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Cana volume II

lundi 31 juillet 2006, par Sélim Mehiou

Oui, le Cana volume II est arrivé le 30 juillet 2006 à 1h00 du matin. Les sauveteurs de la Croix Rouge libanaise, arrivés sur les lieux à 7h00 du matin (la route n’étant pas sûre auparavant) n’ont fait que constater les résultats : un massacre de civils dans leurs habitations.

Cana « du Liban » est un village d’agriculteurs situé à 15 km à l’Est de Tyr ; la précision sur le pays est indispensable car il existe un autre Cana « de Palestine » plus au Sud. La polémique sur lequel des deux est le « vrai » Cana est très ancienne ; presque deux millénaires de débats pour savoir où se trouve le lieu des noces de Galilée.

Les habitants de Cana du Nord, exclusivement chiites, sont fiers de montrer au visiteur, pour appuyer leur argumentation, les traces de l’histoire chrétienne de leur village : des grottes avec la croix, une statuette de la vierge ou bien les treize personnages taillés dans le rocher et censés représenter Jésus Christ et les douze apôtres...

Mais il n’y a pas que l’histoire ancienne que l’on vénère à cet endroit ; au centre du village se dresse un cimetière -monument où sont enterrés les 105 civils tués en avril 1996.

A l’époque, le gouvernement israélien, dirigé par M. Shimon Pérès, lançait une opération militaire contre le Hezbollah nommée « Les raisins de la colère ». Les villageois, craignant les bombardements israéliens, s’étaient réfugiés dans le campement du bataillon ghanéen de la force des nations unies au Liban (Finul), situé sur la place de Cana ; le commandant onusien leur a permis de s’installer dans la chapelle du lieu et c’est à ce moment là que les artilleurs israéliens ont déversé un déluge de feu pendant plus d’une demi heure, tuant 105 personnes, dont beaucoup d’enfants, et en blessant plusieurs autres.

M. Pérès est un intellectuel, pas un militaire (d’où probablement le choix du nom de l’opération de 1996) ; il est membre de l’Internationale Socialiste et c’est un personnage adulé de la sociale démocratie européenne. Il a récemment été déchu de la présidence du parti travailliste au profit de M. Ameer Péretz, actuel ministre de la défense ; mais M. Pérès est le véritable artisan de l’actuelle coalition gouvernementale travailliste-Kadima. Il a également la paternité du projet du nouveau Moyen Orient, porté par le Président Bush, ce qui explique en partie la grande connivence entre les deux pays dans la guerre d’Irak et dans l’attaque contre le Liban depuis plus de deux semaines. Il déclarait il y a trois jours que l’opération militaire actuelle est une question de vie ou de mort pour Israël ; de là à penser qu’il en est l’instigateur, il n’y a qu’un pas.

Au début de la nouvelle guerre israélienne contre le Liban ( la septième en trente ans) il a multiplié les déclarations sur les victimes libanaises les qualifiant de « Moudjahidines » (les trois premiers jours, il n’y avait « que » 150 morts libanais) ; ensuite, il a dit que les informations en provenance du Liban sur le nombre de victimes ne sont pas fiables.

Il n’a plus rien dit à ce sujet lorsque l’envoyé spécial de l’Onu déclarait le 28 juillet devant le conseil de sécurité qu’il y a plus de 600 morts libanais parmi les civils, dont un bon tiers d’enfants.

Le chiffre a augmenté depuis : 750 morts civils dont plus de 250 enfants et nourrissons.

Le Cana volume II déroge à la règle macabre des pourcents ; le 30 juillet 2006, 37 enfants sont tués sur un total de 60 victimes.

L’opération israélienne au Liban ne ressemble pas à une guerre, mais à une suite de massacres contre les civils ; elle s’apparente plutôt à un gigantesque crime de guerre.