Mon site SPIP

Accueil > Collectif "personne à la rue !" > Le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue” a réquisitionné un immeuble (...)

Le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue” a réquisitionné un immeuble public vide à Terrenoire à St-Etienne

lundi 28 novembre 2011

Ce samedi 26 novembre, le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue”, qui réunit des personnes, ainsi qu’une vingtaine d’associations (1) de la région stéphanoise, a rendu publique la réquisition de logements dans l’ancien bâtiment des appartements de fonction des instituteurs, à La Perrotière, dans le quartier de Terrenoire à St-Etienne.
l’immeuble est proche du croisement des rues du colonel Fabien et de la rue des anciens combattants d’Algérie, il est situé à proximité de l’école.
Cet immeuble, qui appartient à la ville de St-Etienne, est vide depuis plus d’un an, alors que 300 à 400 personnes dorment dans la rue.
Cet immeuble est en parfait état. Il comporte 6 logements F3 ; des logements dont le loyer peut être estimé à au moins 500 euros. Dans un immeuble qui lui-même doit valoir aux alentours de 450 000 euros...
Quel gâchis !
Ce bâtiment de la Perrotière est l’un des nombreux bâtiments publics vides de St-Etienne, que les pouvoirs publics ont la possibilité de réquisitionner immédiatement pour y loger les familles et enfants à la rue, comme la loi l’exige.

Le collectif indique que “la journée de samedi a été consacrée à la remise en fonction de l’eau d’électricité et du chauffage. Les premières familles sont arrivées...
Nous estimons cette action totalement légitime. Alors que l’Etat se met hors la loi et ne respecte pas les traités internationaux ratifiés par la France, alors que les collectivités locales ne prennent pas leurs responsabilités vis à vis de la gravité du problème que représente 400 personnes à la rue, c’est contraints et forcés que nous avons été amenés à réquisitionner un des nombreux immeubles vides à St Etienne.
Le droit au logement est un droit fondamental et inconditionnel (...) Plusieurs familles dormiront à l’abri et des enfants pourront reprendre le chemin de l’école.
Nous demandons à la préfecture et aux collectivités locales de faire de la mobilisation des logements et immeubles vides une priorité de leur action pour loger les familles actuellement à la rue.”

Le collectif “personne à la rue” veut ainsi mettre à l’abri 6 familles qui, parfois depuis des mois, sont sans solution de logement.
Cette situation est catastrophique, “en particulier pour les enfants qui ne peuvent pas suivre une scolarité normale. Les familles s’enfoncent dans la misère et les pouvoirs publics, tout en reconnaissant les faits, refusent de prendre les mesures nécessaires.
Cette réquisition est illégale mais nous la considérons comme légitime : le logement est un droit fondamental !”

Bien sûr, il y a besoin de matériel, pour meubler les logements.
Et puis il y a besoin de présence, de soutien.

Un rendez-vous est donné en particulier pour faire le point, sur place, ce mardi 29 novembre à 18h30.

Après la nuit des sans logement le 27 octobre place Jean Jaurès, le collectif s’était réuni le 3 novembre pour faire le point, puis à nouveau ce 21 novembre, puisque rien ne bougeait côté Préfecture et que la réunion annoncée par la Préfète avec le collectif, les administrations et les élus des collectivités locales ne venait pas.
Plus de 40 personnes étaient présentes le 21 novembre, et décision était prise d’une nouvelle action du collectif rapidement pour sortir de l’immobilisme des autorités politiques. On apprenait dans la journée que la réunion en Préfecture devrait avoir lieu le 2 décembre.

Le 2 décembre, un mémorandum sera remis à la Préfète de la Loire. Le sentiment général à la réunion du 21 novembre était que le diagnostic de la situation est fait et bien connu par tout le monde. Ce qu’il faut maintenant ce sont des actes de la part des responsables politiques et des administrations.
A noter qu’au niveau de l’Etat, une circulaire interministérielle pour le “plan hiver” a été adressée aux préfets. A sa simple lecture saute aux yeux le gouffre entre les bonnes paroles et les actes (2).
Ceci alors que tout le monde sait qu’il y a dans la Loire abondance de bâtiments publics vides, dont plusieurs, sans qu’il y ait besoin de travaux, peuvent être mobilisés immédiatement pour loger des familles.




(1) Ce collectif est composé de personnes, de mouvements, d’associations notamment : RESF42, Al Qalam, le CVDH, Emmaüs, la FCPE, la FSU, La Passerelle, le comité Tchétchénie Loire/Haute-Loire, la LDH, les Réseaux citoyens de St-Etienne, le Réseau de Solidarité avec les Rroms, Sud Éducation, Terre Des Hommes42, Triangle, l’Action Catholique Ouvrière, le CDAFAL, le CCFD, la CGT, la CIMADE ...

(2) La circulaire relative aux mesures hivernales (circulaire interministérielle n° DGCS/USH/2011/39 7 du 21 octobre 2011) parle pour la période hivernale d’un "hébergement pour toutes les personnes qui en ont le besoin quelque soit leur situation administrative".
Elle parle aussi de privilégier le logement à l’hébergement : "Durant la période hivernale, les SIAO doivent redoubler d’efforts pour favoriser l’accès au logement des personnes hébergées en structures ou à l’hôtel et qui sont en capacité d’y accéder. La coordination de tous les acteurs en ce sens permettra de renforcer une fluidité qui bénéficiera aussi aux personnes accueillies dans le dispositif hivernal."
La circulaire demande aux Préfets de "mobiliser les places d’hébergement disponibles dans les structures pérennes afin d’y accueillir les personnes les plus exclues qui auront été temporairement hébergées dans les places hivernales. Ces orientations des places hivernales vers les places pérennes devront avoir lieu tout au long de l’hiver, pour prévenir la remise à la rue et anticiper la fin des mesures hivernales prévue le 31 mars prochain."
Donc d’après ce texte les gens hébergés pendant la période hivernale non seulement ne devraient pas être remis à la rue mais devraient se voir proposer un logement ou un hébergement pérenne...

Télécharger la circulaire au préfets pour le plan froid 2011-2012

Cette circulaire ne peut que légitimer les initiatives du collectif “personne à la rue” pour obtenir un logement pour tous.

A noter aussi qu’elle demande aux préfets d’organiser et de coordonner la mobilisation des collectivités locales et aussi des associations : "La période hivernale est l’occasion d’une sensibilisation de l’opinion au sort des personnes les plus démunies et d’une mobilisation de très nombreux acteurs en leur faveur : les associations mais aussi les collectivités locales, les média et les bénévoles. Il vous revient d’organiser et de coordonner cette mobilisation au moyen des outils présentés dans cette circulaire." (...) "Pour mener à bien la mobilisation hivernale, vous pouvez compter sur le soutien de nombreux partenaires (collectivités locales, CCAS, associations, hôpitaux...). Vous assurerez l’information la plus large sur ces initiatives partenariales (réunions de lancement, comité de suivi...)."

Ne reste plus aux autorités qu’à passer aux actes...
Et à faire en sorte que la réunion du 2 décembre en Préfecture ne soit pas une occasion manquée.


Le bâtiment de la Perrotière
Quand on arrive au bâtiment des instituteurs de la Perrotière, on pense tout de suite à l’immeuble de fonction des instituteurs de l’école de Molina, réquisitionné lui aussi, en mai 2009, pour mettre à l’abri des familles à la rue. Des familles qui ont été expulsées en juin 2010 sur ordre du Maire et du Préfet, et le bâtiment en excellent état a été démoli ! (Voir et aussi)

Le bâtiment de Molina, maintenant détruit