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Une interview de Bernard Friot sur la révolution du salaire à vie

mercredi 16 janvier 2013

Dans cette interview Bernard Friot aborde un ensemble de questions, ce qui permet de mieux faire connaissance avec la lecture du fonctionnement économique de la société que propose “Réseau Salariat”. Au moment où aussi bien avec les plans massifs de suppressions d’emplois - comme celui de 7500 postes que vient d’annoncer Renault - qu’avec le chantage permanent à la dette, on a l’impression d’être dans une impasse totale...
Cette vidéo est en ligne sur YouTube


L’interview dure 1h20. Ci-dessous des bribes, juste pour essayer de donner envie d’écouter cette vidéo...
A discuter...

Le site de Réseau Salariat : http://www.reseau-salariat.info

La proposition du salaire à vie...

Toute richesse vient du travail. Et pour l’investissement on peut se passer des “investisseurs” ! (les 10 premières minutes)
C’est le contrepied des flashs radio quotidiens qui nous parlent heure par heure des cours de la Bourse et de l’existence si indispensable des “investisseurs”...
Bernard Friot prend l’exemple de l’investissement hospitalier, depuis 60 ans, en France.
Oui mais, si l’investissement est collecté grâce à une cotisation économique (qui s’ajouterai à la cotisation sociale), est-ce que ce ne serait pas une étatisation et la bureaucratisation de l’économie ? Non, parce qu’une cotisation économique, ce ne serait pas l’Etat. La Sécurité Sociale, ce n’est pas l’Etat, ce n’est pas du “public” opposé au “privé”. C’est du “commun”.
Et la suppression du marché des capitaux ne signifie pas la suppression de la régulation marchande.

Propriété d’usage et propriété lucrative
De quoi parle-t-on ? (à 10 minutes)

Travail, salaire, emploi (à 18 minutes)
La question est : la valeur économique a-t-elle comme support le poste de travail ou les personnes productrices de valeur économique (la qualification de ces personnes)

A propos de l’emploi et du “plein emploi” (devenu une divinité, tout comme “les marchés” ... (à 20 minutes)
Si les personnes sont payées à leur qualification, il n’y a plus de chômage.

La construction des institutions du capitalisme (à 25 minutes)
... a pris 5 siècles (“marché du travail”, etc...). Et depuis le 20ème siècle est commencée la construction des institutions du salariat, qu’on ne sait pas lire correctement selon B. Friot.
On ne sait pas lire correctement les pensions (“le travail des retraités”), ni le statut des fonctionnaires et de l’impôt.
L’impôt et la cotisation sociale sont la reconnaissance de la valeur économique produite par les fonctionnaires, les retraités, les soignants, les chômeurs, les parents.

La proposition du salaire à vie (à 32 minutes)...
C’est l’institution qui va permettre de produire de la valeur autrement, et de changer la mesure de la valeur.
Il existe aujourd’hui des anticipations du salaire à vie :
- le statut de la fonction publique (c’est donc une relecture de la fonction publique - en tant que porteuse du salaire à vie, pas en tant que travaillant pour l’Etat). C’est la personne qui est qualifiée (et non le poste de travail comme ça l’est dans la logique de l’emploi). Les salariés y ont une qualification personnelle sans passer par le marché du travail.
- les retraites, qui sont un salaire à vie.
Il s’agit de généraliser ces anticipations du salaire à vie en attribuant un salaire à vie à tout le monde, de 18 ans à la mort.

Mais alors, les gens ne voudront plus travailler ? (à 38 minutes)...
Question inévitable...
A l’âge de la majorité politique (18 ans), chacun aura une majorité économique. Idée d’une hiérarchie des salaires de 1 à 4 (de 1500€ à 6000€ par mois par exemple).
Les licenciements seront-ils possibles si quelqu’un ne fait pas l’affaire ? Oui : le salaire à vie est précisément ce qui rend possible le licenciement.
Mais alors, qui va vouloir faire les “sales boulots” ?

Mais qui pourrait commencer à mettre en place ça ? (à 44 minutes)
C’est du radicalement nouveau, mais s’appuyant sur l’existant produit au 20ème siècle.
Ça ne peut s’instaurer que dans un espace politique dans lequel un peuple s’exprime... Il s’agit de faire des lois qui affirment la convention salariale du travail.
Ensuite, ça devra s’internationaliser ou périr... ?

Le salaire à vie et le revenu de base : quelle différence ? (à 48 minutes)
Avec le statut de la Fonction publique (en tant qu’elle est porteuse du salaire à vie, pas en tant qu’elle travaille pour l’Etat), et avec la cotisation sociale, on a déjà une anticipation considérable du salaire à vie. Il faut savoir lire leur caractère anticapitaliste.
Les tenants du “Revenu universel” ne voient pas ça. Ils proposent même de remplacer la cotisation sociale par l’impôt (catastrophe), et cherchent ailleurs des lieux de salaire à vie...qui existent déjà ici, puisque ça concerne déjà, dans un pays comme la France, au moins 10 millions de personnes. La question est de partir de cet existant (qui concerne 10 millions de personnes), pour l’étendre.
Une autre question : il ne faut pas seulement raisonner en termes de ressources avoir une ressource à vie), mais aussi en termes d’investissement, et conquérir la maîtrise de l’investissement si l’on veut sortir de la logique capitaliste du travail, et ne plus produire n’importe quoi.

Est-ce d’abord un problème de rapport de forces ? (à 53 minutes)
Non, et il ne suffit pas de changer de pouvoir.
Il y a un travail à faire pour changer les représentations, pour sortir d’une vision aliénée de l’économie.
Et sortir d’un discours de “correction” du capitalisme (ex : “justice fiscale”) pour un discours de sortie du capitalisme.

D’où viennent les crises du capitalisme ? (à 57 minutes)
Ce ne sont pas fondamentalement des “crises de la demande”, de l’insuffisance de débouchés (explication keynésienne). La baisse du taux de profit est la tendance de fond.
Le capitalisme est une dynamique structurelle d’élimination relative du travail vivant. Parce que la valeur économique des biens et des services est mesurée par le temps de travail nécessaire à leur production (la “valeur-travail”).

La crise financière depuis 2007 et les politiques d’austérité qui suivent... (à 1h02)
Une création monétaire inouïe a été faite pour “sauver les banques”. Les capitalistes ont anticipé la ponction qu’ils vont faire sur le travail. Les politiques d’austérité sont maintenant menées pendant des années pour que ces milliards d’euros aient un fondement dans la valeur économique.

“Taxer le capital” ? (à 1h06)
Nos représentations sont aliénées. Voir tout ce qui en reste à la dénonciation des financiers. La question est de s’appuyer sur les prémisses du dépassement du capitalisme pour construire un projet alternatif.
Taxer le capital c’est le légitimer. C’est tout le problème de l’opposition entre la cotisation sociale et la CSG... Augmenter la cotisation ajoute de la valeur économique, c’est pourquoi les PIB ont doublé tous les 40 ans au 20ème siècle...
Entre 1930 et 1995, la cotisation sociale est passée de 0 à 66% du brut. On a attribué de la valeur à des activités non capitalistes (le travail des soignants, des retraités...). Cette croissance là marginalise le salaire (direct) lié au marché du travail, et le profit c’est à dire la propriété lucrative : les deux institutions majeures du capitalisme (avec la valeur travail).
L’impôt est une incitation à “corriger” le capitalisme, mais on n’en sort pas...

Deux démarches pour transformer le système... (à 1h12)
Il est nécessaire que des personnes (qui sont souvent des jeunes) fassent sécession... Mais la majorité ne fait pas ça, elle va entrer sur le marché du travail. La question est qu’elle ne se résigne pas à une revendication de “hausse du pouvoir d’achat” en lâchant la revendication de “tout le pouvoir aux travailleurs”. Il s’agit de subvertir le capitalisme... En revendiquant le droit au salaire à vie, et le droit de propriété d’usage (dans ce domaine, des anticipations se développent aussi actuellement en matière de logement)