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Mener une bataille des retraites à la hauteur de l’expérience que nous faisons de la nocivité du capitalisme (3)

Bernard Friot : étendons la logique de la cotisation sociale au financement de l’investissement...

jeudi 4 novembre 2010

Suite de la publication de l’intervention de Bernard Friot à St-Etienne le 19 octobre... (voir : (1) la retraite est une institution subversive du capitalisme et (2) En quoi l’emploi c’est capitaliste et en quoi le salaire à vie c’est anticapitaliste ?

Maintenant si on prend la retraite sous un autre angle, celui de son financement...
Qu’est-ce que nous disons sur le financement ? Là encore, pour bien voir comment faute d’une attitude révolutionnaire, c’est à dire faute d’une lecture du réel comme déjà révolutionnaire, nous sommes très en deça des besoins revendicatifs.
Nous disons : il y a 260 milliards d’euros qui échappent à la capitalisation - puisque les pensions c’est 260 milliards d’euros, qui sont financés en répartition - et il y a des capitalistes qui lorgnent sur ces 260 milliards, qui veulent en finir avec la répartition et la transformer en capitalisation... Et nous sommes dans une espèce de forteresse assiégée, de plus en plus branlante, et qui sans doute disparaîtra demain puisque quand vous entendez des parents parler à leurs enfants, ils disent : "de toutes façons t’auras pas de retraite...". Les jeunes, d’ailleurs, ont très bien acquis le truc et disent : "j’aurai pas de retraite" ... des trucs invraisemblables !! Une espèce de prophétie auto-réalisatrice... Nous sommes la première génération - je parle de moi - depuis 150 ans que cette statistique existe, nous sommes la première génération qui pense que ses enfants auront un destin plus médiocre que nous. Où en sommes nous arrivés, de pessimisme collectif, pour penser des sottises pareilles !!

Nous donnons encore une fois aux réformateurs sur un plateau leur argument : demain sera pire qu’aujourd’hui ! “ben fermez votre gueule !", "Je fais mon devoir !". Ah, il fait son devoir... Puisque demain sera pire qu’aujourd’hui, il faut bien réduire les droits tout de suite ! "C’est dur, je fais mon devoir, je ne céderai pas aux corporatismes..." . Mais nous sommes sur ce trip là, parce que nous aussi nous pensons que demain sera pire qu’aujourd’hui ! C’est ça la question ! Pour qu’il y ait Pétain, il faut qu’il y ait des pétainistes.
Je dis Pétain à dessein, parce que nous sommes en juin 40. Je débattais avec le député UMP de Fontainebleau dans un des débats que j’ai fait. J’avais en face de moi le discours de la défaite. "on voudrait bien ne pas réformer. Mais on peut pas. on peut pas y échapper. Il faut qu’on envoie un signe aux marchés financiers, sinon ils vont nous imposer des taux d’intérêt absolument insurmontables... Il y a la mondialisation, avec les pays émergeants, qui nous taillent des croupières ... y’aura pas de travail demain, y’aura pas... nous allons vers un PIB qui ne va pas augmenter. .. nous sommes vaincus, il faut en prendre acte...". Et puisque nous sommes vaincus, il faut bien que - sans la voix chevrotante et avec un peu plus d’agitation - un homme fasse son devoir...
Et cet homme qui fait son devoir fait du racisme d’Etat. Forcément. j’ai compris ça au mois d’août... Je me disais : mais ils sont fin gelés ces mecs, qu’est-ce qui leur arrive ? Mais non, il ne leur arrive rien. le racisme d’Etat n’est pas dans les gènes de Sarkozy. Ce qui est dans les gènes de Sarkozy, c’est la défaite. Et faire accepter à un peuple une défaite : il faut bien un bouc émissaire. Le statut des juifs n’est pas dans les gènes de la révolution nationale. Ce qui est dans les gènes, c’est la défaite. "on est défaits...". "je fais don de ma personne à la France. je fais mon devoir". Nous y sommes... Et encore une fois, il n’y a pas de Pétain sans pétainistes.

Je reviens à la seconde institution anti-capitaliste qui est un tremplin d’un changement révolutionnaire à notre portée pour peu que nous le voulions parce que nous le voyons : c’est ce financement par la répartition.
Nous disons, je l’ai rappelé : "il y a 260 milliards qui échappent aux capitaux, défendons-les contre l’appétit des capitalistes"... C’est une position extrêmement dangereuse.
Premièrement, elle sous-estime notre force. Nous serions le dernier village gaulois à résister face à un capitalisme omniprésent. Est-ce que vous savez que la répartition en Europe c’est selon les statistiques entre 88 et 93% des dépenses de pensions. La capitalisation, c’est entre 7 et 12%. En France c’est 3%. Dans les autres pays, ce n’est pas beaucoup plus... Depuis 25 ans que les réformateurs veulent augmenter la part de la capitalisation dans les pensions, ils n’y arrivent pas. Le taux ne bouge pas : entre 7 et 12 selon les statistiques qu’on utilise. On n’est pas le dernier village gaulois ! Lorsque nous disons qu’on est le dernier village gaulois, nous faisons de la prophétie auto-réalisatrice. Encore une fois, nous apportons aux réformateurs un argument : puisque ça marche pas votre truc, il faut bien le réformer, il faut bien le sauver ! Mais ça marche !
ça prouve quoi, le financement des retraites en répartition ? Dans la majorité des pays européens, en dehors des Iles Britanniques, du Danemark - Le Danemark : 6 millions d’habitants, les pays bas - 7 millions d’actifs peut-être 12 ou 13 millions d’habitants - en dehors de ces pays là, la majorité des pays européens financent leurs pensions sans aucune accumulation financière, et moyennant quoi, le niveau moyen des pensions, pas en absolu mais relativement aux salaires, c’est à dire ce qu’on appelle le taux de remplacement (le pourcentage du dernier salaire que représente la première pension : c’est ça le taux de remplacement - la première pension, c’est 75%, 84 %, 60%... du drernier salaire, c’est ce qu’on appelle le taux de remplacement), eh bien le taux de remplacement et le pourcentage des pensionnés parmi les plus de 60 ans, est supérieur dans les pays qui financent sans accumulation financière leurs pensions à ce qu’ils sont dans les pays qui ont choisi - une minorité - l’accumulation financière dans le financement des pensions.
Dans aucun pays du monde - sauf la Suisse où ça vient de passer : il y a 33 milliards de francs suisses en répartition, 34 milliards en capitalisation dans les dépenses de pensions, c’est tout à fait récent -, mais dans aucun pays du monde la capitalisation n’est supérieure à la répartition, de toutes façons.

Ce que nous prouvons par cette réussite énorme, c’est que pour financer des engagements de long terme - on cotise à 20 ans, on est encore retraité à 90 : des engagements sur 70 ans - pour financer des engagements de long terme, il ne faut surtout pas accumuler de la finance ! Il ne faut surtout pas d’accumulation financière ! Il faut affecter aux salaires socialisés (la cotisation sociale c’est du salaire socialisé, c’est calculé en pourcentage du salaire), une ponction sur la valeur ajoutée (la cotisation c’est une ponction sur la valeur ajoutée), à hauteur des besoins... Il nous faut 13% ? Eh bien on ponctionne 13% sur la valeur ajoutée sous forme de cotisations sociales. Et du coup ça va à des caisses qui financent les pensions sans aucun taux d’intérêt puisqu’il n’y a pas eu passage par l’appropriation privée de la valeur.
Qu’est-ce que nous prouvons par là ? que nous pouvons financer l’investissement qui est un engagement de moins long terme que la pension sans aucune accumulation financière.


L’accumulation financière c’est pas un mal nécessaire. Que ce soit un mal, on est tous d’accord. Aujourd’hui, ce qui est le plus populaire dans les manifs, c’est "taxons le profit" ..."mais c’est nécessaire"... Il n’y a pas eu en 2008 de manifs en disant : "mais laissons-les crever !" Ils étaient en plein collapsus, c’était l’occase ! Il y a eu des manifs sur : "la façon dont nous les soutenons n’est pas bonne"... vous voyez...
Pourquoi est-ce que nous sommes si peu à l’offensive sur la suppression des banques ? Sur la suppression du droit de propriété lucrative ? Sur la suppression des marchés financiers ? Nous revendiquons au mieux "un pôle financier public". On sait ce que c’est qu’un pôle financier public : c’est un espèce de territoire qui échappe aux capitaux. Et qui assez vite devient le lieu de la socialisation des pertes. Et au pourtour les capitaux privés, eux, ils ramassent tout ce qui est rentable. C’est ça le pôle financier public. Tant qu’il y a juxtaposition d’un pôle public et des marchés financiers, à terme le pôle public devient un élmément de rentabilisation des capitaux.
C’est pas de ça qu’il s’agit !
Ce qui montre bien que cette revendication s’appuie sur notre pessimisme intellectuel. Je ne parle pas de psychologuie quand je parle de pessimisme. Je m’en fous, c’est pas mon problème. C’est notre analyse du réel qui pèche, qui est une analyse unilatérale, d’un capitalisme qui a vaincu...

Mais bien sûr que non ! Nous prouvons et c’est pas rien : c’est 550 milliards d’euros, parce qu’il n’y a pas que la cotisation vieillesse, il y a la cotisation santé, 200 milliards, il y a famille et chômage... Nous prouvons que 550 milliards d’euros sont ôtés au droit de propriété lucrative, affectés aux salaires, et prouvent que si nous avons l’audace de pousser plus loin ce qui est déjà là de révolutionnaire, prouve que nous pouvons, sur le modèle de la cotisation sociale, créer une cotisation économique qui financera l’investissement sans aucun taux d’intérêt.

La cotisation économique : à quelle hauteur ? Pour le moment nous ne dépensons que 20% du PIB en investissement. Nous crevons de sous-investissement. Le capitalisme nous met dans l’impasse en matière de travail et en matière d’investissement. Le sous-investissement des services publics est éclatant, et dans les entreprises privées tout autant. Pourquoi ? Parce que ces foutus investisseurs n’investissent pas ! Nous avons tous compris maintenant que - et les chiffres mondianux sont tout à fait éloquents - ils ponctionnent sur l’activité économique beaucoup plus qu’ils n’y apportent.

Qu’est-ce que c’est qu’un investisseur ? je termine là-dessus ... qui dit j’apporte un million d’euros pour relancer telle boîte  ? Il n’apporte pas un million d’euros dans des valises sous forme de billets. Sauf s’il recycle de l’argent sale mais de toutes façons il l’a déjà fait à la BNP ou ailleurs... il apporte des titres financiers. Il a un portefeuille de titres. Et là il faut en finir avec notre rapport religieux à la finance qui fait croire que ces titres génèrent de la monnaie. Comme, comment on les appelait au moyen âge, les types qui cherchaient... les alchimistes... il n’y a aucune alchimie en matière de finance. Les titres ne génèrent aucune monnaie. _ Dans la sphère financière, il y a ce qu’on appelle de la monnaie virtuelle, comme elle est fort bien nommée, ça gonfle, ça gonfle, ça gonfle et puis pouf ça se dégonfle, d’accord, et quand ça se dégonfle on s’aperçoit que cette monnaie là c’est de la merde. C’est pour ça que les actionnaires se précipitent auprès de la banque centrale pour que la banque centrale leur crée de la monnaie. En 2008, on a créé des milliers de milliards de monnaie. Pour que les actionnaires aient l’équivalent du rendement fantasmé de la sphère financière. Mais cette monnaie qui a été créée là pour les sauver, pour qu’elle ne soit pas de la monnaie de singe, il faut qu’il y ait en face du travail. Parce que la monnaie, c’est l’expression de la valeur que nous attribuons au produit du travail. C’est ça la monnaie. S’il n’y a pas de travail, il n’y a pas de monnaie.
Et c’est pour cela que nous allons devoir, par notre travail, donner un contenu à cette monnaie qui a été créée à la pelle pour sauver les actionnaires. L’austérité durable dans laquelle nous entrons, elle est née avec cette création monétaire qui est la preuve que dans la sphère monétaire on ne crée aucune monnaie. Les titres ne créent aucune monnaie. Les titres n’ont aucune valeur. Un investisseur n’apporte rien. Je répète : un investisseur n’apporte rien.
Je répètre à ceux qui se disent : oui mais s’ils s’en vont, qu’est-ce qui va se passer ? Mais qu’ils s’en aillent, par pitié ! Ils s’en iront avec quoi ? Avec des bouts de papiers, et ces bouts de papiers, puisqu’il n’y aura pas notre travail en face, créateur de monnaie, qui permet de les transformer en monnaie, ces bouts de papiers ne vaudront rien. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils ne partent pas, figurez-vous. Ils en font la menace mais ils ne la mettent jamais à exécution.
la France je crois est le 3ème pays qui attire les capitaux au monde. Bien avant la Chine...

Qu’est ce que fait un investisseur qui prétend apporter un million d’euros ? En fait il dispose d’un droit de propriété lucrative, qui l’autorise à ponctionner un million de monnaie sur le travail que nous sommes en train de faire. Il n’y a que de l’aujourd’hui en économie, il n’amène pas ni un sac de monnaie, ni un congélateur de valeur. ça n’existe pas ! On ne peut pas congeler la valeur ! Les titres c’est pas un congélateur de valeur, c’est un droit de propriété.
Alors, mettons-nous d’accord sur le droit de propriété, parce que vous allez peut-être penser que - vous vous en foutez un peu, mais pas tout le monde parmi ceux qui ... que je suis un partageux au couteau entre les dents...
Le droit de propriété lucrative, c’est le contraire du droit de propriété d’usage. La propriété d’usage, c’est le fait d’avoir un patrimoine que l’on consomme : je suis propriétaire d’un appartement que j’habite. J’ai une bagnole que j’utilise... : ça c’est la propriété d’usage. La propriété lucrative c’est autre chose : c’est un patrimoine que l’on ne consomme pas pour en retirer un revenu. Les titulaires de titres financiers ne se gavent pas avec leurs titres, d’accord ? Ils en tirent un revenu. Au nom de quoi ? Au nom d’un droit de propriété. Point.
Ils n’apporte pas un million d’euros, l’investisseur. Il a des titres qui lui donnent le droit de nous piquer un million d’euros. Et nous ayant volé le million d’euros, de décider à notre place qui travaillera, où, quand, comment, pourquoi...
ça fait beaucoup pour un seul homme...
Pendant combien de temps encore allons-nous penser que c’est un mal nécessaire ? Ce sont des parasites toxiques. C’est un mal inutile. Arrêtons de nous faire mal !

D’acccord, nous protestons contre ce mal nécessaire. Mais protester contre dieu, c’est toujours y croire. Vous savez, il y a deux mots - j’ai fait un petit travail lexicométrique qui vaut ce qu’il vaut... - il y a deux mots que nous lions aujourd’hui au mot "sacrifice" - le mot sacrifice est un vocabulaire éminemment religieux -
quels sont les deux mots ? Il y a "les Marchés", avec un grand M et un S, d’accord... : "les marchés sont inquiets"... "quels sacrifices pourrions-nous faire pour apaiser les marchés ? "... ça vous rappelle quelque chose... c’est les religions païennes... Quand vous entendez les Marchés, dites : dieu. ça va relativiser la burqa, ça va relativiser le préservatif du pape, ça mettra la religion là où elle est ! Et c’est une religion dans laquelle nous croyons, celle-là. C’est assez rigolo que les grands prêtres de cette religion, ceux qui l’organisent, font des lois pour nous mettre en garde contre "le retour du religieux" ... rigolo. Et nous gobons. "ah ben oui, il y a un retour du religieux..." Mais le religieux on est en plein dedans !
Le deuxième mot que nous associons à sacrifice c’est : emploi. "Ben faut bien faire des sacrifices pour décrocher un emploi"..."ben écoutes, apprends à te vendre"... "ben il faut bien accepter de ne pas être à la qualification à laquelle tu prétends"... Et puis tous ces votes sarificiels où les salariés sont invités par un référendum obligatoire à sacrifier sur l’autel de l’emploi maintenu 3 années de hausse des salaires, 6 jours de RTT ...
Là encore, quand vous entendez emploi, dites : dieu. ça ça vous fait moins rire qu’un marché financier... Parce que cette religion là, elle est encore plus tenace que l’autre. Nous savons bien qu’on ne peut pas moraliser les Marchés financiers. Mais on pense qu’on peut moraliser le marché du travail.
Le marché du travail n’est pas moralisable. C’est la même chose que le marché des capitaux, c’est une institution capitaliste qui nous exproprie comme producteurs, qui fait de nous des mineurs sociaux.

je termine donc sur l’investissement : nous pouvons donc consacrer 25% du PIB, pas seulement 20% comme aujourd’hui. Il faut que nous dépensions au moins 500 milliards par an. Nous pouvons ponctionner 25% du PIB, 500 milliards, sur la valeur ajoutée, sous forme de cotisation économique, qui ira à des caisses d’investissement, lesquelles financeront l’investissement sans taux d’intérêt puisqu’il n’y aura enfin plus d’accumulation privée.

il ne s’agit pas comme aujourd’hui de "taxer le capital pour financer la Sécu", mot d’ordre désastreux... parce que s’il n’y a plus de capital, alors, il n’y aura plus de Sécu ? Revendiquer que le capital finance la Sécu, c’est le légitimer, sous prétexte de le réduire...
On va se retrouver comme les salariés anglais qui ont manifesté contre les sanctions prises contre British Petroleum pour la marée noire dans le golfe du Mexique, parce que leurs fonds de pensions étaient en actions de British Petroleum ? C’est ça que nous voulons : devenir dépendants de la bonne santé du capital pour financer nos pensions ? Qu’est-ce que c’est que ce galimatias dans lequel nous sommes pris ?

Il ne s’agit pas de taxer le capital, il s’agit de le supprimer, c’est tout à fait autre chose ! Et de le supprimer par un changement révolutionnaire, c’est à dire en voyant que la cotisation sociale c’est révolutionnaire.
En sortant de l’attitude défensive disant "défendons la répartition contre le capital" : c’est pas de çà qu’il s’agit ! il s’agit de dire : "étendons la logique de la cotisation au financement de l’investissement" . Là, nous offrons des perspectives ! Et pas des perspectives utopiques, c’est pas un pas de côté, c’est un pas en avant, sur la base d’un subversif correctement analysé. Oui, la cotisation sociale, c’est subversif ça nous permet d’en finir avec les marchés des capitaux. Oui, le salaire à vie c’est subversif, ça nous permet d’en finir avec le marché du travail.
Voilà ce que je voulais dire comme topo de départ...

photos de B. Friot : extraites de la vidéo de la MSH de Lorraine