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Les Rroms et tous les réfugiés sont un miroir de notre société, de l’Europe, du monde.

Il y aurait environ 600 réfugiés dans la région stéphanoise. Dignité humaine, citoyenneté européenne et mondiale : que fait-on ?...

mardi 26 octobre 2004, par Marie-Pierre Vincent, Martine Chevalier, Roger Dubien

Le 20 octobre a eu lieu à la MJC de Beaulieu une réunion à l’invitation du "comité de soutien aux Roms" mis en place en début d’année à l’initiative du Comité de vigilance pour le respect des droits de l’homme. Environ 25 personnes étaient présentes, de plusieurs associations et mouvements. Tou(te)s "aident les Rroms", certains depuis longtemps... Un point a été fait. Que retenir ?

Sarah, rue Augustin Dupré, Saint-Etienne, octobre 2004

D’abord, concernant les affirmations du Maire de St-Etienne, au conseil municipal du 4 octobre... M. Thiollière avait déclaré [voir] que les Roms devaient quitter les squats où ils vivaient dangereusement pour aller dans les équipements prévus pour accueillir les personnes dans leur situation, citant le CADA, Revivre, Main dans la main et l’Asile de nuit.
Il s’avère que c’est ce qui s’appelle une réponse dilatoire (définition de "dilatoire" = "Procédure, moyen, argument qui tendent à retarder, à gagner du temps".)

Toutes vérifications faites, la réalité est en effet celle-ci :
- Au CADA - Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile - , il y a de la place pour deux familles à st-étienne et deux à Andrézieux. Evidemment tout le temps complet, car il semble qu’il y a 600 réfugiés en situation d’urgence dans la région stéphanoise.
- à Revivre : pas d’hébergement.
- à l’Asile de nuit : ce n’est pas du tout approprié pour accueillir des familles. Il n’y a pour cela que 2 appartements, et c’est pour quelques jours seulement, en situation extrêmement provisoire. Une délégation du Comité de vigilance y est d’ailleurs allée et le directeur de l’Asile de nuit a confirmé.
- à Main dans la main : on n’héberge plus personne depuis longtemps déjà.
Autre précision, pour éviter une fausse piste : le Foyer Renaître, qui n’est d’ailleurs pas subventionné par la ville mais par l’Etat. Il a ordre de recevoir en urgence toute personne sans hébergement "qui appelle le 115", sauf ceux des Rroms qui viennent de Roumanie. Là, il parait qu’il faut une demande spéciale.
Donc, oui, dilatoire.

Donc, les Rroms sont dans des squats et sur divers terrains de la ville. Par exemple dans un garage de l’avenue A. Dupré au Clapier (l’autre vient d’être démoli cette fin de semaine. Ses occupants se sont rabattus sur celui restant. Qui serait démoli ce mercredi, parait-il). Dans une maison rue Perret. Dans 4 squats du quartier du Crêt de Roc. Sur un terrain de la rue Sheurer Kestner (100 à 150 personnes, selon les jours), et rue Tournefort.

La "pression" sur les squats continue, ainsi que les intimidations, de la part des forces de Police (municipale, nationale). Ainsi, ce jeudi matin, descente d’une douzaine de policiers, 3 voitures, au squat de la rue Perret. Sur un appel d’un voisin qui ne serait pas tranquille avec tous ces gens et ces chiens, etc... Pas de chiens évidemment. Et que des familles très pacifiques, avec des enfants. Ce voisin inquiet existe-t-il ? Ce n’est pas sûr du tout. Finalement, après avoir cassé une porte (pourquoi ?) et demandé que les tuyaux de gaz non réglementaires soient changés (ce qui a été fait) et demandé qu’EDF vienne vérifier l’installation (ce qui a été fait, et c’est ok), et après avoir discuté avec plusieurs personnes non Rroms (une sorte de "réseau d’alerte" a été mis en place (tel, e-mail) le 20. Il a fonctionné dès le 22 au matin lors de la venue de la Police au squat de la rue Perret), les choses se sont assez bien passées, c’est une discussion civilisée qui a eu lieu. Et la Police est repartie.


Mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Et l’objectif de certains semble être de faire dégager le plus de monde possible avant le 2 novembre, début du "plan blanc" = "plan hiver". Où il n’est plus possible d’expulser aussi facilement qu’on veut.
La question reste posée : que fait la mairie de St-Etienne de positif pour essayer de venir en aide à des familles dans la détresse ? Du côté de la Préfecture et de la DDASS, il semble qu’il y ait eu un frémissement. Rappel : il y a des milliers de logements vides à St-Etienne, pour lesquels la mairie a son mot à dire.
Mais les Rroms n’ont décidément pas de chance : promis au même sort que les juifs par les nazis, qui les ont exterminés, ils continuent à errer 60 ans après en Europe. Lors de la chute de Ceaucescu, ils ont pendant un temps eu la faveur des médias et des "politiques". Mais ça n’a pas duré. Plusieurs des Rroms aujourd’hui à St-Etienne sortent pourtant des "orphelinats" du Conducator. 15 ans après, en France, ils n’ont droit qu’aux forces de Police ? Qu’elle poisse !

Autre question : manger. Et donner à manger aux enfants.. Et s’habiller. Et trouver des bouteilles de gaz pour manger chaud. Des associations de solidarité : Secours Populaire, Secours Catholique, aident. Bientôt vont ouvrir les Restaurants du coeur. Des personnes aident aussi, directement. Cette aide est indispensable, vitale, en particulier pour les enfants.
Un rappel : la mairie de St-Etienne et son CCAS refusent d’apporter une aide en nourriture.

Et l’avenir ? Une discussion a eu lieu à ce sujet. Les avis sont divers. Il y a l’idée que tout ce qu’on peut espérer, c’est de soulager un peu cette misère des réfugiés. En apportant une aide matérielle et en permettant cette survie dans les squats ou dans les caravanes. Il y a aussi l’idée que le moment est venu de poser le problème au fond. Surtout que l’on va discuter et être amenés à se prononcer sur l’Europe que l’on veut.
Tous ces réfugiés sont un miroir de notre société et de ce monde. Il est nécessaire de prendre les problèmes au fond. Un être humain est un être humain. Certaines familles vivent ici depuis deux ans, elles souhaitent vivre ici, tout simplement. Que fait-on ?
En fait, les riches s’installent comme ils veulent, où ils veulent. La France est même une "terre d’accueil" pour des riches dont la richesse a été bien mal acquise. Il n’y a que les pauvres qui n’ont pas de chance et ne sont jamais bienvenus. Où est l’humanité là-dedans ?

Un des gros arguments des partisans locaux d’une France et d’une Europe bunkers est celui-ci : "si on aide certaines familles, ils vont tous venir".
Alors pour ici, il y a une solution : que tout le monde aide un peu. Etant entendu qu’il faut s’engager dans un vaste effort pour tourner le dos à la globalisation capitaliste et au pillage de la plus grande partie du monde, qui débouche sur les mouvements de population de la misère.

On pourrait regarder de près la proposition faite par Raymond Vasselon [voir] :

"Soumettre une réflexion aux responsables politiques qui gèrent des moyens et qui ont de fait des responsabilités, quel que soit le niveau où ils les exercent (local, départemental, régional).

Est-il légitime ?
- 1- de vouloir loger, à priori, une famille comprenant enfants, parents, grands parents, dans des conditions d’hygiène, de température etc.. correspondant à un standard minimum de vie digne dans notre niveau de civilisation ? Même et y compris si cette famille ne dispose pas de tous les documents permettant de situer précisément son appartenance territoriale, sa situation économique ?
- 2- d’accueillir les enfants dans les établissement scolaires, de les nourrir et soigner correctement ?
La dessus, tout le monde va répondre oui car il s’agit tout simplement de droits humains élémentaires.

Ces mesures sont elle concrètement réalisables ?
Toutes les villes de Rhône-Alpes disposent d’un important parc de logements vacants (...) Pourquoi ne pas prévoir dans chaque ville, par exemple au prorata de son nombre d’habitants (pour répartir l’effort de solidarité sur le territoire) de mettre quelques uns de ces logements à disposition de ce type de situations ? Ce porte-feuille pourrait-être géré par des associations spécialisées sous le contrôle des pouvoirs publics. Cela ne coûterait pas grand chose à la collectivité. Cela éviterait beaucoup de conflits et de tensions.
Il n’est pas logique de voir des êtres humains réduits à s’installer dans des conditions déplorables et être chassés au nom de ces mêmes conditions.
Légitime et concrètement réalisable, une telle action ne devrait pas poser problème.
Nous pourrions soumettre la démarche aux élus régionaux, en accord avec d’autres associations bien sûr. Cela permettrait de mettre tout le monde devant ses responsabilités, notamment les responsables."

Jeudi 25 novembre, soirée d’information et de solidarité organisée par la Cimade

La Cimade fait un gros travail d’aide aux réfugiés pour leurs droits, leurs papiers.
Elle invite ce jour là à une soirée de solidarité avec les Roms dans les locaux de l’Eglise Evangélique Protestante 35 rue Denis Epitalon à Saint Etienne (quartier Tardy). Le film "Les Roms : la mémoire retrouvée" sera projeté. Et un débat aura lieu avec des représentants de Solidarité Internationale Cimade et du Comité de Soutien aux Roms de Saint Etienne.
Le programme : à 18h, rencontre avec l’Association Cimade-Loire autour du thème : "Droit des Etrangers". A 19h30 : buffet "Saveurs du Monde". A 20h30 projection du film : "Les Roms : la mémoire retrouvée". A 21h30 : débat. Libre participation aux frais.
(Contact : Cimade-Loire, 3 rue Louis Soulié, 42000 Saint-Etienne - l’après-midi, sauf mardi et samedi - tél/fax : 04 77 32 75 84).
e-mail cimade : cimadeloire@club-internet.fr
Pour une meilleure organisation de la soirée, la Cimade demande aux personnes qui participeront au buffet de bien vouloir faire signe. Merci de contacter Aurélie Pialou au 04 77 32 75 84, ou par mail. La participation aux frais est libre.

Le site web de Médecins du Monde / Romeurope

Un contact : touslescheminsmenentauxroms@wanadoo.fr

photographies de l’ article © Marie-Pierre Vincent