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Une assurance maladie solidaire ou individualiste

lundi 12 avril 2004, par Marc Bardin

C’est à nous de choisir !

Comme dans le cas des retraites, le gouvernement justifie la réforme de l’assurance maladie par une augmentation importante des dépenses et par une description catastrophique de la réalité. Les Français dépenseraient donc trop pour leur santé.
Mais personne ne s’alarme quand les Français dépensent de plus en plus pour acheter des téléphones portables, c’est même l’inquiétude permanente lorsque la consommation diminue.
Quelle est donc la différence de traitement entre les dépenses de santé et les dépenses réalisées au supermarché ?
C’est très simple, dans ce dernier cas il s’agit de dépenses privées dans le cadre de la loi du marché, mais pour la santé les dépenses sont encore socialisées, ce qui est insupportable pour les idéologues libéraux et notamment pour le lobby des assurances privées.
La santé comme pour les retraites doit être intégrée dans la loi du marché, c’est la seule et unique raison de la réforme de l’assurance maladie, la logique libérale du gouvernement est de tout privatiser : l’eau, l’électricité, la santé...

Une comparaison avec les Etats Unis est très instructive, car les dépenses de santé de ce pays sont les plus importantes au monde (14% de son PIB) et ces dépenses sont pour la majorité des dépenses privées. Ce système de santé privilégiant le privé est le plus coûteux par rapport aux autres pays du même niveau de développement (la France dépense environ 9% de son PIB pour la santé), et le système Américain aboutit à ce que la moitié de la population n’a pas ou peu accès aux soins.

La sécurité sociale ne fonctionne pas selon la même logique que les assurances privées, celle-ci recherche la rentabilité de leur capital, et le coût de la cotisation sociale est lié aux risques et à la couverture envisagée (imaginons les conséquences d’une assurance maladie fonctionnant comme notre assurance auto), alors que pour la sécurité sociale nous payons en fonction de notre revenu sans tenir compte du risque et tout le monde est couvert de la même, façon riche ou pauvre.

En France l’introduction du privé dans la santé comme pour les retraites aboutira inévitablement à une augmentation importante des coûts et à une augmentation considérable des inégalités.

Le déficit de l’assurance maladie est dû avant tout à une insuffisance de ressources. Depuis plus de vingt ans la logique de financement de la caisse nationale d’assurance maladie a été de réduire la part des entreprises et d’augmenter la part des salariés. Cette logique imposée par le MEDEF et mise en œuvre par les gouvernements successifs a pour objectif de diminuer les charges sociales des entreprises pour augmenter les dividendes des actionnaires et augmenter les profits.
Mais quand on diminue les charges sociales des entreprises c’est moins d’argent dans les caisses de la sécurité sociale et se sont évidemment les assurés sociaux qui paient de plus en plus pour compenser (notamment par l’intermédiaire des mutuelles), jusqu’à ce que la situation devienne insupportable. Dans le même temps la croissance du chômage pénalise considérablement les recettes de l’assurance maladie.

Avant de réfléchir à une meilleure organisation du système de santé pour éviter une inflation des coûts, il faut auparavant se mettre d’accord sur quel principe nous voulons, soit la solidarité soit l’individualisme.

Marc Bardin.