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Coup de projecteur sur une filière...

OGM partout, étiquetage nulle part

Les Faucheurs Volontaires ont bloqué dans le port de Lorient le déchargement d’un cargo panaméen de 46 500 tonnes de tourteau de soja OGM destiné à l’alimentation du bétail

dimanche 22 novembre 2009

Ce samedi matin 21 novembre, une centaine de Faucheurs Volontaires venus de différentes régions - dont une quinzaine de Rhône-Alpes - ont bloqué dans le port de Lorient le déchargement de l’ARISO, un cargo battant pavillon panaméen, avec un équipage philippin, chargé de 46 500 tonnes de soja transgénique venant du Paraguay.

Avec cette action, les Faucheurs Volontaires ont dénoncé les importations considérables de soja transgénique (avec le moratoire, la France ne produit plus de maïs pesticide Monsanto810, mais importe toujours de grandes quantités de soja), le manque de traçabilité qui interdit tout vrai choix au moment de faire ses achats, et exigé l’étiquetage des produits issus d’animaux nourris aux OGM. 

Symboliquement, quelques litres de brou de noix - un colorant naturel - ont été versés dans la cargaison, pour la colorer en marron foncé.

Les Faucheurs Volontaires ont quitté le port vers midi, après avoir obtenu un rendez-vous la semaine prochaine avec la Direction Générale de l’Alimentation au ministère de l’agriculture à Paris.

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 Photos et diaporama de Martine Chevalier

Après être allés aussi dans une coopérative agricole chercher des sacs de tourteau de soja transgénique pour l’alimentation des poulets, porcs et bovins, les Faucheurs Volontaires sont allés dans les rayons d’un supermarché Casino montrer qu’il n’existe aucune traçabilité.
Il n’est indiqué nulle part sur les produits vendus en grandes surfaces que les animaux dont ils sont issus ont été nourris avec des OGM pesticides. Or c’est presque toujours le cas, quand on sait que 4,5 millions de tonnes de soja OGM arrivent chaque année dans les ports français de Brest, Lorient, Saint-Nazaire, et Sète pour nourrir le bétail des élevages industriels.

A Lorient par exemple, cela fait un an qu’aucune cargaison de maïs non OGM n’a été déchargée. Et pour le seul port de Lorient, selon le rapport du port de commerce, les importations de tourteaux de soja (OGM en quasi totalité) ont atteint 876.713 de tonnes en 2008 (information AFP).

A noter que pour la région Rhône-Alpes, il semble que l’essentiel du soja OGM vendu aux paysans pour l’alimentation de leur bétail (s’ils veulent du soja non-OGM, il faut le trouver, et surtout il faut le payer plus cher - ou alors donner autre chose que du soja...) arrive par le port de Sète, sur la Méditerranée.

Le soja de la faim...

Ici, avec l’interdiction du maïs Monsanto 810, on n’a plus d’OGM dans les champs, mais on en a en quantité dans les assiettes, à travers les aliments issus d’animaux bourrés aux OGM. 
Là-bas, en Amérique du Sud surtout : Argentine, Brésil, Paraguay, Urugay... ils ont de plus en plus d’OGM dans les champs - des champs récupérés sur les paysans ou dont les travailleurs salariés agricoles sont chassés au profit du roundup et autres pesticides -, et ils sont nombreux à ne rien avoir du tout dans les assiettes...
Ici et là-bas, nous subissons un même système qui engraisse les multinationales de l’agro-alimentaire, de la chimie et des semences, et celles de la grande distribution.
Il est nécessaire d’y mettre un terme...

Obtenir l’étiquetage OGM et non-OGM des produits issus d’animaux

Cela passe ici par l’étiquetage, pour qu’au moment où nous devenons “consommateurs”, nous puissions choisir, en toute connaissance des conséquences de nos décisions pour nous et pour les autres.

Taxer les importations de protéagineux, et produire ici des protéagineux non OGM...

Cela passe aussi par la taxation aux frontières de la France et de l’Europe des importations de protéines végétales - les “protéagineux” - notamment du soja, et donc par la remise en cause des accords de Blair House (1992) grâce auxquels les trusts US ont envahi les marchés européens et empêché la production en Europe de protéines végétales pour l’alimentation du bétail en interdisant une taxation aux frontières.
Il faut re-développer les productions de protéagineux (non OGM !) en France et en Europe.

En même temps bien sûr, il est nécessaire en attendant de faire en sorte que le soja importé devienne du soja non-OGM. 
Des gestes ont eu lieu dans ce sens, par exemple en Bretagne : suite à la mobilisation de la société civile, des discussions entre la Région Bretagne et l’Etat brésilien du Parana, qui a décidé de développer une filière non OGM. Mais dans le concret, il n’y a guère de résultat, car la grosse agriculture du Parana n’est guère intéressée : il y a plus de fric à se faire, avec moins de travailleurs agricoles et plus de pesticides, en faisant du soja OGM, tant qu’il se trouve des gens pour l’acheter et le faire manger aux autres.

La situation en Rhône-Alpes...

A noter qu’en Rhône-Alpes, ainsi qu’il en a été question dans la discussion de l’atelier “autonomie alimentaire des fermes” au récent colloque de Rés’OGM Info, les discussions initiées par la région pour développer une filière d’importation de soja non OGM avec le même Parana ont échoué, parce que les entreprises commerciales de l’agro-alimentaire qui distribuent ici le soja ne sont pas intéressées non plus...

Il est vraiment temps que les citoyens mettent le nez dans tout ça ! Car comme en Bretagne, on a des prises de position et des déclarations pour une région Rhône-Alpes sans OGM, mais le soja pesticide arrive (à Sète) par pleins bateaux puis par camions qui remontent la vallée du Rhône (peut-être demain par péniches) pour arriver chez les vendeurs d’aliments pour bétail, puis dans les fermes notamment dans les élevages industriels, puis... dans nos assiettes.

Le réseau Cohérence, qui réunit dans le grand Ouest une centaine d’associations et collectifs, autour notamment du RAD - Réseau pour une agriculture durable, un mouvement regroupant des paysans -, a apporté son soutien à l’action des faucheurs volontaires et a réaffirmé "l’urgence d’un étiquetage des produits animaux nourris avec ou sans OGM". Ce réseau Cohérence édite un guide intitulé "consommer sans OGM en Bretagne"...

Télécharger la déclaration du réseau Cohérence

Voir l’enquête (2006) de Marie-Monique Robin : le soja de la faim

(Les conséquences des cultures transgéniques)


Nouvelles de la situation et des résistances actuelles en Argentine : l’action du Groupe de réflexion rural

Le Grupo de Reflexión Rural fait depuis des années un travail contre les épandages de pesticides dans les campagnes d’Argentine. Il vient de publier un rapport de 245 pages qui peut être téléchargé sur son site web à cette adresse :
http://www.grr.org.ar/trabajos/Pueblos_Fumigados__GRR_.pdf

Voir le site du GRUPO DE REFLEXIÓN RURAL
Voir en particulier la rubrique Paren de fumigar (arrêtez de pulvériser)

Voir ce qu’en avait dit récemment Miguel Benasayag, qui participe à ce groupe, à la rencontre “Faites sans OGM” du Thor
(aller à 5 minutes du début de la vidéo)

Ecouter une interview de Jorge Rulli sur RNW :
interview de Jorge Rulli

"Pueblos_Fumigados - Informe sobre la problemática del uso de plaguicidas
en las principales provincias sojeras de la Argentina"
(que l’on pourrait traduire par “les populations sulfatées - Rapport sur la question de l’utilisation des pesticides dans les principales provinces productrices de soja de l’Argentine” ?) est une synthèse de la campagne  « Paren de fumigar (Stop à la pulvérisation) » , développée par le Groupe de réflexion rural depuis le début de 2005, avec d’autres organisations sociales et environnementales dans les provinces de Buenos Aires, Cordoba, Entre Rios et surtout Santa Fe.
Le document est fondé sur les rapports fournis par les résidents de certains des nombreux villages touchés, qui décrivent les problèmes directs ou indirects causés par l’agriculture toxique. Ce n’est pas par hasard si la plupart des plaintes proviennent des provinces de Cordoba et Santa Fe, les principales régions productrices de soja transgéniques, ce qui a provoqué une augmentation exponentielle de l’utilisation massive de pesticides.
Aujourd’hui, l’Argentine compte 18 millions d’hectares plantés avec du soja GM, et consomme entre 180 et 200 millions de litres de glyphosate par an, plus précisément de l’herbicide Roundup Ready qui est l’irremplaçable composante du paquet technologique de cette agriculture industrielle (...) Les réclamations contre ces technologies ont maintenant atteint la Cour suprême de la Nation, dans une tentative pour empêcher leur utilisation dans le territoire argentin.
Le coordinateur de la campagne Stop ’pulvérisation’, Jorge Eduardo Rulli dit que si beaucoup de gens prétendent que le glyphosate est sans danger et que vous pouvez même en boire, cette affirmation est inexacte (...)” D’autant qu’il est utilisé, pour renforcer son effet, avec d’autres produits comme l’herbicide 2,4 D, composante de l’agent orange utilisé au Vietnam.
Le rapport mentionne les dommages irréparables que les pesticides produisent : les maladies mortelles et les décès qu’ils ont causé, et la dévastation de la biodiversité. Il s’agit de l’effet létal d’un type d’agriculture qui mérite le nom d’ « agro-génocide ». Le rapport “pueblos fumigados” est un témoignage sur la souffrance collective, mais aussi un moyen de la surmonter et une proposition visant à générer des modèles alternatifs dans une société moins toxique”.