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La 3ème fête des AMAP de la Loire...

Des AMAP et autres projets pour soutenir l’agriculture paysanne...

vendredi 23 septembre 2011

Dimanche 18 septembre, c’était la 3ème édition de la fête des AMAP de la Loire, et elle a donc eu lieu chez les Dumas, à Chevrières et a réuni un peu plus de 80 personnes, dont une vingtaine de paysans.
Vers 10h30, la pluie a décidé de s’éloigner, et même s’il ne faisait souvent pas très chaud, le soleil est quand même apparu dans l’après-midi, au moment de la discussion. Évidemment, on aurait préféré toute une journée de grand beau temps, mais ça allait...
A la fête des amap, chacun arrive quand il veut, en général un peu avant le repas... Comme tout le monde apporte un peu plus, et le met à disposition - en dehors de tout objectif commercial comme chacun sait -, et comme Florence Dumas avait préparé des choses de son côté, il n’y avait pas de risque que quelqu’un meure de faim, ni de soif...
Et puis en fin de matinée toute une équipe était allée préparer les fromages blancs, servis avec un coulis de mures et de sureau...











Le repas ça dure ... longtemps. Sauf pour les accrocs aux jeux. Jeux initialement prévus surtout pour les enfants...
Après le repas ont commencé les promenades en calèche... Et puis des visites des installations de la ferme, et notamment des vaches - des génisses - et des veaux, surtout que les chapiteaux étaient installés le long du bâtiment de la stabulation. Car les laitières, au pré dans la journée, ne sont rentrées qu’en fin d’après-midi, pour la traite.

Tout ça en chansons et en musique, avec Calogero Lamarca et avec Odile Talon et le groupe "Crêt de folk"... qu’on remercie tous très sincèrement.






Vers 15h45, moment de discussion, qui a quand même duré une bonne heure et demi. Une discussion très concrète à partir de 4 projets en chantier qui touchent à l’alimentation et à l’agriculture. L’occasion de se donner mutuellement des infos sur des initiatives en cours qui participent d’un même objectif que celui des AMAP : soutenir l’agriculture paysanne, se réapproprier notre alimentation et la production de la nourriture.

On sait que le 1er problème des paysans est de tirer de leur travail un revenu leur permettant de rester paysan. Avec des semaines de 70 heures et des installations de 100 000 à 1 million d’euros, beaucoup bataillent à sortir un smic en bout de course ! Parce que les prix auxquels leurs produits sont achetés par l’industrie agro-alimentaire et les centrales d’achat de la grande distribution sont souvent inférieurs aux coûts de production (évidemment ce n’est pas perdu pour tout le monde, ce sont les firmes qui empochent la valeur). Et aussi parce qu’il faut rembourser les emprunts qu’on pourrait presque appeler "volontaires obligatoires" (le terme a été inventé sans rire dans le domaine du contrôle des semences), si l’on veut être "dans les normes" : les emprunts pour les installations (une stabulation/salle de traite c’est souvent 200 à 300 000 euros), les emprunts pour les machines... Tout ça, ça fait marcher le système, et les équipementiers agricoles et les banques, évidemment. En bout d’une course qui ne s’arrête jamais, il reste à pas mal de paysans une misère pour un gros boulot...
C’est pourquoi tout ce qui permet de payer aux producteurs de la nourriture un prix plus juste en développant la vente directe - les initiatives qu’on appelle des "partenariats locaux solidaires" - comme les AMAP, Alterconso sur la région lyonnaise, De la Ferme au Quartier sur St-Etienne... est si important. Et aussi les magasins de producteurs, les achats directs à la ferme, ou aux paysans sur les marchés. "Sortir du supermarché", c’est aider les producteurs à pouvoir continuer à produire. Et savoir ce qu’on mange.
Un peu plus de 100 fermes sont aujourd’hui engagées dans les "partenariats locaux solidaires" que sont les 23 AMAP de la Loire (bientôt 24) et les 9 lieux de livraison de la FAQ-De la Ferme au Quartier.

Evidemment, les choses étant ce qu’elles sont, et l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution ayant la place qu’elles ont aujourd’hui en France (la situation est différente dans beaucoup de pays, heureusement), il est en même temps indispensable de les obliger à payer des prix plus corrects aux producteurs, et que les institutions publiques fixent des règles et prennent des lois - une politique agricole - pour qu’il en soit ainsi.
Mais la bataille se mène sur tous les fronts en même temps... Et les initiatives qui permettent d’appuyer l’agriculture paysanne sont à multiplier.


Jean-Luc Juthier, paysan producteur de fruits à Maclas a présenté le GFA-Groupement Foncier Agricole en cours de création autour du GAEC de La Ferme aux Mille Fruits. Ce projet, appuyé sur deux AMAP, est ouvert à tous. Il s’agit de sauvegarder des terrains agricoles, et même d’y installer en plus un maraîcher, au moyen d’une propriété coopérative de la terre, les paysans gardant bien sûr la maîtrise de la ferme, mais n’ayant pas spécialement envie d’acheter les terrains (voir).
32 000 euros à collecter, dont 9 000 pour la 1ère phase immédiate. Aux toutes dernières nouvelles, on en est à 11 000 euros d’engagements...
Un rendez-vous sur la ferme aura lieu ce samedi 24 septembre à Chorée à Maclas. Le GFA va démarrer cet automne, les premiers achats de terre auront lieu en octobre-novembre...

Florent Chapelle a présenté l’atelier de transformation pour produits carnés en cours de création par 6 paysans des monts du Lyonnais et du Gier.
Cet atelier permettra notamment la découpe de la viande, puis de la transformation et du conditionnement. Aujourd’hui, les paysans doivent faire sous-traiter, car il n’existe pas d’outil collectif dans ce territoire. La découpe c’est le 2ème souci, le 1er est l’abattage, surtout depuis la vente de l’abattoir public de la Talaudière.
L’idée est donc de créer une CUMA - coopérative d’utilisation de matériel agricole, qui facilitera sans doute aussi l’installation de nouveaux paysans. Il n’a pas été possible de trouver un terrain d’installation sur les Monts du Lyonnais, alors cela se fera finalement dans le Gier, à Tartaras.
Le projet est ouvert à d’autres paysans qui pourraient être intéressés. Il reste notamment de la place pour le porc. Il peut accueillir 9 à 10 paysans.
Bien sûr, cet atelier aidera en particulier les paysans qui s’engagent dans des partenariats type AMAP, c’est un équipement adapté à l’agriculture paysanne.
Du coup on a parlé de l’abattoir. Après la privatisation de l’abattoir de St-Etienne/la Talaudière, les paysans sont priés d’aller faire abattre les porcs et les ovins ailleurs. Par exemple à Charlieu pour les porcs. Ce qui double le prix de l’abattage, a expliqué Paul Chataignon, sans parler de la moindre qualité de la viande, à cause du transport et à cause des bagarres entre porcs de différents élevages entassés ensemble. Il a été question d’un abattoir public à St-Cyprien. Mais finalement c’est cuit. Maintenant on parle d’Andrézieux... En attendant le temps passe et toujours pas de solution. Dans d’autres pays d’Europe, l’abattage à la ferme, ou à l’échelle de quelques fermes, est autorisé. Une rencontre européenne sur les outils pour les circuits courts aura lieu à Tartaras fin octobre. Il en sera question...

Georges Gunther a présenté "De la Ferme au Quartier", qui a commencé ses livraisons début mai dernier, et est présente dans 9 quartiers de St-Etienne.
Actuellement sous forme associative, avec une participation paritaire des paysans et familles, et un CA composé de paysans, de familles et de responsables des associations partenaires des lieux de distribution, la FAQ fonctionne avec des contrats, comme les amap.
Sa conception a été le résultat d’un long processus de discussions, qui s’est appuyé sur l’expérience d’Alterconso à Lyon.
Finalement il a été décidé de faire ni une épicerie sociale et solidaire qui fonctionne avec la grande distribution et la banque alimentaire - c’est à dire au fond au fond accompagnerait le système ; ni même une épicerie sociale et solidaire qui s’efforcerait de "nourrir les pauvres" mais en achetant aux paysans.
Pas de "catégorisation" des personnes, pas de ghetto. Tout le monde peut venir acheter de la nourriture, et cette diversité est un objectif. Elle est d’ailleurs la condition du fonctionnement, car celui-ci est solidaire : les frais de fonctionnement, pour payer les emplois, sont financés différemment selon les ressources des familles (de 0 à 20% du montant des contrats, en fonction quotient familial). Et les familles qui ont des aides sociales des CCAS vont pouvoir accéder à ces paniers (des contrats de 3 mois sont possibles).
Les prix sont fixés pour 6 mois par des commissions familles/paysans/salariés de la FAQ.
Aux paysans, il est demandé le respect de la charte de l’agriculture paysanne, et la non-utilisation d’OGM. 
Pourquoi autre chose que les amap ? Y a-t-il un risque qu’il y ait moins d’échanges que dans les AMAP ? C’est proche des AMAP, mais un peu différent. A cause des emplois. De la possibilité aussi pour des paysans qui ne sont pas en mesure de livrer des paniers complets ou toute l’année d’entrer dans la danse. Et puis ça veut contribuer à étendre rapidement vers de nouvelles familles l’approvisionnement auprès des paysans.

Enfin Martine Chevalier a présenté la Maison de la semence en cours de mise en place aussi dans la Loire. Cette initiative a mûri au cours des deux dernières années au sein du collectif Zérogm 42 et de l’équipe de travail "nourrir l’humanité" et de rencontres avec Bob Brac de la Perrière, Guy Kastler, Jean-Pierre Berlan, Marc Dufumier, Douglas Estevam, Jean-Yves Griot, Christian Vélot...
Elle réunit des paysans, des jardiniers, des personnes intéressées par ces questions. Des "professionnels" comme des "amateurs".
Il s’agit de sauvegarder des semences anciennes, ou moins anciennes. De se les échanger. D’apprendre ou réapprendre à faire ses graines et ses plants. De faire vivre concrètement la biodiversité, en la cultivant.
Et de résister aux politiques de privatisation des semences, de main-mise des firmes sur ces semences si importantes pour que l’humanité puisse se nourrir. Au passage a été explicité ce scandale que constitue l’interdiction pour les producteurs d’utiliser des semences non inscrites au catalogue si c’est pour vendre la production, et même de ressemer librement leurs graines, puisqu’ils doivent payer dans ce cas une “contribution volontaire obligatoire” (rien que les mots en disent long) aux semenciers qui tiennent à récupérer de cette façon les profits dont les ont privés les paysans devenus autonomes vis à vis de leur système.
Une visite vient d’avoir lieu à la Maison des semences d’Agro-bio Périgord, qui sont les précurseurs et inventeurs en France de ce concept, après l’avoir ramené de voyages et discussions au Brésil.
La Maison de la semence aura plusieurs pieds, dans des fermes et d’autres locaux associatifs. Et entend participer au Réseau Semences Paysannes qui travaille depuis une dizaine d’années là-dessus.

Avec tous ces projets, et bien d’autres, on est dans le concret et les résistances réelles à un système qui élimine les paysans et uniformise notre nourriture.


Une autre victoire a fait chaud au coeur de tout le monde : Philippe Marquet a expliqué comment Lactalis venait de perdre son procès contre lui-même et la Confédération paysanne. Ce n’était pas ce qu’espérait la multinationale quand elle a décidé de traîner les paysans au Tribunal pour les actions de 2009 au moment de la grève du lait. Mais il s’est trouvé des juges pour juger sur le fond, prendre en compte la situation des paysans et la légitimité de leurs actions de résistance. Et condamner Lactalis à payer les frais de justice et 1500 euros à la Conf’...
On espère que les juges du procès de Colmar qui vont juger à la fin du mois les paysans et autres citoyens qui ont arraché un essai de vigne OGM auront la même hauteur de vue et le même souci du bien commun...

Bon, après ces bonnes nouvelles, et alors que la plupart des paysans présents partaient pour retourner au boulot - puisque les vaches donnent du lait même le dimanche soir - il a fallu ranger un peu le bazar, démonter les chapiteaux, plier les tables... Le tout a été fait en moins d’une heure. Et avec tout ça on est rodé pour l’année prochaine...

Merci à Florence et Michel Dumas et à Camille, Romain et Pierre-Louis qui nous ont accueilli avec beaucoup de gentillesse, et ont pris du temps pour permettre cette fête, parce que ça en demande pas mal d’accueillir 80 personnes un dimanche, alors que chaque journée est déjà bien chargée.

Voir la fête 2011 à Sauvain

Et la fête 2010 à Colombier

Une présentation de la ferme de Michel et Florence Dumas

Le blog de la fête des AMAP de la Loire