaires de St-Etienne : beaucoup de problèmes...La renégociation en cours du contrat devrait être transparente. Mais ne l’est pas

- (Juillet 2004) Des modifications imposées au contrat de concession des cantines scolaires à Scolarest

bref compte-rendu...

La situation des cantines à Saint-Etienne


Jeudi soir, donc, environ 150 personnes ont participé à la soirée-débat au Méliès autour du film "Nos enfants nous accuseront".

Ce film documentaire, même si on peut lui trouver des côtés agaçants ou des longueurs, contient des choses très très fortes. Et puis il montre une expérience qui nous prouve que c’est possible de changer profondément les choses dans les cantines et l’alimentation des enfants, et toute la restauration collective.

La discussion a d’abord porté sur la situation concernant les pesticides, et un peu les OGM. Puis au bout d’un moment, elle s’est centrée sur la question des cantines à st-étienne.

Alain Pecel, adjoint aux services publics, a expliqué que la ville avait lancé un nouvel appel d’offres aux sociétés de restauration, pour la gestion des cantines. Puisque décision a été prise en juin dernier par la nouvelle mairie de ne pas re-municipaliser les cantines scolaires.
La raison avancée côté mairie semble être une difficulté de maîtriser le fonctionnement. La mairie se donnerait ainsi 7 ans pour y voir plus clair et revoir alors la question...
Le cahier des charges remis aux candidats (7 candidats auraient été sélectionnés) comporte des choses importantes, selon ce qu’a indiqué Alain Pecel au cours du débat. Notamment pas d’OGM (ni produits OGM, ni produits issus d’animaux nourris aux OGM), incitation au bio et aux approvisionnements auprès de l’agriculture régionale...
Nous n’avons pas (pour le moment) par écrit ce cahier des charges, il faudrait qu’il soit rendu public...

Pour St-Etienne, voici en bref la situation actuelle : le service municipal des cantines a été privatisé fin 1994/début 1995. La mairie l’a alors vendu à la SHR, filiale de la Générale des Eaux. Un contrat scandaleux tellement il était profitable à la Générale des Eaux, à qui la ville a payé pendant plusieurs années jusqu’à 1,6 millions de francs par an de repas non fabriqués ...
La SHR est ensuite devenue “Scolarest”, qui appartient maintenant au groupe “Compass”, qui est une des plus grosses multinationales (400 000 employés dans le monde).
Le contrat de “délégation”, de 14 ans, se termine fin juillet 2009. La ville peut donc reprendre en main, “re-municipaliser” les cantines, ce qui serait évidemment le meilleur moyen d’aller vers des repas bios, en tous cas sans OGM, et issus de produits de l’agriculture paysanne régionale.

La question a été posée au cours du débat est la possibilité ou pas de faire respecter un cahier des charges même intéressant par des grands groupes de restauration. Comment contrôler ? Qui peut contrôler ?

Une autre question qui se pose est l’appui ou pas aux paysans et à l’agriculture paysanne régionale, aussi bien pour que l’approvisionnement ait bien lieu auprès d’elle, que pour les prix auxquels ses productions lui seront payées.
Car qui dit grands groupes de restauration dit centrales d’achat, comme dans la grande distribution. Avec écrasement des prix. Parce que l’objectif est de faire de gros profits, et c’est forcément au détriment de la rémunération du travail des paysans. Au final, les repas sont plus chers, avec des produits sous payés aux paysans, et la différence va dans les profits...
Une cantine fonctionnant en service public, c’est quand même le moyen de faire les repas au meilleur prix pour les familles et la ville, et aussi de rémunérer correctement le travail des paysans.

A st-étienne, les conditions pour une re-municipalisation semblent pourtant bonnes :
- le contrat de délégation se termine (pas d’indemnités de rupture à payer...).
- Les installations de la cuisine centrale reviennent à la mairie en fin de contrat, en juillet 2009.
(à noter que la SHR-Générale des Eaux et Scolarest-Compass ont du se faire un fric considérable depuis 1995. Avec des repas chers, avec des repas non fabriqués mais payés, mais aussi avec l’utilisation de la cuisine centrale pour fabriquer des repas vendus à l’extérieur. Par exemple, en 2006, plus de 40% des repas fabriqués étaient vendus en dehors des cantines... Service privatisé signifie la possibilité de ce type de pratiques aussi...)
- quand aux installations de cantine dans les écoles (58 “satellites” devenus aujourd’hui 47, ils appartiennent depuis 2000 déjà à la ville, après fin du remboursement des emprunts...)

Quoi qu’il en soit il serait normal que la mairie ouvre une discussion sur l’avenir des cantines avec toutes les parties concernées (les élus, les parents, les enseignants, les associations, les organisations paysannes...). Avant que la décision ne soit prise (en mars - avril 2009 apparemment - le contrat de privatisation actuel finissant au 31 juillet 2009).

Rappel : Le collectif zérogm a demandé à rencontrer les élus de st-étienne pour parler de la question de l’interdiction des produits OGM dans les cantines et de l’interdiction des cultures OGM sur le territoire de la commune.

— 
Roger Dubien.
conseiller municipal de st-étienne de 1995 à mars 2008.