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« Une maison...une maison... » Les familles rroms roumaines de St-Etienne marchent pour leur dignité
A St Etienne il est temps d’arrêter la politique d’expulsion, de mettre en oeuvre des solutions d’accueil et d’hébergement dignes.
lundi 19 septembre 2011, par
Ce texte est publié sur le site du Portail pour l’accès aux droits sociaux http://www.droits-sociaux.fr/ sur lequel les liens vers liens documents indiqués ci-dessous sont actifs...
“Une maison...une maison...” , environ une centaine de personnes rroms roumaines en familles avec les enfants et accompagnées de plusieurs membres d’associations, ont marché dans St-Etienne ce mercredi 14 septembre. Une marche pour qu’on leur permette de vivre dignement, pour le droit à un toit, le droit à pouvoir travailler.
Parties du nouveau bidonville qui s’est constitué sur un terrain vague à Séverine les familles se sont rendues en mairie en passant par le centre ville. Une demande de rencontre avec le maire avait été faite par le réseau solidarité rroms de St Etienne (une délégation a été reçue par le directeur de cabinet). Sur tout le parcours une lettre ouverte adressée au préfet et au Maire de St-Etienne a été diffusée aux passants (voir ci dessous et en document à télécharger).
Depuis des années la préfecture et la mairie de St Etienne pratiquent une politique systématique d’expulsion des familles rroms roumaines qui cherchent à survivre chez nous. Cette politique n’a rien réglé au contraire. Les familles sont là et l’on sait maintenant que, quoi qu’il arrive, elles resteront.
Chacun peut en faire le constat, avoir comme unique réponse l’expulsion des squats et des terrains qu’elles occupent faute de mieux a conduit à l’impasse.
Sur le nouveau bidonville du terrain de Séverine, face à la nouvelle caserne des pompiers, une centaine de personnes dont plus de trente enfants se sont installées dans des conditions effroyables, sans eau ni électricité ni sanitaires. D’autres personnes seules ou en famille, avec des bébés (au moins 10 adultes avec une quinzaine d’enfants), couchent dans des squares ou sous des tentes et des arbres, à même le sol. 170 à 200 personnes sont ainsi à la rue, dans des cabanes ou des squats pourris, dont 70 à 80 enfants. Une situation que nous connaissons depuis maintenant près de 10 ans, que les expulsions reproduit et aggrave. Certaines familles sont là depuis tout ce temps en ayant vécu une dizaine d’expulsions.
Cette politique est inhumaine, indigne, et complique voir annule l’énorme travail des associations qui, avec quasiment aucun moyen, agissent pour la scolarisation, la socialisation et les loisirs des enfants, l’accès au soins les plus urgents. Actuellement malgré les conditions déplorables dans lesquelles la préfecture et la mairie les contraint à vivre, tous les enfants sont scolarisés, ont fait leur rentrée scolaire et pour l’instant vont à l’école. Plusieurs dizaines participent aux activités de loisir au local solidarité rroms.
Il est plus que temps aujourd’hui de changer de politique.
Ces familles sont là depuis de très longues années et vont rester là. Il est temps d’en prendre acte et de mettre en œuvre des solutions d’accueil et d’hébergement digne, un accompagnement à la hauteur, comme certaines villes en France ont commencé à le faire.
Et qu’on arrête de nous rabâcher « nous n’avons pas les moyens financiers », qu’on arrête d’opposer les pauvres entre eux. Maltraiter les étrangers pauvres vivant dans notre agglomération, ça n’a pas pour vertu un meilleur traitement des autres familles pauvres de St-Etienne. Au contraire, on le voit bien, la réalité c’est la pauvreté qui augmente, les solidarités qui reculent, les inégalités qui deviennent des gouffres, au profit d’une petite tranche de très riches qui pillent la société. L’obstacle pour s’engager dans une politique digne en faveur des familles rroms roumaines n’est pas une question d’argent. C’est la position politique de la ville de St-Etienne dans ce domaine, comme de l’agglomération, du Conseil Général et bien sûr de la préfecture qui l’empêche. Ca ne concerne pourtant qu’un peu plus de 200 personnes !
Aujourd’hui l’argent est disponible pour faire autrement à différents niveaux institutionnels.
Ainsi le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) à depuis 2010 élargi son champ d’intervention pour subventionner des logements en faveur des « communautés marginalisées » (règlement UE n°437/2010, voir le document à télécharger). Entrent maintenant dans son champ d’intervention des réhabilitations de bâtiments pour leur changement d’usage, la résorption de bidonvilles, des travaux dans les CADA... En France la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire) a publié le 16 mars 2011 une circulaire ayant pour but de faciliter la mise en œuvre de cette réglementation (voir cette circulaire en document à télécharger).
En plus de ce financement FEDER, la Région Rhône Alpes a voté dans sa réunion des 15, 16 et 17 décembre 2010 un fonds pour le logement des personnes et familles en grande précarité : délibération n° 10.10.769 "Une politique régionale de l’habitat en faveur d’un pacte de solidarité territoriale" (voir cette délibération et ses annexes en document à télécharger).
Voir aussi le site de romeurope. http://www.romeurope.org
Ce fonds apporte en moyenne 5 500 € par logement et il déclenche automatiquement en plus un financement de l’Etat.
Malheureusement tout ceci est très peu utilisé faute de projets présentés par les collectivités locales. Parce que l’initiative doit venir de ces collectivités locales (mairie, communauté d’agglomération, conseils généraux...). La mairie de St-Etienne, St-Etienne Métropole, le Conseil général ne le font pas parce que, pour l’instant, leur position est de refuser de mettre en route des politiques d’accueil et d’accompagnement des familles rroms roumaines, comme d’autres familles cherchant refuge dans notre ville.
Une telle politique pourrait aussi s’appuyer sur le dynamisme des associations, sur l’esprit de solidarité de nombreux stéphanois qui pensent qu’il faut bien maintenant assurer un minimum de dignité à ces familles, que ce serait mieux pour notre ville que des bidonvilles, des squats pourris, des personnes sous des arbres ou dans de squares. Et ici ce ne sont pas les opportunités qui manquent vu le nombre de friches et d’immeubles vacants sur la ville et l’agglo.
D’ailleurs accueillir décemment les familles rroms ce n’est pas si compliqué. Avec l’aide du réseau de solidarité, au moins 25 à 30 familles ont réussi à intégrer un appartement (toutes dans le privé) et elles l’occupent sans problème, avec les soucis qu’ont toutes les familles pauvres pour boucler pour payer les échéances.
Plusieurs associations demandent, depuis plusieurs années, qu’un travail partenarial entre la mairie, l’agglomération, la préfecture, le conseil général, le conseil régional et les associations soit engagé en cette direction. Qu’attendent les collectivités de gauche de l’agglomération pour prendre des initiatives permettant d’avancer ?
On ne peut plus nous répondre, comme l’a encore fait le directeur de cabinet du maire à la délégation qui à été reçue à l’issue de la marche : la mairie de St Etienne ne veut pas en prendre l’initiative.
Nous attendons d’une municipalité de gauche, d’une agglomération ou la gauche a le leadership, qu’elles s’engagent sur une politique différente de celle du gouvernement actuel.
Georges Günther
Devant l’hôtel de ville, Maria Guerra, responsable d’Emmaüs Loire, a lu la lettre ouverte adressée au Maire de St-Etienne et au Préfet de la Loire...
La lettre ouverte au Préfet de la Loire et au Maire de St-Etienne, Président de Saint-Etienne - Métropole
Réseau de Solidarité Rroms
20 rue Rouget de Lisle
42000 SAINT-ETIENNE
Tel : 06 48 8248 26
Messieurs,
Depuis des années vous appliquez une politique désastreuse à l’égard des familles Rroms qui vivent à Saint-Etienne. Cette politique est entièrement basée sur le rejet de ces familles. Si elles s’installent dans des maisons ou des bâtiments désaffectés vous les expulsez, si elles s’installent sur des terrains comme à Montmartre dans le passé ou à Séverine actuellement, vous les menacez et vous les expulsez aussi. Le réseau de solidarité scolarise les enfants, d’autres associations aident les familles pour les besoins de santé, de soutien scolaire, d’apprentissage du français... Avec l’aide du diocèse, le réseau de solidarité a ouvert un local pour organiser des permanences et s’occuper des enfants les mercredis... Vous, vous détruisez ce travail en expulsant encore !
Monsieur le préfet, Monsieur le Maire nous attirons votre attention sur le fait que la politique basée sur des expulsions et des OQTF ne règle rien et ne fait qu’aggraver les conditions de vie des familles : aujourd’hui, 170 à 200 personnes sont ainsi à la rue, dans des cabanes ou des squats pourris, dont 70 à 80 enfants. Ces familles sont là depuis de très longues années et vont rester là. Il est temps d’en prendre acte et de mettre en œuvre des solutions d’accueil et d’hébergement dignes, un accompagnement à la hauteur, comme certaines villes en France ont commencé à le faire.
Le réseau de solidarité Rroms demande l’application d’une autre politique basée sur l’utilisation de fonds européens. Vous savez que l’Europe souhaite l’amélioration de la vie des Rroms, leur accès au logement et au travail. Pour cela des fonds européens sont votés chaque année. Les Etats et les Collectivités locales (Région, départements, communes...) peuvent ainsi financer des projets pour les populations Rroms. A Saint-Etienne le réseau de solidarité Rroms est prêt à travailler sur de tels projets avec la préfecture, la Mairie et Saint-Etienne - Métropole...
Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire, votre politique basée sur les expulsions, les menaces policières et les OQTF accable les familles Rroms depuis des années. Ces familles nous les connaissons. Elles sont toujours là. Elles ne partiront pas ! Au plus tard en 2014 elles auront tous les droits des Européens. Nous vous demandons, dès maintenant, de ne plus les pourchasser et, au contraire, de les aider à vivre ici de façon décente.
Le réseau solidarité Rroms de St-Etienne