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Gaz de schiste : où en est-on en décembre 2011 ?

mardi 13 décembre 2011, par Bruno Viennois

Enjeux juridiques :

- Le 21 juin 2011 une loi a été adoptée à l’assemblée nationale pour interdire la fracturation hydraulique. Les détenteurs de permis d’exploration devaient rendre un rapport sous deux mois précisant les techniques qu’ils comptaient employer.

- Le 3 octobre 2011 : le gouvernement français abroge les trois permis suivants : Nant (détenu par la société Schuepbach), Villeneuve-de-Berg (Schuepbach) et Montélimar (groupe Total), effaçant ainsi la signature de Jean-Louis Borloo par laquelle ces permis avaient été attribués en mars 2010 dans l’opacité la plus totale. NKM : « Total n’était tout simplement « pas crédible » quand il annonçait « vouloir continuer à rechercher du gaz de schiste avec des techniques qui ne sont pas la fracturation hydraulique » alors que l’on « sait aujourd’hui que ces techniques ne sont pas opérationnelles ».

- Actuellement 61 permis exclusifs de recherche sont en cours d’instruction ou de validité. Selon le gouvernement ces entreprises « n’ont pas prévu de rechercher des gaz et huiles de schiste ou y ont renoncé pour ne pas se limiter à des gisements conventionnels ». Et « tous ont pris l’engagement formel de ne pas recourir à la fracturation hydraulique ». Ce qui est faux au moins pour les périmètres concernant la firme Toreador en île-de-France qui a clairement fait savoir leur intention de rechercher du gaz de schiste.

Enjeux environnementaux :

- La fracturation hydraulique utilise beaucoup d’eau (15 000 à 20 000 m3) et les produits chimiques employés (500) peuvent contaminer les nappes phréatiques rendant l’eau des captages toxique et provoquant des maladies chroniques chez les riverains non-informés qui la boivent.

- Les sols pollués à proximité des forages deviennent impropres à l’agriculture. C’est ce qui arrive aux États-Unis, où l’exploitation des gaz de schiste est lancée depuis 10 ans, provoquant la ruine des paysans locaux.

- Une fraction importante des eaux de forage (10 à 50 %) remonte en surface chargée de composés toxiques jusqu’alors emprisonnées dans les couches géologiques profondes, tel que l’arsenic, issus de la fracturation hydraulique et dans certains cas de composés radioactifs (radon) contenus dans les couches profondes du sous-sol, ce qui pose un important problème de pollution à long terme.

- Aux Etats-Unis, cette eau polluée est stockée en surface dans des bassins à ciel ouvert, avec tous les risques que cela comporte et on ne sait pas la retraiter efficacement. Elle est parfois soit déversée dans des cours d’eau, soit dans les réseaux d’assainissement qui ne sont pas prévus pour cela.

- La fracturation hydraulique peut générer des séismes ; des forages sur un gisement de gaz de schiste dans le Nord de l’Angleterre menés par la société britannique Cuadrilla sont très probablement à l’origine de secousses telluriques ayant touché la région en avril et mai dernier, a estimé un rapport d’experts européens publié début novembre. La région côtière du Lancashire (nord-est) avait enregistré le 1er avril et le 27 mai des secousse de magnitudes de 2,3 et 1,5.

- Si l’exploitation du gaz de schiste devait se développer en France, cela conduirait à des émissions accrues de gaz à effet de serre, alors même que notre pays s’est engagé à les diviser par quatre. En effet, l’exploitation du gaz de schiste émet davantage de CO2 que le gaz naturel, selon un rapport du “ Tyndall Centre for Climate Change Research ”. Sa substitution au gaz naturel accélérerait donc les changements climatiques. Compte-tenu des fuites de méthane lors de l’extraction, certains experts estiment même que le « bilan carbone » du gaz de schiste serait aussi mauvais que celui du charbon.

- L’AIE, Agence Internationale de l’Énergie, dans son rapport « World Energy Outlook » publié le 9 Novembre, révèle, chiffres à l’appui, que la combustion de l’énergie fossile (pétrole, gaz et charbon) provoquera d’ici 2050 un réchauffement de 6 degrés, alors que les climatologues estiment que nos écosystèmes et notre environnement ne pourraient absorber sans catastrophe majeure une élévation de plus de 2 degrés. Dans ces conditions, affirme l’ONG britannique spécialisée dans l’analyse du risque climatique Carbon Tracker Initiative (CTI) dans une étude rendue publique le 10 Novembre, - soit les réserves fossiles prouvées, qui représentent si elles sont brûlées 2795 gigatonnes d’émission de CO2, le seront effectivement et provoqueront une catastrophe climatique, - soit elles ne le seront pas et la valorisation actuelle des entreprises du secteur énergétique n’a pas de sens.

- Seulement 20% du méthane contenu dans les gisements est extractible. Lorsque les bouchons utilisés pour refermer les forages auront subi les épreuves du temps, les 80% restant pourront s’échapper progressivement, apportant une contribution à l’effet de serre et aux dérèglements climatiques continus.

Enjeux énergétiques :

- Les ressources d’hydrocarbures déclinent. Le pic pétrolier a été franchi en 2009 dixit François Fillon. Le retour d’énergie pour l’énergie investie dans le pétrole était de 1/100 au début du XXème siècle, il n’est plus que de 1/15. Les compagnies pétrolières et gazières voient la rentabilité de leurs installations baisser et sont dorénavant prêtes à se tourner vers des techniques plus polluantes et plus coûteuses d’extraction.

- Les moyens financiers, énergétiques, matériels et humains déployés pour développer cette source d’énergie très polluante sont autant de moyens amputés à la recherche et au développement des énergies renouvelables ainsi qu’à la mise en place d’un plan de sobriété énergétique à mettre en place rapidement pour anticiper la crise énergétique à venir.

Enjeux politiques et sociaux :

- Sur des enjeux qui peuvent avoir des conséquences humaines et environnementales aussi importantes et durables, il n’y a pas eu de consultation citoyenne ni référendum. Ce problème est commun avec la politique nucléaire en France et témoigne de la mainmise d’une élite de technocrates sur les questions de l’énergie dans ce pays.

- Les élus ont donc été placés devant le fait accompli, sans recours légal pour faire valoir leur point de vue, et sans connaissance précise de l’impact potentiel de ces décisions.

- Il n’y a pas d’enquête publique préalable à l’octroi d’un permis exclusif de recherche. En France, le sous-sol est la propriété de l’Etat. Pourtant, les autorisations de prospection ont été accordées sans débat sur les besoins énergétiques, sans discussion sur la nécessité de lutter contre le gaspillage, rechercher une meilleure efficacité énergétique et les alternatives d’énergies renouvelables.

- Sarkozy est un proche de personnes ayant des intérêts dans l’exploitation des GDS (Vincent Bolloré - Vallourec, Albert Frère et Paul Desmarais - Arkema - Total et GDF Suez, Julien Balkany - Toréador). Il clair que ça a influencé la précipitation dans laquelle ont été accordés les permis et réformé le code minier début 2011.

Le Collectif Stop Gaz de Schiste 42 (1), membre de la Coordination nationale des collectifs locaux pour l’abrogation des permis d’exploration et d’exploitation de gaz et de pétrole de schiste demande :
- L’abrogation des permis d’exploration et d’exploitation de gaz de schiste ainsi que l’arrêt complet de l’exploitation des gaz de schiste.
- Un grand débat public national sur l’énergie, afin que nous, citoyens, puissions décider ensemble sur notre avenir énergétique et de ses conséquences. Ce moment fort de démocratie devra aborder les questions urgentes du pétrole, du nucléaire et du plan de transition énergétique à mettre en œuvre. Le sous sol français doit être un bien commun et ne peut être confisqué par des entreprises privées, ni soustrait à la délibération démocratique.

Contact et renseignements :  
contactstopgazdeschiste42@alternatives42.net

Site internet du collectif : www.stopgazdeschiste42.org


(1) Sont membres du Collectif Stop Gaz de Schiste 42 : Attac Forez, Attac Loire Sud, Attac du Roannais, CAPAGAUCHE/FASE, CDAFAL, Coop en liens, Energies Communes Renouvelables, Environnement et nature Burdignes, Europe Ecologie Loire, la Confédération Paysanne de la Loire, le Parti de gauche, les Verts Loire, Frapna, Héliose, Le NPA Loire, la Sauvegarde des Coteaux du Jarez, les Alternatifs, O2 de l’Oxygène pour l’Ondaine, Sud éducation Loire, Réseaux Citoyens St-Etienne, Terre Commune, préservons la Terre en Pilat, Vivre en Ondaine.