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Ce qui se passe concrètement à St-Etienne concernant l’expulsion des familles Rroms...

samedi 18 août 2012, par Georges Günther

Ce 17 août les familles roms qui restaient sur le terrain de Montmartre ont été expulsées : une cinquantaine de personnes avec une vingtaine d’enfants.

Visiblement si le gouvernement par la bouche du ministre de l’intérieur a modifié les propos tenus par l’ancien, dans la pratique les choses ne se passent pas différemment.

Ces familles avaient été posées sur ce terrain vague de Montmartre le 7 juillet dernier après avoir subi une, voire deux, expulsions les jours précédents. Elles avaient été laissées là sans eau, sans toilettes, sans abris, sans rien, mais sous surveillance constante de policiers municipaux... Il avait fallu la pression des associations pour que de l’eau soit amenée. Puis les familles avaient construit des cabanes de bric et de broc avec la solidarité très active de plusieurs associations et personnes. Et aujourd’hui, un peu plus d’un mois plus tard, nouvelle expulsion. Un mois au cours duquel l’OFII (Office français de l’Immigration et de l’Intégration) s’est employé à préparer les fameux "retours volontaires" vers la Roumanie. Une soixantaine de personnes étaient ainsi parties par un charter le 9 août. Elles reviendront comme lors de chacune de ces opérations, mais dans l’intervalle cela permet de diminuer le nombre de personnes présentes sur le terrain et donc de faciliter l’expulsion. Une façon de procéder employée depuis au moins 7 ans à St Etienne et qui a été renouvelée cette foi ci.

Qu’en a t-il été de la proposition alternative à laquelle le candidat Hollande s’était engagée dans une lettre à Romeurope du 27 mars 2012 ?
La préfecture a proposé un nouveau terrain vague, appartenant à la ville de St-Etienne, situé encore plus loin de la ville, un terrain non viabilisé, sans point d’eau, sans toilettes. Un terrain où quand il pleut le sol se transforme en boue, un terrain sans aucun arbre (voir la photo). Un terrain non desservi par les transports en commun, qui se trouve à au moins 3 kms de l’école la plus proche, sans doute une façon de favoriser la scolarité des enfants. Bref quelque chose qui aggrave la situation déjà lamentable dans laquelle la préfecture et la mairie imposent à ces familles de vivre.

Fait à noter parce qu’il manifeste une conception, ce terrain est situé juste en face des petites maisons construites il y a peu pour "les gens du voyage" (appellation administrative).

Depuis un bonne quinzaine de jours les responsables d’Emmaus, prenant au mot les déclarations du candidat Hollande, étaient intervenus très activement pour justement déboucher sur une véritable solution alternative. Le président d’Emmaus France était intervenu auprès du Président Hollande et du ministère de l’intérieur. Il était venu à St-Etienne et avait rencontré la préfète et le sénateur-maire en déclarant qu’il fallait sortir de cette fuite en avant des expulsions et trouver ici des solutions alternatives. La préfète avait alors reçu la mission de proposer quelque chose. Mais, en l’état, ce qui est proposé là n’est en aucune façon le début d’une solution.
Bien sûr, la solidarité va encore jouer à plein, déjà des tentes et un barnum, ont été fournies par l’évêché. D’autres choses vont être faites avec toute l’imagination et la générosité bien présentes à St Etienne. Mais si les services de l’état, de la mairie, du conseil général, ne s’engagent pas financièrement et en moyens humains, il est probable que ce nouveau terrain, malgré les efforts, tourne au nouveau bidonville.

Pourtant des solutions alternatives il y en a sur St-Etienne et de multiples. Répétons nous :
- Des centaines d’appartements en bon état sont vides sur la ville, des milliers sur l’agglomération. Des immeubles, des bâtiments entiers, sont vides. C’est le résultat de l’hémorragie de population : la ville qui a perdu 20 000 habitants en 12 ans. Quelques uns de ces logements et bâtiments pourraient être mobilisés pour y installer des familles actuellement à la rue. Cette situation particulière de l’agglomération stéphanoise fait que les solutions sont peut-être plus faciles à trouver ici qu’ailleurs. Bien sûr cela suppose, notamment, d’arrêter la politique de démolition massive de logements sociaux.
- Loger ces familles, c’est parfaitement réalisable. L’activité du réseau solidarité roms a permis de loger en appartement au moins une quarantaine de familles, dans la foulée d’autres ont également d’elles mêmes trouvé des appartements. Elles n’ont pas plus et pas moins de problèmes que les familles pauvres de la ville devant les factures à payer. Il n’a jamais été fait état de difficultés concernant l’intégration de ces familles dans un logement.
- Des terrains disponibles sur la ville, il y en a plusieurs. En aménager un ou deux avec l’eau, des toilettes, l’électricité, des mobil homes ou autres constructions est également parfaitement possible.

Plusieurs expériences sont menées un peu partout en France.

L’action solidaire va se poursuivre à St-Etienne pour avancer sur ces pistes.

Georges Günther
participant au réseau solidarité Rroms

Photos : Marie-Pierre Vincent.