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Rencontre en Préfecture du 2 décembre...

Un Mémorandum du collectif "personne à la rue" a été remis à la Préfète, au Maire de St-Etienne, et au Président du Conseil général

mercredi 7 décembre 2011, par Georges Günther

Le collectif "pour que personne ne dorme à la rue" (1), qui vient de réquisitionner un nouvel immeuble vide depuis plusieurs années à St Etienne (Voir), a remis à la nouvelle Préfète, au Maire de St Etienne et au Président du Conseil Général, lors d’une rencontre en préfecture le 2 décembre, un mémorandum qui exige des solutions concrètes immédiates pour loger ou héberger les dizaines de familles à la rue sur l’agglomération stéphanoise, 300 à 400 personnes auxquelles il faut rajouter les 330 roms roumains qui vivent dans des cabanes, des squats pourris ou des voitures.
Ce mémorandum soutenu par quinze associations (2) demande des actes pour :
- La mise à l’abri immédiate des personnes à la rue
- L’amélioration du plan grand froid et la diffusion des informations le concernant
- La constitution de groupes de travail réunissant associations, collectivités locales et Etat sur le plus long terme autour de cette problématique liant mal logement et pauvreté.

Mémorandum du collectif "pour que personne ne dorme à la rue".

"300 à 400 personnes, des familles entières avec des enfants, dorment aujourd’hui à la rue ou dans des conditions d’une très grande précarité dans notre département. (...) Nous demandons avec la plus grande insistance qu’immédiatement toutes ces personnes soient hébergées. Et c’est parfaitement possible". "Si les services de l’État ne sont pas en mesure de mettre immédiatement à l’abri chacune de ces personnes, si la Préfecture continue de se mettre dans l’illégalité (elle a été condamnée des dizaines de fois par le Tribunal Administratif), si on ne donne pas les moyens au 115 de respecter la loi en assurant un accueil d’urgence inconditionnel, nous continuerons de mobiliser tous les adhérents de nos associations, divers collectifs constitués, réseaux existants, ainsi que les citoyens, par des actions de sensibilisation. Nous, qui pallions aux manques sur le terrain et accompagnons toutes ces personnes, nous continuerons également de réquisitionner des logements vides, nous estimons légitime d’en arriver à cette extrémité. Le logement est un droit fondamental et c’est la loi." Parce que sur l’agglomération stéphanoise, s’il y a des centaines de personnes à la rue, il y a aussi des milliers de logements HLM publics ou privés vides et de très nombreux bâtiments propriété publique vides depuis de longues années, à l’image du bâtiment de la Perrotière d’ex appartements de fonction d’enseignants vide depuis 5 ans, réquisitionné par le collectif pour y héberger 8 familles, un trentaine de personnes dont 13 enfants.
Il est donc ici plus facile que dans d’autres grandes agglomérations de trouver une solution et sans doute de façon moins coûteuse qu’ailleurs en mobilisant tous ces bâtiments et logements vacants. C’est une opportunité que les pouvoirs publics, la Préfecture, la ville de St Étienne, St Étienne Métropole, le Conseil Général ne saisissent pas pour l’instant.

Dans son mémorandum, le collectif pour que personne ne dorme à la rue demande la transparence sur le nombre de logements et bâtiments vacants. Il demande aussi "L’arrêt de la politique de destruction massive des logements HLM qui réduit le nombre de logements sociaux à des loyers accessibles aux revenus modestes." Combien de logements HLM démolis sur le département depuis 10 ans ? Combien sont prévus à la démolition dans les prochains mois ? Et cette politique de destruction n’a pas grand chose à voir avec la promotion du droit au logement pour tous, mais beaucoup avec la volonté de "retendre" le marché du logement suite à la baisse de la population de l’agglomération.
Voir : "Télescopage à St-Etienne : 300 à 400 personnes qui dorment à la rue, et 100 logements qui partent en fumée..."

Lors de la rencontre du 2 décembre, la seule réponse est venue du Maire de St Étienne : la plupart de ces bâtiments vacants sont tous destinés à quelque chose, a-t-il affirmé. Certains sont pourtant vides depuis de longues années. Et il a ajouté que la plupart sont destinés à être vendus. Il aurait pu aussi préciser, ou démolis, comme cela s’est passé avec l’immeuble des ex appartements de fonction du quartier de Molina. Peut-être serait-il plus judicieux de mobiliser ces bâtiments vides pour des hébergements d’urgence, pour mettre à disposition des logements abordables pour les familles aux revenus les plus modestes ou en grande précarité.
Parce que l’aggravation des inégalités, l’accaparement des richesses par une toute petite minorité et les politiques d’austérité pour les peuples, vont amplifier la pauvreté partout, chez nous et dans le monde. Cela nécessite un changement des priorités et notamment de faire du droit au logement pour tous une des première priorité de l’action publique.

La rencontre de ce 2 décembre en préfecture n’a certes pas débouché sur un changement fondamental des orientations de la préfecture et des collectivités locales.
Mais son premier intérêt c’est déjà qu’elle ait eu lieu. Les associations demandaient cette sorte de table ronde depuis des années. Il a fallu toutes les interventions et les diverses initiatives des uns et des autres, la nuit des sans logis, pour que la préfecture décide de l’organiser. Elle a aussi été préparée collectivement et un mémorandum qui formalise un point de vue et des propositions concrètes soutenues collectivement a été remis à Mme la Préfète, au Maire de St Etienne et au Président du Conseil Général.
C’est une étape. C’est peut être la première fois depuis bien longtemps qu’autant d’associations s’adressent en commun aux pouvoirs publics pour le droit au logement pour tous avec un point de vue sur la situation et des propositions précises. Ça va compter.

Compte rendu de la rencontre en préfecture du 2 décembre 2011


Bien sûr la Préfète a affirmé que pour l’immédiat elle allait continuer ce qui se fait (donc pas de prise en compte pour l’instant de la gravité du problème et des propositions avancées pour mettre à l’abri dans les semaines qui viennent les familles à la rue ). Mais elle a aussi été contrainte de reconnaître que l’hébergement en chambres d’hôtel des familles était inadapté et coûteux, qu’elle voulait commencer à les remplacer par un hébergement en logement. Bien sûr le maire de St Étienne a lui aussi refusé de mobiliser les bâtiments et logements vacants et a affirmé que la politique actuelle "sera poursuivie parce qu’il n’y en a pas d’autre", mais de plus en plus de stéphanois trouvent anormal de laisser tous ces bâtiments et logement vides et de les démolir et pensent eux qu’il faudrait bien faire autrement.

Le collectif pour que personne ne dorme à la rue va poursuivre son travail et ses initiatives, approfondir le débat avec la population. L’essentiel pour déverrouiller les choses va dépendre de ce travail collectif.

Georges Günther

Ce texte a été publié sur le site du Portail pour l’accès aux droits sociaux

(1) Ce collectif est composé de personnes, de mouvements, d’associations notamment : RESF42, Al Qalam, le CVDH, Emmaüs, la FCPE, la FSU, La Passerelle, le comité Tchétchénie Loire/Haute-Loire, la LDH, les Réseaux citoyens de St-Etienne, le Réseau de Solidarité avec les Rroms, Sud Éducation, Terre Des Hommes42, Triangle, l’Action Catholique Ouvrière, le CDAFAL, le CCFD, la CGT, la CIMADE ...

(2) Action Catholique Ouvrière, Association socioculturelle Louis Comte, Confédération Syndicale des Familles, EMMAUS, Fédération Syndicale Unitaire, La CIMADE, La Passerelle, la Ligue des Droits de l’Homme, le CDAFAL, les Réseaux citoyens de St Etienne, le Réseau Education Sans Frontière, le Réseau solidarité roms, le Secours catholique, Terre des Hommes 42, Triangle