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Abdel Jaleel Sarsour à St-Etienne pour la journée de la terre

La Palestine qui vit, qui pense, qui résiste, qui crée...

Nous ferons tomber le mur d’apartheid

mardi 5 avril 2005

Abdel Jaleel Sarsour est jeune, comme beaucoup de Palestiniens. Il est vice-président de l’Université Al Aqsa de Gaza en Palestine occupée. Il est plus particulièrement responsable de la vie du département de français de cette Université, qui est l’une des quatre universités de la "bande de Gaza" (avec l’Université Al-Azar, l’Université Islamique...). Lui-même habite au nord de la bande de Gaza, à Beit Lahia.
Vendredi soir, 70 personnes se sont retrouvées à ses côtés au FJT Le Pax, à l’invitation des étudiants palestiniens de la GUPS et le soutien de : Réseau Actions Jeunes, Amis de Naplouse, Al Qalam, Réseaux citoyens, Ahlan Bethléem, AFPS, Femmes en noir de Montbrison, Association Solidarité Forez-Palestine.

Au Pax, vendredi, avec Abdel Jaleel Sarsour

Bien des présents ont pu discuter personnellement avec M. Sarsour (et des contacts ont été pris, qui auront des suites dans les prochains mois), tout en goûtant aux plats palestiniens et en découvrant des photographies d’Abed Qusini, et celles du mur et de Jérusalem réalisées par René Gastineau. Aujourd’hui retraité, ce stéphanois est allé plusieurs fois en Palestine, notamment vers Jérusalem, avec l’aide de communautés religieuses. Il a ramené des photographies de grande qualité. Nous essaierons d’en montrer au cours des prochaines semaines...

Puis vers 19h30, Romuald Bailly, comédien, intermittent du spectacle, a ouvert la deuxième partie de la soirée en lisant le poème "état de siège" de Mahmoud Darwich, écrit pendant l’attaque israélienne, en 2002, à Ramallah. Ce poème qui contient cet appel : "Ne nous laissez pas seuls, ne nous laissez pas !".
Et puis nous avons pu écouter le témoignage d’Abdel Jaleel Sarsour sur ce qui se passe aujourd’hui là-bas...

Une période très critique pour le peuple palestinien.

Que se passe-t-il maintenant en Palestine ? Dans les médias, ici, c’est quasiment le silence. En réalité, l’occupation et la destruction continuent. Et "la période présente est une période très critique, qui ne se distingue pas de ce que le peuple palestinien a pu connaître dans des périodes précédentes" a dit Abdel Jaleel Sarsour. Un peuple palestinien qui "se trouve soumis à l’oppression et connaît des souffrances indescriptibles", mais un peuple palestinien qui résiste, qui vit, qui a "sa terre, sa culture, sa civilisation." Un peuple Palestinien dont M. Sarsour a dit le souci d’unité, un peuple qu’Israël essaie en permanence de diviser, "pour nous empêcher de penser comme un peuple uni".

"Il faut avoir une vision claire de la situation actuelle pour voir l’avenir"...
Ce 30 mars 2005, 29ème journée de la terre, il y a eu des manifestations très importantes en Palestine, condamnant les expropriations qui continuent. Des actions de condamnation du mur, de la confiscation des terres, ainsi que de la judéisation de la Palestine et des atteintes aux lieux saints musulmans et chrétiens.

"Israël poursuit sa politique. la construction du mur est une déclaration de guerre au peuple Palestinien. Sur le terrain, il n’y a rien de changé (...) Les forces israéliennes font des incursions dans les maisons, continuent les arrestations - surtout de jeunes - et resserrent l’étau sur les citoyens palestiniens dans tous les domaines (...) Il faudrait que les forces progressistes dans le monde agissent pour arrêter le grignotage du territoire. Le mur exige une campagne mondiale". Dans ce mur qui enferme ou annexe la Cisjordanie, "il y a 55 ouvertures mais elles sont régies selon des lois racistes (...) Des villages et des villes palestiniennes sont complètement isolées du reste du monde. Il arrive que des malades meurent dans l’attente de l’ouverture du mur."
M. Sarsour pense que "le peuple palestinien ne pourra pas obtenir justice sans le soutien extérieur". Mais il est "convaincu que, aussi longue soit la nuit, l’aube vient".
Extraordinaire volonté de vie du peuple palestinien.

Et Gaza ?

de g à d : Amjad Rattrout et Abdel Jaleel Sarsour

Gaza, du nord au sud, c’est 45 kms seulement. Problèmes pour aller en Egypte. Problèmes pour se déplacer dans la bande de Gaza même. Par exemple, pour venir en France, AJ Sarsour est parti de chez lui lundi. Il est arrivé à Rafah (34 kms) dans la journée du mardi. Attentes aux checks-points, qui sont fermés, au bon vouloir de l’occupant : 2h, 8h, 1 jour, 2 à 3 jours... début 2005 il y a eu une fermeture qui a duré 2 mois.
Comment ça se passe pour l’approvisionnement ? "La seule ressource c’est l’Egypte ou Israël. Quand il y a blocus, rien ne peut entrer d’Egypte. Alors, Gaza dépend entièrement du bon vouloir d’Israël. Alors, parfois tout s’arrête : les chantiers, tout..."
Et l’Université Al Aqsa ? Quand il y a blocus et fermeture des barrages autour de la ville de Gaza, il n’y a plus d’études pour beaucoup d’étudiants de la bande. Jusqu’à 3 semaines, parfois. Pour répondre à cette situation, les professeurs de l’Université ont parfois été envoyés dans les villages, pour faire les cours quand même. Au début des bouclages, l’Université Al Aqsa a utilisé une radio : la voix de la Palestine, pour faire les conférences. Depuis 4 ans, aucun échange n’est possible avec les universités palestiniennes de Cisjordanie, échanges qui étaient très importants avant. Ni évidemment avec des universités israéliennes...
L’agriculture ? "Les bulldozers israéliens ont détruit environ 80% des arbres dans les vergers de Gaza."
Les travailleurs, le chômage ? Environ "100 000 ouvriers de Gaza ont été interdits de travailler en Israël depuis 4 ans." Parfois Israël fait des concessions, et autorise avec marchandage le travail de 3000 ouvriers. Le maximum a été 8 000 une fois... "Quand on sait qu’un ouvrier palestinien n’a comme seule ressource que son salaire journalier..."
"Cette situation a abouti à l’égalisation de la vie et de la mort chez les palestiniens. Surtout qu’il est interdit de se déplacer en Israël ou en Egypte".

Gaza dépend totalement de l’aide financière de l’Union Européenne pour sa survie. On se dit quand même qu’elle est bizarre et cynique cette politique : maintenir un peuple en survie sous perfusion tout en continuant à laisser faire le crime... et le criminel.
Les opérations de l’armée israélienne sur les civils ? "C’est au delà d’un comportement humain. Il y a eu des maisons détruites avec leurs habitants dedans". Il est "fréquent que les chars circulent entre les maisons. Les enfants sont terrorisés". Abdel Jaleel Sarsour a parlé tout doucement de son enfant de 7 ans, qui ne peut pas dormir seul et qui fait très souvent le cauchemar que les soldats israéliens rentrent dans la maison. Et "des milliers de familles vivent dans des conditions bien pires..."
M. Sarsour a expliqué la tactique israélienne dans toutes les négociations : gagner du temps, faire traîner, soulever toujours de nouveaux problèmes, faire perdre du temps, ne jamais aboutir, et pendant ce temps, grignoter jour après jour la terre palestinienne.

Question : croyez-vous qu’Israël va évacuer les colons de Gaza ? "C’est ce qu’ils disent. Il existe un espoir".
De toutes façons à Gaza, les colonies n’ont pas de place, c’est tellement petit et surpeuplé. Et le problème essentiel à Gaza n’est pas les colonies, c’est de savoir comment vont vivre ces 1 million d’habitants (dont beaucoup sont des réfugiés chassés de leurs terres et de leurs villages aujourd’hui en Israël) massés et parqués dans un tout petit espace. "Quel territoire va-t-on donner à la jeune génération ?"

Construire des ponts

Question : "que pouvons-nous faire ici qui soit efficace pour aider les palestiniens ?" "Venir en Palestine, créer des échanges, des coopérations, des jumelages entre les deux sociétés". Entre organisations non gouvernementales des deux sociétés. Organiser des visites. "La simple présence d’un étranger en Palestine peut être une aide." Aller découvrir les situations sur le terrain.
Par exemple, des universitaires des Etats Unis sont venus. A leur retour aux USA, ils ont envoyé 200 000 livres à la bibliothèque de Gaza.
A l’Université Al Aqsa, il y a un département de français. Un club francophone. Un site web francophone vient d’être créé. Les étudiants de Gaza veulent développer des échanges avec des étudiants français. Et pourquoi pas des échanges entre St-Etienne et l’Université Al-Aqsa ?
Et pourquoi pas un jumelage avec Beit Lahia ?

Cette soirée a donné des idées pour la suite des échanges et de la solidarité... On en reparlera.
Nous reparlerons aussi bientôt du Centre de loisirs pour enfants dont la construction commence dans un quartier populaire de Naplouse.