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Une pensée pour Rafah

mardi 18 mai 2004, par Ziad Medoukh

Ziad Medoukh est Palestinien, il enseigne le français à Gaza. Il séjourne pour un an en France, où il poursuit ses études supérieures en langue française.
Voir l’article de Ziad Medoukh sur le site Solidarité Palestine

Rafah ©droits réservés

Voir le site Solidarité Palestine

A St-Etienne, retrouvons nous ce mercredi 19 mai à 17h30, devant la Préfecture de la loire, pour protester, exiger que ça s’arrête, exiger que les autorités françaises et européennes interviennent. Nous demanderons à être reçus par le Préfet de la Loire.

"C’est terrible, ce qui se passe dans la ville de Rafah au sud de la Bande de Gaza, ou dans ce qui reste de cette ville courageuse qui a donné le plus de martyrs pour la Palestine pendant cette deuxième Intifada.
Jusqu’à ce matin, plus de 150 maisons ont été détruites totalement ou partiellement par les forces de l’occupation israélienne, et après le feu vert donné par la Cour suprême de l’État le plus démocratique de la région, plus de 1.500 maisons sont sur la liste pour être effacées de la ville de Rafah, c’est-à-dire la moitié de cette jolie ville agricole à la frontière égyptienne.
C’est horrible de voir des enfants, des femmes, des personnes âgées, des vieillards, des civils et des innocents qui se trouvent sans abri dans des stades ou des écoles voire des tentes, dans des conditions inhumaines comme la chaleur et le manque de moyens.
C’est affreux de voir tout cela et de rester silencieux devant des mesures prises par une armée, un gouvernement et des représentants de la justice contre qui ? Contre des civils, des citoyens qui ont commis une seule erreur : celle d’être Palestiniens.
C’est bizarre de n’entendre aucune réaction de ce monde qui se déclare libre et démocrate, mais qui devant les crimes et les mesures inacceptables de cette armée d’occupation reste silencieux, voire complice. Où est la démocratie, où sont les droits de l’Homme ? Où est la justice ?
Même les organisations qui défendent les droits de l’Homme partout dans le monde, et qui sortent des communiqués et des communiqués quand un édifice religieux est touché, restent silencieuses alors qu’il y a des centaines, voire des milliers des Palestiniens qui sont à la rue... Est-ce là votre cause, sont-ce là vos principes, vous qui n’avez même pas le courage de condamner, de dénoncer, comment voulez-vous réagir alors ?
Même les médias : ils font exprès de ne pas montrer les images des maisons palestiniennes détruites par l’occupation et ses bulldozers. Ces médias se sont longuement arrêtés devant les images qui montrent des manifestations condamnant l’antisémitisme en Europe, mais devant les larmes des enfants palestiniens obligés de continuer à vivre dans des tentes ou dans la rue, il n’y a rien à dire... Où sont les principes et où est la liberté d’expression ?
Les Palestiniens sont devenus isolés dans ce contexte d’injustice et d’indifférence totale de la part de la communauté internationale. Heureusement que dans ce monde des intérêts, ce monde silencieux, ce monde d’égoïsme, il y a toujours des gens, des personnes, des journalistes et de simples citoyens qui continuent à dire non à l’injustice en Palestine ; qui continuent de dénoncer les crimes de l’occupation israélienne en Palestine et à Rafah ; et qui continuent avec courage de dénoncer toutes les mesures d’une occupation qui déteste la lumière, mais surtout qui continuent de montrer leur solidarité avec mon peuple opprimé, et qui continuent d’informer et de sensibiliser les autres sur ce qui se passe en Palestine, une Palestine blessée certes, mais une Palestine qui garde toujours l’espoir d’une paix juste et durable.
Une pensée pour Rafah, pour les habitants de Rafah, pour les femmes de Rafah, pour les enfants de Rafah, les citoyens et les habitants de Rafah qui ne trouvent que le ciel pour se protéger après la destruction massive de leurs maisons par des soldats et une armée qui continuent une guerre contre toute la population civile en Palestine.
Hier Jénine, aujourd’hui Rafah, et demain un autre quartier, un autre camp voire une autre ville en Palestine, qui vont être détruits, dévastés et effacés de la carte, surtout avec le silence et la complicité de beaucoup de pays envers ces crimes israéliens.
À tous ceux qui continuent à parler démocratie et droits de l’Homme, et à tous ceux qui pensent qu’ils sont des hommes libres, je vous demande une chose : une pensée pour Rafah.
Une pensée pour Rafah seulement, je sais que vous êtes devenus indifférents, et que vous n’osez pas dire la vérité car vous avez peur de vous faire traiter d’antisémites, sachant que vous êtes en train de dénoncer des crimes commis par un gouvernement et une armée seulement.
Une pensée pour Rafah et pour les victimes de Rafah : quand vous amenez vos enfants à l’école le matin, pensez aux enfants de Rafah qui dorment dans les écoles car leurs maisons ont été détruites, pensez aux femmes de Rafah qui préparent à manger pour leurs enfants dans des tentes fragiles, pensez aux gens de Rafah et à leurs conditions inhumaines quand vous enseignez les principes de la démocratie et les droits de l’Homme à vos élèves et à vos citoyens.
Sachez que les Palestiniens vont résister sur leur terre sacrée de Palestine, malgré toutes les mesures de cette occupation inhumaine, les habitants de Rafah et tous les Palestiniens resteront attachés à leur grande patrie, la Palestine, la Palestine de paix, la Palestine d’espoir."

Le 17 mai 2004.