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L’école s’invite au conseil municipal de St-Etienne

La cantine de la maternelle Descours est maintenue. Discussion sur les fermetures de classes et la réussite des enfants...

mercredi 7 avril 2004, par Roger Dubien

L’école s’est invitée pendant plus d’une heure à la réunion du conseil municipal de St-Etienne ce lundi 5 avril. Une centaine de parents et d’enfants sont venus avec pancartes et banderoles, et des parents de l’école maternelle Descours et des écoles élémentaires de Fauriel 1 et de Beaulieu ont pris la parole devant le conseil.

Pour la cantine de Descours, l’intervention des parents a tout de suite porté ses fruits : la fermeture de la cantine est arrêtée, le Maire a présenté "ses excuses" pour ce "dysfonctionnement" manifeste, demandé à l’adjoint d’ouvrir une discussion, et dès le lendemain les parents apprenaient que toute modification éventuelle était renvoyée à la rentrée de septembre...
Ce qui s’est passé à propos de la cantine de la Maternelle Descours est très révélateur des méthodes de Scolarest, société qui gère les cantines privatisées, et de l’adjoint au Maire M. Ziegler.

Mercredi dernier 31 mars, les parents, découvraient des caisses de déménagement dans l’école maternelle, et apprenaient que la cantine fermait le vendredi 2 avril et qu’à partir de la rentrée, le 19 avril, les enfants devraient aller manger à l’école de Tarentaize, à 400 mètres de là. La directrice de l’école Descours venait juste d’être prévenue. Celle de Tarentaize ne l’était pas encore...
Le prétexte avancé pour la fermeture : pas assez d’enfants inscrits à la cantine Descours. Une douzaine selon Scolarest et la mairie, faux disent les parents qui parlent de 16 à 17 en moyenne, parfois 20. Et qui disent aussi que les problèmes de fonctionnement des cantines sont justement la cause d’une baisse de fréquentation.
En tous cas, pour la maternelle Descours (école située en ZEP avec 115 élèves inscrits ), la suppression de la cantine serait un très mauvais coup. En plus des problèmes de sécurité pour les enfants, de fatigue aussi, cette fermeture provoquerait la suppression de l’étude de 16h30 à 17h30 et une difficulté de nettoyage de l’école, 2 des 3 ATSEM étant alors obligatoirement mobilisées pendant le temps de midi pour accompagner les enfants, et donc indisponibles le soir pendant l’étude et le temps de nettoyage de l’école...
Vendredi soir, une vingtaine de parents se sont donc réunis, et ont décidé de refuser cette fermeture, et se sont donnés rendez-vous lundi après-midi, pour confectionner des pancartes et aller en manifestation au conseil municipal.
Ils ont aussi décidé de demander des comptes sur les réparations de la cour, dont la moitié est indisponible depuis plusieurs mois pour cause d’effondrement du terrain, sans que toutes les conditions de sécurité soient assurées, et avec des travaux annoncés pour dans plusieurs mois au mieux...
Au début du conseil municipal, Fathia Mazer a pris la parole pour exposer le point de vue des parents, demander le maintien de la cantine et la réparation de la cour. Difficile de contester le bien-fondé de ces demandes. Le Maire a donc présenté ses excuses et demandé à l’adjoint de faire le nécessaire. A suivre, pour ce qui est de l’école Descours.
Au-delà du cas de la cantine de l’école Descours, il y a d’ailleurs un problème global des cantines scolaires à St-Etienne.

L’autre "gros morceau" de la discussion sur l’école concernait les fermetures de classes. Là, il y a un sacré problème, et pas seulement pour les écoles dont les parents étaient présents à ce conseil (Fauriel 1 et Beaulieu), et y ont pris la parole.
En bref, le problème est de savoir si on continue à fermer des classes et à supprimer des postes d’institutrices et d’instituteurs, ou bien si on crée des postes d’enseignants pour lutter contre l’échec scolaire.
Pour la ville de St-Etienne, est annoncée pour la rentrée de septembre 2004 la création de 4 classes et la suppression de 14 classes. Donc, au final, puisque c’est de celà qu’il s’agit, la suppression de 10 postes d’enseignants dans les écoles de la ville. ça continue... Voir un précédent article de Khadoudja Oulmi.

En 20 ans, la Loire a perdu 574 postes d’enseignants dans le primaire public. J’ai rappelé l’importance des effectifs par classe pour la lutte contre l’échec scolaire.
Une lutte que le récent rapport du CERC sur la pauvreté des enfants place en priorité n°1 si l’on veut faire quelque chose.
Partout où il va y avoir fermeture de classe, il y aura dégradation des conditions d’études et des possibilités de réussite des enfants, surtout que plusieurs de ces écoles accueillent des enfants ayant pour nombre d’entre eux des difficultés sociales : Montplaisir (quartier Pierre Loti), Jacquard, Francs maçons, Chavanelle, Montferré... etc.
Sur ce sujet, la réponse de la mairie consiste surtout à noyer le poisson. Bien sûr, un "voeu" a été voté à l’unanimité demandant le maintien des 10 postes d’enseignants, surtout compte tenu des difficultés dans la ville, mais c’est plus pour la forme... Car quand on pose la question d’une action plus forte, on s’entend répondre : "les postes d’instituteurs dépendent de l’Inspection Académique et du Ministère"... Mais qui donc vote le budget de l’Education Nationale ?

D’autre part, il sera nécessaire de suivre de près l’évolution du réseau des écoles et du patrimoine scolaire de la ville. Car revoilà la rengaine sur la baisse démographique qui entraîne une baisse des effectifs scolaires dans le public, dont il avait pourtant été dit récemment qu’elle était interrompue. Et sur la disproportion entre la surface des bâtiments scolaires municipaux et les effectifs scolaires actuels, et la nécessaire restructuration des écoles.
Bien sûr, c’est une réalité, mais c’est une réalité aussi qu’il y a dans ce domaine plus de discours que d’actes, et que le budget consacré à l’école par la ville de St-Etienne est très très insuffisant, alors qu’il s’agit de l’une des premières responsabilités d’une municipalité.
On ne fera pas évoluer du bon côté cette situation - et ce budget - sans que les parents, les enseignants et les militants associatifs qui agissent autour de l’école prennent en mains les choses de façon beaucoup plus précise et continue.
Le réseau citoyen "Ecole : les enfants d’abord !" qui s’est mis en place se donne pour objectif de contribuer à cette intervention commune.

Pour ce qui est du maintien ou de la fermeture des classes pour la rentrée de septembre, il est bon de se rappeler que dans plusieurs cas ces dernières semaines : Ecole des Chappe et quartier du Crêt de Roch, Ecole Vivaldi à Montreynaud, Ecole de Montaud, Ecole de Montchovet, la mobilisation a déjà permis d’empêcher la fermeture.

Roger Dubien
conseiller municipal.

La prise de parole de Mme Fathia Mazer, au nom des parents d’élèves de la maternelle Descours

Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Le quartier Beaubrun Tarentaize Séverine étant inscrit au Contrat de Ville et aujourd’hui dans le GPV (grand projet de ville), les écoles - dont l’école Descours - étant de plus inscrites en REP (réseaux d’éducation prioritaire), il nous semblerait logique que nos enfants reçoivent une attention toute particulière leur permettant de s’épanouir harmonieusement et de devenir ainsi des adolescents responsables et plus tard des adultes citoyens à part entière.
Pourtant, aujourd’hui il a été décidé la suppression de la cantine scolaire de l’école Descours, ceci sans aucune explication ni concertation préalable avec les familles et le personnel enseignant. Pour nous ceci est inadmissible. Des enfants de 2 à 5 ans vont devoir réaliser des trajets supplémentaires pour se rendre à la cantine de l’école Tarentaize, ce qui sera pour eux source de fatigue inutile (alors que déjà certains s’endorment devant leurs assiettes avant la fin du repas). Ces déplacements nécessiteront un accompagnement et donc un remaniement du personnel et de l’organisation de la gestion du temps scolaire. Tout trajet comporte également des risques, notamment pour traverser les rues, et ce d’autant plus avec de très jeunes enfants et un rang de 15 à 20 bambins.

Quel est alors l’intérêt de cette fermeture de cantine ?
Quel gain pour l’ensemble du personnel scolaire ?
Et surtout quel bénéfice pour nos enfants ?
Car c’est bien eux qui vont devoir subir les conséquences d’une telle décision pour une raison que nous ignorons. Alors qu’il nous semble au contraire que toutes les décisions concernant l’école devraient être prises pour eux. C’est-à-dire, d’abord et avant tout pour l’enfant et son bien-être, pour son épanouissement dans le respect de son rythme biologique afin de lui permettre de bénéficier au mieux et dans les meilleures conditions qui soient de l’apprentissage donné par l’équipe enseignante.
C’est pourquoi, nous vous demandons Monsieur, de bien vouloir reconsidérer cette décision de suppression de cantine scolaire.
Nous vous savons préoccupés par la carte scolaire, vous avez demandé à l’Inspection d’Académie "du bon sens dans ces décisions" (article de la gazette paru le 2 avril 2004). Nous vous soutenons dans cette démarche, ainsi que tous les parents luttant contre la fermeture de classes scolaires, et ne doutons pas qu’à votre tour, vous sachiez faire preuve de ce bon sens en réexaminant avec attention la situation de l’école Descours.

Nos enfants sont déjà privés de jeux extérieurs depuis la rentrée scolaire de septembre 2003, la cour menaçant de s’écrouler, aucune réparation n’a été réalisée à l’heure actuelle et rien n’est programmé. Puisqu’il semblerait en effet que l’école Descours n’apparaît pas parmi les 9 écoles où sont prévus d’importants travaux. La seule réponse apportée par la Mairie pour répondre à la non réalisation des travaux est qu’il faut attendre qu’il fasse une température de plus de 11°c.
Aujourd’hui, nos enfants voient leur cantine fermée, sans explication.
L’école Descours se pose donc des questions sur l’avenir, et les parents d’élèves soutenus par les habitants du quartier resteront mobilisés afin que leurs enfants gardent et retrouvent une école leur permettant de s’instruire et de s’épanouir comme tous les autres enfants.
Dans un quartier qui est fortement frappé par le problème du chômage et de la précarité, l’école se doit d’être à la hauteur des attentes de notre société, pour les enfants qui sont l’avenir de notre cité.
Les parents d’élèves de l’école Descours.