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Direction l’errance

Le Maire de St-Etienne a fait expulser brutalement ce matin les familles et les enfants Rroms de Montplaisir

Et maintenant, qu’est-ce qu’il compte faire ?

jeudi 17 juillet 2008, par Roger Dubien

Aujourd’hui est une journée noire à St-Etienne pour les droits humains, et pour les droits des enfants...
Les familles et les enfants Rroms installées dans l’école désaffectée de Montplaisir ont été brutalement expulsés ce matin sur décision du Maire, par des forces de police considérables.
Cette décision est indigne, écoeurante. C’est une violence faite à des familles et à des enfants, c’est de la destruction non seulement du peu que ces personnes ont pour survivre, mais de liens crées depuis des années avec toutes les initiatives du réseau de solidarité, et surtout du travail fait avec les enfants.
Mais la brutalité ne règle rien, et donc ce soir le problème reste. Et où vont dormir ce soir les enfants Rroms de Montplaisir ?

Pour protester auprès de la mairie de st-étienne : 04 77 48 77 48 - Demander les élus.

Une partie des familles et des enfants sont maintenant sous le kiosque à musique de la Place Jean Jaurès, où la solidarité s’organise.


Ici, donc, les étés se suivent et se ressemblent. Ce matin jeudi 17 juillet 2008 a commencé peu après 6 heures l’expulsion des familles et des enfants Rroms installés dans l’école désaffectée de Montplaisir. 169 personnes étaient recencées par le réseau de solidarité, dont 62 enfants, avec lesquels un travail extraordinaire a été fait depuis des mois (voir http://solidariterroms.mi-blog.net/)
On se souvient que le 25 juillet 2006, le maire Thiollière avait fait écraser au bulldozer les caravanes des familles Rroms installées sur le terrain du Clapier. Et que le 8 Août 2007, le même Thiollière avait fait expulser par la force les familles Rroms installées au squat Béraud à Centre Deux, familles alors dirigées - y compris par la mairie elle-même - sur l’école de Montplaisir. Ce 17 juillet 2007, c’est le maire Maurice Vincent - élu depuis 120 jours seulement - qui continue le travail d’expulsion et de dispersion des familles et des enfants Rroms au mépris de tout ce qui a été construit avec un réseau de solidarité particulièrement actif dans la ville.
Tout cela est lamentable et honteux.

L’expulsion de ce matin n’était pourtant pas vraiment attendue, même si les menaces et les pressions se précisaient ces derniers temps...
Aujourd’hui avait lieu un départ de familles Rroms organisé par l’ANAEM. On connaît la musique. Les promesses faites par l’ANAEM de réinstallation en Roumanie sont du vent, expériences vécues et témoignages vérifiés à l’appui. Mais ça aide Hortefeux à atteindre ses objectifs de quotas. Même si ça coûte cher et si la plupart des familles reviennent. Car c’est sans fin...
Ce matin, donc, deux cars de la Cie Philibert se sont rangés vers 5h30 devant l’école de Montplaisir. Les familles qui avaient décidé de partir étaient présentes avec leurs affaires. Les militants du réseau de solidarité aussi, qui avaient installé des tables de camping avec le petit déjeuner. Selon la Préfecture, une quarantaine d’adultes et 15 enfants seraient ainsi partis.

Mais un peu après 6 heures, des forces de police considérables sont arrivées et ont bouclé le quartier. Impossible de passer au carrefour de Beaulieu en haut de la rue de Terrenoire. Barrage aussi du côté de l’esplanade de Montplaisir vers le haut de la rue de la Richelandière. 12 cars de CRS rue des villas. Blocage de la rue Pierre Loti par 6 fourgons de gendarmes et un paquet de camionnettes de Police... Au total, au moins 25 cars de CRS, gendarmerie, Police, ont participé à l’opération. Soit autour de 200 policiers et gendarmes (combien ça coûte la préparation et le déroulement d’une telle opération ?). Et ces forces ont commencé à investir l’école.

Cette fois, ce n’était pas le réveil des enfants pour aller à l’école, mais l’ouverture des portes en tapant dedans à coups de pieds, pour que tout le monde comprenne bien de quoi il s’agit.
Les forces de Police présentes avaient tout l’équipement pour le combat de rue, avec harnachement, boucliers, tonfas etc... Vers 10h on en verra sortir avec des béliers et de grandes pinces. Ils s’attendaient à quoi, au fait ?
Les militants présents du réseau de solidarité ont été repoussés de plus en plus loin.
L’huissier de la mairie Me Berger, présent sur les lieux, a confirmé qu’ordre était donné aux familles de prendre leurs “affaires de valeur” et de sortir. Tout le reste, tout ce que ces familles avaient accumulé pour survivre, dont un peu de mobilier et d’appareils de cuisine, des matelas, des couvertures... devait être abandonné pour être détruit. Un peu plus tard, le réseau de solidarité a obtenu que 4 personnes - non Rroms - puissent entrer 1/2 heure pour prendre une dizaine de matelas, quelques appareils, quelques couvertures... Dérisoire. Une nouvelle fois ces familles devront recommencer à zéro. Elles ont l’habitude de l’errance, n’est-ce pas...
Présentes à l’intérieur de l’école au moment de l’arrivée des forces de Police, Anne Sara et Adeline ont tout de même pu sauver les jouets et matériels scolaires qui se trouvaient à ce moment dans la salle des enfants et réussi à les faire sortir. Mais les enfants qui avaient ça “chez eux” ont tout perdu.
En sortant, bien entendu, passage vers un camion pour contrôler, photographier et enregistrer les présents. Comme à Béraud en 2007. Ils tiennent leurs listes à jour. Les militants du réseau de solidarité (une dizaine étaient présents) ont eux été abondamment flashés...
Si certains policiers se sont comportés correctement, d’autres se sont lâchés. On a entendu le classique “hébergez-les chez vous”. Où encore : “c’est avec mes sous qu’ils sont là”. A quoi quelqu’un du réseau de solidarité a répondu : “et c’est avec mes sous qu’on vous paie”. Un autre policier a pris à partie un enfant de 11 ans “toi, tu fais trop le malin”...

C’est une décision du Maire de St-Etienne

Il est insupportable que des élus de gauche se comportent de cette façon, méprisent comme ça la dignité et les droits humains. Ceux qui ont pris cette décision et ceux qui la justifieront se déshonorent. Au dernier conseil municipal, le maire avait dit qu’il fallait régler le problème de Montplaisir de façon “digne et humaine”. On est servi.
C’est probablement parce qu’ils le sentent eux-mêmes qu’ils rechignent à en assumer la responsabilité. Pas très courageux. Ce jeudi 17 juillet, pas un seul élu n’était présent à Montplaisir. Le maire était injoignable, absent. Apparemment, le 1er adjoint M. Coynel et le responsable à la sécurité M. Ferrara ont dit à la presse que ce n’était pas la mairie qui avait décidé l’expulsion, mais la Préfecture.
Mais bien sûr que non. La réalité est que le Préfet de la Loire a accordé - avec entrain sans doute - le 9 juillet le “concours des forces de Police” pour l’expulsion des Rroms décidée par le Maire.
L’expulsion est l’application d’un jugement obtenu au TGI par M. Thiollière en mars 2007, jugement que M. Thiollière n’avait pas osé ou pas pu faire appliquer. De façon surprenante, la nouvelle municipalité de gauche a poursuivi la procédure en Justice et demandé au juge de l’exécution l’évacuation (jugement du 16 juin 2008).
On connaît la musique, c’est bien sûr en raison de la “situation alarmante” “en termes d’hygiène et de sécurité” que des familles et enfants sont mises à la rue. C’est plus confortable, la rue, sans doute...
Pourtant, il n’y avait pas d’urgence à récupérer l’école désaffectée de Montplaisir : le projet d’installer ici l’école de la Croix-Rouge a été abandonné, elle s’installera au CES de la Cotonne. On avait le temps de trouver des logements décents.
Le réseau de solidarité, qui avait demandé une énième fois au maire l’ouverture d’un vrai processus de discussion pour trouver des solutions d’hébergement digne, en associant aussi les autres institutions (conseil général, DDASS, St-Etienne métropole, région Rhône-Alpes...) attendait depuis des jours une réponse promise par le maire. Elle n’est jamais arrivée.
Ce matin c’est l’huissier de la mairie Me Berger qui participait à la direction des opérations.
Un responsable de service de la mairie, M. Jayol, était présent avec une dizaine de personnels municipaux et on pouvait voir 3 camionnettes de la ville dans la cour. Ce sont des employés municipaux qui ont procédé aux coupures d’eau et d’électricité, et commencé - à 8h20 - à casser les vitres de l’école. Puis soudé les portes à 9h...
Après 10h30, l’expulsion terminée, c’est la Police municipale qui a pris le relais de l’occupation de l’école.
En début d’après midi une fumée noire sortait des bâtiments, alors qu’un camion de pompiers était dans la cour. Selon certains dires, des pneus auraient été brûlés à l’intérieur pour tout dégrader et rendre inutilisable ce qui restait à l’intérieur - l’essentiel des affaires des familles Rroms - et rendre impossible tout retour.

Apparemment la mairie aurait publié un communiqué disant que concernant les Rroms tout était de la responsabilité de l’Europe et de l’Etat. Même l’hébergement ce soir des enfants expulsés de Montplaisir ?
Pour en finir avec cette question : qui a décidé ?, la Préfecture a publié un communiqué indiquant que l’expulsion avait eu lieu à la demande de la mairie.
Le discours de la Préfecture, lui, est invariable, c’est celui de Hortefeux : ces familles "n’ont pas vocation à être en France”. La solution proposée cet après-midi par le Directeur de cabinet du Préfet M. Buchaillat : les raccompagner en Roumanie. Ils ont déjà refusé ? Oui, mais ils peuvent changer d’avis. Et on devine un regret, quand il doit reconnaître que toutes les personnes contrôlées ce matin étaient en situation régulière en France...

Maintenant, des familles et des enfants sont sous le kiosque à musique place Jean jaurès.



La salle de jeu et d’activités des enfants y a été reconstituée dès ce midi.
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Jeter à la rue des familles et des enfants, c’est assez facile. Mais après, qu’est-ce qu’on fait ? Où dormiront ce soir les enfants Rroms ? Est-ce que quelqu’un y a pensé, dans l’un des deux bâtiments qui encadrent la Place Jean Jaurès : la mairie et la préfecture ?
169 personnes moins une cinquantaine de départs : il reste donc entre 110 et 120 Rroms à la rue dont une cinquantaine d’enfants. A midi, 70 personnes dont 15 enfants étaient au kiosque à Jean Jaurès. Comme en 2006 après l’écrasement des caravanes au Clapier.

Roger Dubien
Ancien conseiller municipal de St-Etienne.

Photos : Marie-Pierre Vincent.



kiosque vendredi

kiosque jeudi soir

Messages

  • Aujourd’hui vendredi 18 juillet, les familles rroms qui ont passé leur première nuit dehors sous le kiosque de la place Jean Jaurès, suite à leur expulsion par le maire de St Etienne de l ‘école désaffectée de Montplaisir, seront, avec le réseau de solidarité, sur les marches et le parvis de l’hôtel de ville de 14H30 à 16H30 avec des banderoles, un tract et une pétition pour exiger du maire qu’il trouve un lieu d’hébergement en urgence (va-t-il les laisser passer une seconde nuit dehors ?) et qu’il ouvre des discussions pour dégager une solution d’hébergement et d’accueil décent pour ce familles.

    Si vous êtes libres, votre aide sera la bienvenue.

    Par ailleurs vous pouvez appeler le maire pour protester contre l’expulsion et pour exiger que ces familles soient relogées.

    Standard de la mairie : pl Hôtel de Ville 42000 SAINT ETIENNE : 04 77 48 77 48, puis demandez le cabinet du maire

    Fax mairie : 04 77 48 67 13

    Fax cabinet du maire : 04 77 41 61 81

    Georges Günther

    • Bonjour,
      Il est déjà 18h15.
      C’est aujourd’hui le deuxième jour d’ attente pour les enfants de
      Jean-Jaurès.

      Comme c’est parti, ils coucheront encore dehors cette nuit avec leurs
      parents, sous le kiosque à musique.

      La mairie de St-Etienne a proposé en fin de cet après-midi, par téléphone,
      à une personne du Réseau Solidarité,
      un terrain, aux confins de la ville,
      un terrain tout nu, où "placer" les familles rroms,
      un terrain sans toits,
      un terrain pour coucher par terre.

      Il n’y a pas vraiment de nom pour qualifier cette proposition !

      marie-pierre vincent