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Le témoignage d’Amjad et d’Abu-Rasmi à St-Etienne

8.500 Palestiniens dans les prisons israéliennes

parmi eux, 450 enfants de moins de 17 ans, 102 femmes, 2 bébés. Décision est prise de lancer un travail de solidarité avec les prisonniers Palestiniens et leurs familles.

mardi 6 juillet 2004

Une délégation de Nadi Al-Asir al-Filistini, le Club des prisonniers Palestiniens, est venue à St-Etienne mercredi 30 juin. Après une rencontre avec un journaliste du Progrès, Amjad Najjar et Jihad Abu-Rasmi Khatib, de la ville d’Al-Khalil, accompagnés de Raghida Ousseiran et de Amel Chamakh, de l’association Palestine en marche, ont participé à une réunion de travail avec une quinzaine de membres de plusieurs associations et réseaux de solidarité de la région stéphanoise : forum des réseaux citoyens, centre Al Qalam, Afps, Artistes contre la guerre, Les amis de Naplouse, apeis, amicale laïque de Beaubrun, amicale laïque du Crêt de roc...
Cette réunion avait un double objectif : s’informer et commencer à voir ce qu’il est possible de faire.
Voici quelques unes des informations qui ont été données par Amjad et Abu-Rasmi, venus en France (Ivry, Paris 20è, Montreuil, Lyon...) une quinzaine de jours parce qu’ils veulent "expliquer directement aux peuples ce qui se passe" puisqu’ils n’ont "plus confiance dans les instances internationales qui prennent des décisions et ne font rien".

Résistance à l’occupation

La Palestine est occupée. En Cisjordanie et à Gaza, depuis 1967 - 37 ans - les Palestiniens résistent à l’occupation et au vol de leur terre et ont affaire à l’armée israélienne au quotidien. Les prisonniers Palestiniens sont des résistants.
Ils sont aujourd’hui 8.500 dans 23 centres de détention et prisons israéliennes. Tous les jours il y a des arrestations.
Parmi eux, 102 femmes, dont 14 filles de moins de 17 ans.
Parmi eux, 450 enfants de moins de 17 ans. L’ordre militaire israélien 132 permet d’arrêter et d’emprisonner quelqu’un à partir de 12 ans, en violation des conventions internationales qui stipulent qu’une personne de moins de 17 ans est un enfant.
Les enfants de moins de 12 ne sont d’ailleurs pas à l’abri des opérations militaires, comme le bilan des morts et blessés l’indique chaque semaine. Et puis si un enfant de moins de 12 ans lance des pierres, c’est le père qui paie une amende ou est arrêté.
Les enfants sont placés en prison avec des prisonniers israéliens qui sont souvent des trafiquants de stupéfiants. Bien que ceci (mettre des enfants avec des adultes dans les prisons) soit également interdit par les conventions internationales... Telmond est une prison où il y a beaucoup d’enfants.

Deux femmes, arrêtées alors qu’elles étaient enceintes, ont accouché en prison. L’une est condamnée à 6 ans de prison et son enfant a maintenant 1 an 1/2. Il a besoin d’une opération, qui ne peut être faite. L’autre a un bébé de 7 mois.

La détention est dure pour les prisonniers palestiniens. La torture, qui n’est pas une nouveauté dans les prisons israéliennes, a été légalisée par la haute cour de justice israélienne en 2000. Elle est pratiquée dès les premiers moments après l’arrestation, par les soldats. En général les prisonniers sont emmenés dans les centres militaires situés dans les colonies.
Ensuite, les conditions de détention : 10 a 12 prisonniers dans chaque pièce, nourriture insuffisante, absence de soins, coups - y compris pour les femmes -. Et résistance. Notamment par des grèves de la faim.

Parmi les 8.500 prisonniers, 1.140 sont en détention administrative. La détention administrative est une loi qui date du "mandat britannique", et qu’Israël a réactivé après 1967 dans les territoires occupés. Elle permet d’emprisonner quelqu’un 6 mois sans jugement. Et les israéliens "renouvellent" à volonté cette durée. 119 de ces prisonniers sont en prison depuis plus de 6 mois, certains ont vu leur détention renouvelée 5 à 10 fois.

L’histoire d’Amjad, d’Abu-Rasmi et de tous les autres...

Amjad et Abu-Rasmi ont raconté leur histoire. Issus de familles réfugiées de 1948, ils vivent dans un camp de réfugiés de la région d’Al Khalil. Amjad est responsable de Nadi Al-Asir al-Filistini pour toute la région d’Al Khalil.

Amjad a été arrêté la 1ère fois en 1989, à 15 ans et 4 mois. Il y est resté 4 mois en détention administrative, dans la prison du Naqab (désert). Pour participation à la 1ère intifada. La 2ème fois, ce furent 3 mois de détention administrative en 1990. la 3ème fois, 18 jours... Puis en 1991, arrêté pour résistance à l’occupation. 4 mois en Centre d’interrogatoire. Condamné à 20 ans de prison. Il en a fait 5, et a été libéré 1996 au moment des accords de Taba.
Amjad a un jeune frère en prison. Condamné à 14 mois et à 6 000 shekels d’amende, parce qu’il a pris la parole à la fac.

Jihad Abu-Rasmi a été emprisonné la 1ère fois en 1975, à 17 ans. Il a aujourd’hui 46 ans. Depuis 1975, il est arrêté, chez lui ou sur les barrages, à chaque fois qu’il y a des évènements, et interrogé.
Abu-Rasmi a l’un des ses fils en prison depuis 2 ans et demi. Arrêté à 17 ans, et condamné à 8 ans de prison. Son crime ? Dans une discussion, il a dit qu’il allait se faire exploser, après que les soldats israéliens aient tiré sur son petit frère. C’est ce petit frère qui a été accueilli à Ivry en 2002 grâce à une campagne de solidarité, et opéré à Paris.

Qui mettra des noms et des visages sur les prisonniers palestiniens dont certains croupissent en prison depuis des décennies, et dont des dizaines d’autres sont condamnés à plusieurs fois la prison à vie ?

Comme Saïd ATABEH en prison depuis 28 ans (1976). Comme Ahlam TAMIMI, cette femme condamnée à 17 fois la prison à vie plus 200 ans de prison. Il y a en Palestine occupée des êtres humains qui sont condamnés à 54 fois la prison à vie, à 700 ans de prison... Pourquoi n’en parle-t-on pas plus ?

Il y a aussi deux députés en prison : Hussam KHADR, du camp de Balata (Naplouse), Président du Comité pour le droit au retour des réfugiés des camps, et Marwan BARGHOUTI qui vient d’être condamné à plusieurs fois la prison à vie. Selon les accords d’Oslo, ils étaient protégés par leur immunité parlementaire. Ils ont été kidnappés en Cisjordanie, dans une terre sous autorité palestinienne, et Marwan a été jugé par un tribunal pour les droits communs.

Le Club du prisonnier Palestinien

Nadi Al-Asir est une association qui a été fondée en 1993 et réunit 50.000 personnes, tou(te)s ancien(ne)s prisonnier(e)s. Toutes celles et tous ceux qui sont passés par les prisons israéliennes sont membres de l’association.
Nadi Al-Asir existe dans toutes les villes de Palestine. Particulièrement dans la région d’Al Khalil (Hébron), d’où sont originaires 2.400 des 8.500 prisonniers actuels.
Nadi Al-Asir fait un travail de soutien aux prisonniers, et aux familles des prisonniers : colis alimentaires, aide à la scolarité des enfants ...
Le club des prisonniers fait un travail d’information sur la situation dans les prisons, et se bat pour la libération de tous les prisonniers, sans considération d’appartenance politique. Il est prévu par les conventions internationales qu’il y a libération des prisonniers quand il y a des négociations de paix. Bizarrement cette question n’a pas été réglée à Oslo. Et l’expérience montre qu’Israël n’a jamais montré une volonté de libérer des prisonniers dans les négociations. Il n’y en a eu que lors d’échanges de prisonniers.
40 avocats travaillent en permanence avec Nadi Al-Asir al-Filistini. Fréquemment humiliés, et traités en inférieurs dans les prisons israéliennes, ils s’accrochent parce qu’ils sont le seul lien entre les prisonniers et leurs familles puisque les visites des familles sont interdites.

A la question posée par quelqu’un : "comment voyez-vous l’avenir ?" Ils répondent : "C’est le brouillard. Mais au-delà du brouillard, on va vaincre, parce que c’est notre terre, notre pays. Nous voulons vivre sur notre terre. Le but du sionisme est de nous enlever de cette terre. La résistance des peuples contre l’occupation est un droit. Mais comme il existe peu de justice dans ce monde, cette résistance du peuple Palestinien est considérée comme du terrorisme."

Le rôle de la France et de l’Europe ? "On s’attend à plus. Le fait de dénoncer ne suffit pas. Il n’y a rien d’effectif.
Le peuple palestinien a une vision d’une France qui le soutient, mais...".
"Comment se fait-il que les gens ne protestent pas ici devant les destructions des réalisations payées avec l’argent de l’Union Européenne ? "

Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Amjad et Abu-Rasmi ont dit combien ils avaient besoin que l’on fasse connaître ce qui se passe, et d’une solidarité humaine avec les prisonniers et à leurs familles :
- Parrainer des prisonniers, parrainer des enfants prisonniers, leur écrire, faire connaître leur situation, exiger leur libération.
- établir une correspondance avec les femmes prisonnières.
- Créer des liens amicaux entre des familles d’ici et des familles de prisonniers. Soutenir notamment les familles qui ont des enfants prisonniers.
- Aider les avocats (qui parfois pendant des mois ne sont pas payés, quand il n’y a pas d’argent).
- Des prisonniers sont malades et blessés. Les avocats ont des dossiers. Exiger des soins, aider à les faire soigner après leur libération.
- apporter une aide financière.
- quand les prisonniers sont libérés, ils n’ont souvent plus de dents. Un projet du club des prisonniers est de faire quelque chose dans le domaine dentaire. Il existait un dispensaire à Al Khalil, qui a été détruit en 2002. Nadi Al-Asir voudrait construire un centre de soins dentaires. Il y a besoin également d’un labo d’analyses médicales, pour que les prisonniers puissent passer des examens à leur sortie de prison.

Un appel est donc lancé à toutes celles et tous ceux qui veulent faire quelque chose pour les prisonniers palestiniens : aux personnes et familles, comme aux avocats et aux médecins d’ici qui pourraient aider.

Pour la région stéphanoise, une équipe se constitue, composée notamment d’étudiant(e)s, pour mener cette action à bien. Et commencer à tisser des solidarités de famille à famille.
Nous invitons toutes celles et tous ceux qui veulent apporter leur participation à cette action à nous contacter.

— 

Houda Gueddoudj, Omar Ba, Yamna Belahcene, Lamia Bouaers, Leila Boubakri, Mounia B., Roger Dubien.

Contact : Houda Gueddoudj
houda.gueddoudj@c2m.univ-st-etienne.fr
06 19 97 55 20

Pour contacter Raghida Ousseiran, de l’association Palestine en marche (Lyon...) qui agit pour les prisonniers Palestiniens : écrire à palmar@tiscali.fr

Le site web de Nadi Al-Asir al-Filistini
Des pages de ce site sont traduites en français.

A propos de la situation des enfants, voir aussi la visite de Khaled Quzmar, avocat palestinien, responsable de l’ONG DCI-Defence for Children International / section Palestine fin décembre 2003

photographies : ©M.P. Vincent St-Etienne juin 04

Messages

  • Un rapport du Ministère des prisonniers Palestiniens estime à 7 300 le nombre de prisonniers dont 474 enfants.

    http://english.wafa.ps/body.asp?field=tech_news&id=1370

    A Gaza le 21 juillet 2004, le ministère des prisonniers palestiniens à
    affirmé mardi, que le nombre de prisonniers palestiniens à l’intérieur des
    prisons israéliennes était de 7300.

    Dans son rapport, le ministère affirme que le nombre de prisonniers à
    l’intérieur des prisons israéliennes avant l’Intifada était de 748, depuis,
    ce nombre a rapidement atteint les 7 300 la date finale étant celle de la
    conclusion du rapport.

    Le rapport soutient que plus de 2 500 enfants on été faits prisonniers
    depuis la manifestation de l’Intifada, et que parmi eux 474 séjournent
    toujours dans les prisons d’israël.

    D’après le rapport « 27 enfants sont administrativement détenus, pendant que
    301 sont sous surveillance jusqu’à la date de leur procès et 146 ont connu
    des procès avec des jugement cruels ».

    Le rapport révèle également que 42 enfants ont un besoin urgent de soins
    médicaux, et 88% de ces enfants prisonniers ont été sévèrement torturés et
    maltraités, ce qui a entraîné des troubles physiques et psychologique après
    leur libération.

    Selon ce rapport 300 femmes ont été emprisonnées depuis le début de
    l’Intifada et 100 d’entres elles sont toujours détenues à ce jour, ajoutant
    que 2 femmes prisonnières ont donné naissance à leur enfant à l’intérieur
    même des prisons.
    Le rapport souligne que 167 prisonniers ont trouvé la mort suite à des
    tortures sévères dans les prisons israéliennes le dernier en date se
    nommait Bashir Oweid, il a été tué à Majeddo, camps de détention israélien.