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Former des enseignants en ZEP...

Yves Scanu, directeur de la maternelle Gounod de Montreynaud, et l’équipe enseignante, demandent l’annulation de la fermeture de cette école en tant qu’école de formation des enseignants

mercredi 6 juin 2012

Le directeur académique de la Loire a décidé en début d’année de supprimer l’école de formation située à Montreynaud, en ZEP, l’école maternelle Gounod. Cette école, si la décision est maintenue, ne formera plus les futurs enseignants. C’est pourtant la seule des 5 écoles de formation du département de la Loire qui soit située en zone d’éducation prioritaire, où les nouveaux enseignants sont parfois nommés.
Devant cette décision incompréhensible si l’on se place du point de vue de l’intérêt des enfants et de la lutte contre l’échec scolaire, le directeur de cette école, Yves Scanu, a adressé une lettre ouverte au directeur académique. L’équipe enseignante de cette école a également formulé un recours hiérarchique auprès du ministère de l’Education Nationale.

Cette lettre est en ligne à cette adresse : former-des-enseignants-en-zep.over-blog.com

Lettre ouverte à Monsieur le Directeur Académique de la Loire

Saint-Etienne le, 4 juin 2012

A M. le Directeur Académique
Inspection Académique de la Loire
9 rue des docteurs Charcot
42023 Saint-Etienne cedex 02

M. le Directeur Académique,

Vous avez décidé de supprimer une école de formation, l’école maternelle Gounod.
Deux arguments ont été évoqués pour justifier cette décision :
- Le premier est d’ordre budgétaire, la suppression de 54 postes d’enseignants dans le département vous contraint à récupérer des postes (dans cette opération vous en récupérez un).
- Le second est d’ordre organisationnel : vous voulez que les enseignants maîtres formateurs soient concentrés sur seulement quatre écoles du département et non cinq comme actuellement, cette organisation serait selon vous d’une meilleure efficacité.

Face à cette décision brutale, que vous avez prise sans concerter ni informer les équipes de formateurs, nous vous avons fait part de plusieurs arguments pour le maintien de cette école de formation.

- C’est la seule école du département située en zone d’éducation prioritaire, secteur où les jeunes enseignants sortants sont parfois nommés. Au-delà des actions communes de formation que nous assurions comme tous nos autres collègues, l’accueil de stagiaires dans notre école démystifiait fortement les zones d’éducation prioritaire dans leur ensemble, ce qui n’est pas négligeable.

- Nous avons également fait la proposition de rendre un moyen équivalent temps plein tout en conservant notre spécificité d’école de formation.(voir notre courrier)

À toutes ces remarques et demandes, vous n’avez jamais répondu. Ce n’est que suite à ma menace d’entamer une grève de la faim ainsi qu’à la force de conviction de ma déléguée syndicale que j’ai été reçu par l’inspecteur de l’éducation nationale adjoint.

Alors qu’aujourd’hui la première phase du mouvement des personnels est achevée, les quatre écoles de formation n’ont pas fait le plein de maîtres formateurs. Il va donc manquer de formateurs pour assumer la formation des futurs enseignants.

Lorsque l’on vous interroge sur les réponses que vous allez apporter à ce problème, vous restez évasif. Quand je vous indique à nouveau que les formateurs de notre école sont prêts à poursuivre leur mission de formateurs vous restez sans réponse.

Devons-nous finir par en conclure que les motifs de notre éviction de la formation sont ailleurs ?

L’école maternelle Gounod est une école militante autant d’ailleurs sur le plan pédagogique que sur le plan revendicatif.
- Est-ce le fait d’avoir refusé d’appliquer les programmes de 2008 (qui ont été tant décriés et que le nouveau gouvernement va refonder) qui aujourd’hui nous porte préjudice ?(voir articles lien1, lien2)
- Est-ce une manière de sanctionner le directeur que je suis de n’avoir jamais accepté de renseigner le fichier base élèves (qui lui aussi risque de ne pas perdurer si l’on s’en tient aux propos tenus en réunion publique à Saint-Étienne par Bruno Julliard) ?
- Est-ce une punition pour l’exemple parce que des membres de l’équipe se sont à plusieurs reprises exprimés dans la presse (remettant en cause le « soi-disant » devoir de réserve qui n’apparaît dans aucun texte réglementaire mais que vous nous opposez) ?(voir wikipédia) (courrier de l’administration) (article incriminé)
- Est-ce une réponse aux parents d’élèves de notre école qui ont su face à vous défendre leur école ?(voir blog)
- Est-ce la présence de deux enseignants responsables syndicaux engagés et militants qui « dérange » ?

Vous savez cependant que l’équipe enseignante de notre école a un énorme investissement pédagogique.
En 2009, nous étions sélectionnés pour participer au forum des enseignants innovants pour nos projets autour des relations école-parents.(voir vidéo et article café péda)
En 2011, vous m’avez refusé une autorisation d’absence pour participer à ce même forum et y présenter notre projet de classes multi-âges.

Je pense, M. le directeur académique, que tous ces éléments ont beaucoup plus pesé dans la balance que les deux arguments avancés pour fermer notre école de formation. D’ailleurs si ce n’était pas le cas pourquoi ne pas revenir sur votre décision ?

La proposition que nous vous avons faite vous permet de récupérer un poste comme vous le souhaitiez et sur le plan organisationnel les formateurs seront certes répartis sur cinq écoles et non quatre mais si aujourd’hui vous ne revenez pas sur votre décision, vous serez contraint de trouver des formateurs (peut-être non diplômés) qui seront essaimés un peu partout dans le département.

Face à l’injustice de votre décision et à l’impossibilité de dialogue que vous nous opposez, il ne me reste que la voie de cette lettre ouverte pour dénoncer cette décision qui est d’ailleurs symptomatique du mode de gestion en vigueur dans ce département.

Bien que s’ouvre une nouvelle ère pour l’école, vous n’avez pas encore esquissé le moindre geste qui le laisse transparaître.

Je sais ne pas être le seul à ne plus supporter le mépris dont vous nous gratifiez, j’en ai pour preuve la signature des 1500 personnes (dont de très nombreux enseignants) de la pétition de soutien pour le maintien de notre école comme lieu de formation.

C’est avec impatience que j’attends la réponse que le ministère apportera au recours hiérarchique que nous avons formulé.

Sachez, Monsieur le directeur académique, que ce qui motive ma démarche n’est en aucun mon intérêt personnel mais bien la suppression d’une offre de formation en zone d’éducation prioritaire.

J’assume pleinement cette lettre ouverte et affirme que c’est de ma responsabilité de fonctionnaire de l’état de dénoncer l’injustice et de ne pas me taire par crainte des sanctions. Ce ne sont pas des enseignants bâillonnés qui vont pouvoir conduire leurs élèves vers l’exercice de leur citoyenneté.

Monsieur le Directeur académique, je vous assure de mon engagement plein et entier, au sein d’une école du respect et de la coopération, au service de la réussite des élèves.

Le directeur de l’école
Yves Scanu