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Refuser une mauvaise constitution, ouvrir la porte à une assemblée constituante pour l’Europe.

jeudi 26 mai 2005, par Roger Dubien

Au fil des semaines, l’enjeu du référendum est devenu clair.
On a voulu nous faire ratifier un texte élaboré de façon absurdement technocratique et inspiré par les forces ultra-libérales. Alors que le sens d’une constitution est normalement d’organiser les pouvoirs et le fonctionnement de la démocratie, celle-ci prétend fixer le contenu des politiques qui seront menées dans l’avenir ! Elle n’a pas de souffle européen. Le néolibéralisme, la "concurrence libre et non faussée", le totalitarisme du marché, sont élevés au rang de loi fondamentale, par des dizaines d’articles détaillés. Les "droits fondamentaux" ne sont affirmés que de façon abstraite, sans obligation de mise en oeuvre. Les services publics, outil précieux pour donner vie à ces droits, passent à la trappe. Dans le domaine de la politique internationale, loin de faire contrepoids à l’hyper puissance américaine, ce texte-là soumet l’Europe à l’OTAN, donc aux USA.
Les promotteurs de cette constitution ont en plus la prétention de verrouiller les choses définitivement en rendant impossible toute modification.
Dire Oui, ce serait avaliser cette dérive, se résigner à ce que demain soit comme aujourd’hui, probablement en pire. Ce serait accepter ce contre quoi nous essayons de résister au quotidien. Ce serait à coup sûr préparer des crises et des explosions.

Dimanche, le mieux est de répondre à la question posée : est-ce que nous voulons de cette constitution là pour l’Europe ? Non ! Nous avons besoin d’une autre constitution, nous voulons donner à l’Europe un autre contenu.

Si le Non gagne, alors la question sera forcément remise sur la table. Il se passera quelque chose. Ce ne sera ni le retour au Traité de Nice ni l’isolement de la France, mais l’ouverture d’une période d’intense vie démocratique et de discussions, de création pour l’Europe avec les autres peuples du continent. Car des dizaines de millions d’européens qui n’ont pas eu leur mot à dire comptent eux aussi sur le Non français pour enrayer la machine technocratique ultra-libérale et avoir à leur tour la parole.
Au minimum, une renégociation pourra déboucher sur la suppression de la partie III qui instaure le carcan économique néolibéral, et on pourra rendre la Constitution révisable.
Mais pourquoi s’en tenir là ? Dans les deux ou trois ans qui viennent, on peut écrire, dans le prolongement du débat actuel qui gagne et rapproche les peuples de tous les pays européens, une constitution démocratique et progressiste pour l’Europe. Une Constitution qui affirme la prédominance du développement humain et du politique sur l’économie et le marché, qui propose la paix et la coopération aux peuples du monde entier.
Pourquoi ne pas convoquer, comme de plus en plus de voix le demandent, une assemblée constituante à l’échelle de l’Europe, permettant aux citoyens européens et aux peuples d’élaborer la constitution de leur Europe ?

Roger Dubien
conseiller municipal de St-Etienne, membre des Réseaux citoyens.

Messages

  • Si le NON l’emporte, ce n’est pas à l’Europe qu’il faudra chercher à donner un autre contenu, mais à la société, ici et ailleurs !

    Ni la géographie, ni l’histoire ne seront changées ! L’europe comme région du monde continuera à exister, comme la méditerranée ou l’afrique...

    Par contre, les institutions européennes seront heureusement ébranlée... Oh, ce sera encore limité, une légère brise, pas encore la tempête que les peuples déclenchent quand ils se lèvrent ! Mais un premier ébranlement,... un peu comme l’OMC après Seattle et Gênes... sauf que justement, l’expérience montre que c’est difficile de transformer les manifestations altermondialistes en alternative au capitalisme... Et cette petite brise populaire du NON aura besoin de gagner en force, car pour faire réellement un autre monde, il lui faut défaire les pouvoirs dictatoriaux des empires américains ou européens...

    Proposer une assemblée constituante, sans approfondir les débats nés dans la bataille autour notamment du rapport entre démocratie et souveraineté, entre altermondialisme et internationalisme... c’est entrainer cette brise dans l’impasse des négociations de sommet, dans l’illusion des institutions salvatrices...

    Nous faisons partie d’une génération qui a connu l’échec de 1981, des suites de 1989, de 1997.... Nous ne voulons pas recommencer pour une nième adaptation a cette société capitaliste !

    Si le NON l’emporte, il faudra avant tout poursuivre l’action pour remettre en cause ce que le peuple aura refusé par le NON et qui avait déja été imposé dans les traités précédents, Nice, Amsterdam ou Maastricht.

    Et pour défaire ces outils de la guerre sociale, il faudra faire grandir les forces en conscience, en autonomie et en organisation, et notamment faire grandir les solidarités internationalistes du Nord au sud et de l’est à l’ouest... bien loin de la ligne maginot européenne...

    pam

    Voir en ligne : internationalistes

  • Une pétition a été lancée afin de réclamer un processus d’assemblée constituante désignée par les peuples d’Europe :

    http://www.appel-constituante.org

    Voir en ligne : appel-constituante

  • Les français viennent de se prononcer contre ce traité constitutionnel qui devait consacrer le triomphe de 50 ans de construction capitaliste en détruisant nos acquis de civilisation (ou acquis sociaux) et en générant une jungle digne du 19ème siècle. C’est formidable.

    Or, j’ai écouté dimanche soir les différents intervenants pour le non de gauche. Parmi eux, j’ai cherché en vain une intervention percutante, capable d’aller de l’avant. Les plus décevantes étaient celles des membres du PCF, peut-être parce que l’on pouvait s’attendre de leur part à une analyse remettant vraiment en cause le capitalisme. Ne se prétendent-ils pas communistes ?

    Alors que l’heure est à profiter au maximum de l’avancée permise par le vote fantastique des français, les uns et les autres nous ont promis des rencontres au sommet (Assises...) pour formuler une contre proposition de constitution ! C’est une attitude défensive. Pour moi, le fond du problème n’est plus d’essayer d’injecter quelques aspects positifs dans une pseudo-constitution, voire de la réécrire : en effet, cette dernière a été rejetée pour le moment dans les poubelles de l’histoire par le peuple français. Il s’agit au contraire d’essayer d’avancer encore nos pions contre le capitalisme. Et avancer nos pions signifie, non pas écrire un projet qui serait plus social (il faudra m’expliquer comment cela est possible alors que tous les traités antérieurs consacrent un édifice capitaliste ultralibéral), mais justement détricoter les 50 ans de "construction" de ce parasite capitaliste qu’est l’Union Européenne. C’est pour cela, Roger, que je ne peux pas te suivre sur la voie que tu proposes.

    Parmi les interventions télévisées de dimanche soir, deux ont retenu mon attention. Il s’agissait des interventions de Nikonoff et de Chevènement. Ce sont les deux seuls qui ont osé émettre quelques propositions pour aller de l’avant (parmi d’autres auxquelles je ne souscris pas). Les deux ont proposé très justement de remettre en cause en partie le traité de Maastricht, à savoir plus précisément la banque centrale et le pacte de stabilité. Tout cela reste bien timide, mais pour moi, c’est la seule voie possible : la réécriture d’une constitution plus sociale est une aberration si elle admet comme acquise la construction capitaliste des traités antérieurs.