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Valls : des mots et des actes insupportables

De plus en plus de voix s’élèvent contre le traitement fait aux étrangers.

Action du collectif “personne à la rue” et des associations vendredi 18 octobre à 18h, Place Jean Jaurès, parce que 480 personnes dont 230 enfants sont à la rue dans la Loire...

mardi 8 octobre 2013, par Roger Dubien

Il y a bientôt 15 jours, le ministre de l’intérieur Valls a décidé de changer de braquet. Et ceci a encouragé une avalanche de déclarations indignes et insupportables contre les Roms. (voir Le Rom et la France - une alerte d’Ivan Du Roy dans Bastamag). Et pas que contre les Roms...
Ces déclarations de Valls sont dans la lignée de celles de Sarkozy il y a 3 ans à Grenoble.

Elles sont indignes d’un ministre de la République française - ne parlons même pas de gauche ou de droite. Elles ont suscité des applaudissements du côté de beaucoup de responsables de la droite UMP-UDI, et de tout le FN. Ils en redemandent et reprochent seulement à Valls - ou ici à Vincent - de ne pas en faire assez. Et ils se préparent à encaisser les dividendes dans les prochaines élections. L’élection partielle qui vient d’avoir lieu à Brignoles peut les conforter dans l’idée que c’est pour bientôt...
Elles ont aussi eu le soutien de certains élus de gauche - dont le maire de St-Etienne, déjà utilisateur et peut-être même inventeur de la formule “les Roms ont vocation à retourner en Roumanie”. Indigne. Et, politiquement, suicidaire pour la gauche, contrairement à ce que pensent les apprentis sorciers qui croient qu’hurler avec les loups leur apportera leur part à l’ouverture des urnes.

Mais ces déclarations ont aussi provoqué la colère de beaucoup de gens dans différents milieux de la société, chez toutes celles et tous ceux qui se font une certaine idée de la France. Parce que ce qui est en cours est énorme.
Il faut lire le texte que Jean-Claude Lefort, ancien député et fils de Manouche a écrit Manuel, tu avais « vocation » à retourner en Espagne.
Parmi ces réactions, la lettre ouverte adressée au Président de la République par les 7 associations qui l’avaient déjà rencontré le 13 septembre - auxquelles s’est joint aussi Romeurope - et avaient clairement dit que pour elles “La politique à l’égard des étrangers est un « marqueur » de la santé démocratique de notre pays”.
Ces associations ont fait savoir à François Hollande que “les propos du ministre de l’Intérieur à l’égard de personnes désignées comme « roms » sont insupportables”, et lui ont demandé de s’exprimer publiquement (“Votre silence sur ces questions cruciales deviendrait rapidement incompréhensible, voire vaudrait approbation d’un discours et d’une dérive à laquelle au nom des valeurs qui nous rassemblent, nous nous sommes toujours opposés, et à laquelle, nous continuerons à nous opposer avec détermination” (voir http://www.lacimade.org/).
Pour le moment, pas de réponse. Au conseil des ministres, la mise au point n’a porté que sur la forme : silence dans les rangs. Pas sur le fond de ce qui a été dit.

Et puis, ce qui compte beaucoup, c’est ce qui est fait. Et là, sur le terrain, les saloperies continuent. Aussi bien contre les Roms que contre des demandeurs d’asile.
Dans la Loire, des familles Roms qui habitaient à Raspail dans le quartier de Beaubrun ont été expulsées. Depuis, des adultes et des enfants s’entassent dans des voitures, sur un parking. Régulièrement, du côté gouvernemental, il est invoqué une circulaire de l’été 2012 : expulsions des camps, mais recherche de solutions. “fermeté et humanité”. Dans la réalité, on a la brutalité. Mais l’humanité, elle est où ?

Lundi 30 septembre, les demandeurs d’asile expulsés fin août de l’immeuble métropole-habitat de la rue Colette à St-Etienne, et qui vivaient avec les enfants sous des toiles de tente au pied de l’immeuble, ont été expulsés avec un déploiement massif de CRS et de policiers. Au moins 10 fourgons, pour 30 personnes, enfants compris. La préfète sait trouver de l’argent pour ce genre de choses ! Et toutes les affaires perdues, dont celles de la solidarité toute récente suite à la pluie : toiles de tente, couvertures, etc, même les cartables des gamins. Le tout embarqué dans un camion-benne de la mairie.
Une famille a été suivie et arrêtée alors qu’elle emmenait ses enfants à l’école ! Elle est maintenant "assignée à résidence” ! M. Petrossian, demandeur d’asile réfugié d’Arménie, qui avait plusieurs fois témoigné de la situation de ces familles a, lui, été arrêté et embarqué au centre de rétention de Lyon avec une OQTF de la préfète, pour être expulsé de France, alors même que sa situation administrative (demande d’asile) est semblable à celle des autres.
Rencontrée par 3 personnes du collectif “Personne à la rue” pour la situation des familles expulsées de la rue Colette, la préfète de la Loire ne bouge pas d’un pouce : elle dit appliquer la loi, simplement "de façon plus stricte”. Familles et enfants en danger ? Ce serait de leur faute, ils se mettraient volontairement en danger... ils n’ont qu’à partir, à rentrer chez eux. C’est vrai que l’exemple vient de haut, et que cette préfète fait partie des proches de Valls, qui l’a choisie avec 3 autres préfets ressemblants, pour être dans le groupe qui prépare une loi réformant l’asile, pour laquelle il se confirme au fil des jours que le département de la Loire est un terrain d’expérimentation.

Et puis voilà que la chasse aux jeunes mineurs réfugiés en France est ouverte !
Au Lycée Jean Monnet, deux frères jumeaux albanais : Fatos et
Rahman, seuls en France, viennent de recevoir un avis d’expulsion (OQTF). Arrivés mineurs, ils ont pourtant été pris en charge par l’ASE-Aide sociale à l’enfance. Et hébergés au foyer Clairvivre. Mais ils viennent d’avoir 18 ans, et la préfète et Valls ont décidé de les expulser ! Auparavant, des situations comme celles-là débouchaient sur la régularisation, l’octroi d’un “titre de séjour”.
Au Lycée professionnel d’Andrézieux-Bouthéon, c’est le jeune Mirush Mehmeti, réfugié albanais lui aussi, qui vient de recevoir un OQTF, parce qu’il a eu 18 ans le 7 juin. Il prépare un CAP en froid et climatisation. Il est hébergé au foyer Claivrivre depuis 18 mois. La préfète de la Loire et Valls veulent l’expulser.
5 jeunes de Clairvivre ont reçu des OQTF...

Voilà la réalité sur le terrain. Indigne.
Et en plus dans un département qui comptent des milliers de logements vides, et une ville, St-Etienne, où 1000 logements sociaux vides ont été programmés à la démolition pour 2013 ! Dans un pays où les médias rappellent fréquemment que l’industrie et le commerce du luxe ne connaissent pas la crise, eux...

Mais la réalité c’est aussi la multiplication des initiatives de solidarité. Plus de 40 associations et organisations ont maintenant signé l’appel “Droit d’asile, droit au logement : respecter la loi, respecter les personnes”.
Et des centaines de personnes sont en train de le signer individuellement.
Des initiatives et actions solidaires se déroulent tous les jours. Et vendredi 18 octobre, 1er jour de la fête du livre, un rendez-vous est donné au centre-ville de St-Etienne (à 18h, Place Jean Jaurès) par le collectif “Personne à la rue”...

Roger Dubien.