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Actions pour s’opposer à la relance des OGM en France et en Europe !
lundi 30 août 2010
Ces derniers mois, une succession de décisions politiques européennes et françaises indiquent que le lobby pro-OGM est repassé à l’offensive pour essayer d’imposer ce que les sociétés refusent massivement. C’est à ce forcing que les Faucheurs Volontaires ont réagi par plusieurs actions importantes cet été. Mais il est nécessaire que beaucoup plus de citoyens interviennent...
Voici un petit tour d’horizon des derniers évènements.
Le contexte : recul des OGM en Europe
Tout d’abord, il faut s’interroger sur les raisons de cette nouvelle offensive. Les multinationales de la chimie et des semences, qui s’efforcent de prendre le contrôle de l’alimentation et de l’agriculture mondiale et qui dans ce but imposent les OGM ont un problème : les OGM patinent dans le monde, et en Europe, ils diminuent.
Selon le dernier rapport de l’ISAA (organisation promotrice des OGM, et directement financée par Monsanto et Syngenta) 134 millions d’hectares sont en culture d’OGM dans le monde, soit 8,9% des cultures mondiales (et 83% de ces surfaces sont des cultures de soja, maïs, coton, colza, malgré bien d’autres autorisations). Mais 89% des surfaces cultivées en OGM sont sur le continent américain (sachant qu’en Amérique du nord, il n’y a aucun étiquetage des produits OGM qui se diffusent ainsi plus facilement...). C’est même 97% si l’on considère uniquement les OGM alimentaires, en enlevant le coton indien et chinois...
Et pour ce qui est de l’Europe, les surfaces agricoles cultivées avec des OGM représentent seulement 0,2% des surfaces agricoles. 80% sont en Espagne. Les surfaces consacrées au maïs MON 810 de Monsanto - seul produit autorisé à ce jour à la culture dans l’Union Européenne - ont diminué de 106.737 hectares en 2008 à 94.749 ha en 2009, après les différents moratoires décrétés sur le MON810 (voir)
Les Monsanto, Pioneer, BASF, Syngenta, Limagrain et cie ne peuvent pas se résigner à accepter que le seul marché solvable à leur portée que constitue l’Europe continue à refuser leurs OGM. Voilà le contexte des décisions qui tombent ces derniers mois : les cultures OGM reculent en Europe !
Le forcing du lobby pro-ogm et de ceux qui le servent
D’abord, dès leur ré-élection, la commission européenne et Barroso sont repassés à l’offensive.
Mars 2010 : la commission européenne autorise la pomme de terre Amflora, de la firme BASF.
Il s’agit de la première autorisation d’une plante génétiquement modifiée à la culture depuis 1998, date de l’autorisation du maïs Mon810. Cette pomme de terre a été génétiquement modifiée pour produire « un amidon (ou fécule de pomme de terre) enrichi en amylopectine, composant utilisé en industrie, notamment pour la fabrication de papier, de colles, d’adhésifs, etc. (...) Les co-produits de la transformation industrielle de l’amidon (pulpes) pourraient être utilisés dans l’alimentation animale ».
Attention : Amflora contient (et diffuse) un gène de résistance à un antibiotique : la kanamycine.
Voir http://www.infogm.org/spip.php?article4372
Voir aussi : http://www.infogm.org/spip.php?article4516
Pour faire passer l’autorisation, la commission a laissé à chaque Etat membre le soin de décider de la cultiver ou pas. 3 pays l’ont immédiatement interdite : l’Autriche, la Hongrie et le Luxembourg. Le gouvernement français n’a toujours pas déposé une clause de sauvegarde pour interdire cet OGM sur le territoire national.
2 Mars 2010 encore : la commission européenne autorise la commercialisation (mais pas la culture) de 3 variétés du maïs MON 863, de Monsanto (les variétés Mon863xMon810, Mon863xNk603 et Mon863xMon810xNk603).
A noter que le Maïs Mon 810, dont la culture est interdite en France depuis la clause de sauvegarde de février 2008, est en procédure de ré-autorisation au niveau européen (l’autorisation européenne accordée pour 10 ans se termine). Si une nouvelle autorisation européenne est accordée pour 10 ans, alors le moratoire français tombera automatiquement et les cultures (22 000 hectares en 2007, 0 hectare ensuite) pourraient reprendre... Comme la France, l’Allemagne, la Hongrie, l’Autriche, la Grèce, et le Luxembourg ont activé la clause de sauvegarde contre les cultures OGM de Mon810.
juillet 2010 - Barroso propose ce que José Bové appelle un marché de dupes : débloquer les demandes de mise en culture de plantes OGM en Europe (4 maïs OGM sont en attente : le BT11 du groupe suisse Syngenta, le BT 1507 de l’Américain Pioneer, et deux variétés de l’Américain Monsanto, le NK603, résistant à l’herbicide Roundup et le MON810, cultivé dans 5 pays européens, interdit dans 6 autres) en laissant aux Etats qui le veulent la possibilité de les interdire... Ce qui revient dans les faits à ouvrir les portes en grand aux OGM.
Pour l’instant, ce n’est pas fait. Le gouvernement français lui-même n’est pas chaud pour la “renationalisation” des OGM... Un gouvernement français qui a cependant pris dernièrement des décisions plus qu’inquiétantes...
Il faut d’abord rappeler que s’ils ne sont pas autorisés à la culture, une trentaine d’OGM, cultivés à l’étranger, sont importés en France, essentiellement pour l’alimentation animale. Dont 4,7 millions de tonnes de soja, dont les trois quarts OGM. 2 ans après, toujours pas de nouvelles du “plan de relance de la production de protéines végétales alternatif aux cultures d’OGM afin de garantir l’indépendance alimentaire de la France” que le gouvernement devait présenter sous 6 mois au Parlement suite à la loi sur les OGM de juin 2008...
Par contre, décision annoncée le 1er mars 2010 que le Fonds stratégique d’investissement (FSI - organisme public ayant pour mission de financer les entreprises françaises jugées stratégiques), détenu par l’Etat et la Caisse des dépôts apporte 150 millions d’euros au capital de la coopérative agricole française Limagrain qui veut augmenter le capital de sa filiale semencière Vilmorin, dont l’un des axes de développement est basé sur les OGM. Ce n’est pas le choix de financer l’agriculture durable qui est fait !
25 juillet - Le ministère de l’agriculture inscrit au catalogue officiel des semences 38 variétés de maïs OGM !, alors même que la culture de Mon 810 est interdite en France ! Le décret paru au Journal Officiel le 25 juillet inscrit 36 variétés de MON810 de Monsanto et 2 variétés du T25. Les entreprises françaises vont ainsi pouvoir vendre ailleurs une semence (le Mon 810) dont on considère, avec la clause de sauvegarde, qu’elle est trop dangereuse pour être cultivée en France !...
A noter que le T25 n’est pas autorisé à la culture aujourd’hui en Europe. En l’inscrivant au catalogue français des semences, le gouvernement autorise en douce la culture de ces deux variétés de maïs OGM ! Car en pratique, cela signifie que ce maïs peut être cultivé dès aujourd’hui sur le territoire français, et très prochainement sur tout le territoire européen puisque l’inscription à un catalogue national entraîne automatiquement l’inscription au catalogue européen !
Voir Greenpeace
La France devient le premier pays européen à autoriser la culture de cet OGM ! Qu’est le T25 ? Il a pour seule caractéristique d’être tolérant à un herbicide très toxique, le glufosinate, herbicide interdit d’utilisation sur les cultures de maïs dans l’UE ! Le glufosinate représente un risque considérable pour les agriculteurs, les insectes, et les consommateurs qui ingèrent des aliments contenant des résidus de cet herbicide...
Voir http://www.confederationpaysanne.fr
A noter aussi que la culture du maïs T25 vient d’être interdite au Brésil !
28 juillet : la Commission européenne autorise la commercialisation de six variétés de maïs OGM.
Barroso renouvelle l’autorisation d’importation et la mise sur le marché du maïs Bt11 (de Syngenta) et accorde cette autorisation pour la première fois à cinq nouveaux maïs OGM pour une période de dix ans (deux mis au point par Pioneer, deux par Monsanto et un par Syngenta). Ces maïs GM sont autorisés pour l’alimentation humaine et animale (pas pour la culture). Ils serviront donc à nourrir les élevages européens dont les produits sont mis sur le marché et dans la chaîne alimentaire sans aucun étiquetage spécifique...
Voir http://www.infogm.org
Et aussi http://www.confederationpaysanne.fr
Les actions des Faucheurs Volontaires...
C’est dans ce contexte et face à cette offensive que les Faucheurs volontaires ont multiplié leurs actions.
Le 2 avril, les Faucheurs volontaires bloquent les installations Sea Invest/sOGeMa (une des principales portes d’entrée du soja OGM) dans le port de Sète. (Voir : Le soja pesticide passe par là)
Le 12 juillet, le fauchage des OGM commence en Espagne. Plusieurs dizaines de militants (dont des Faucheurs Volontaires venus de France) ont détruit deux essais en champs de maïs OGM (Bt11-GA21-MIR604) de la firme agrochimique Syngenta, dans la commune de Torroella de Montgrí, en Catalogne.
"C’est le réveil de la résistance espagnole face à la manipulation et au brevetage du vivant. Douze ans après le début des cultures de maïs OGM, l’Espagne est devenue une poubelle transgénique avec 80% de la surface consacrée aux OGM en Europe. Des dizaines de cas de contamination des maïs bio et conventionnels ont montré que la coexistence entre cultures GM et non-GM est entièrement impossible.
Cette situation a déjà entraîné le dépérissement d’au moins deux variétés de maïs traditionnel : “morat” et “del queixal”, et la réduction de 95% des cultures de maïs bio entre les années 2002 et 2008".
“La contamination transgénique n’a pas de frontières, la résistance et la solidarité non plus. Pas d’OGM ni ici ni ailleurs !”...
Voir : http://pt.indymedia.org
et aussi : http://www.escletxa.org
Le 24 juillet : 200 Faucheurs Volontaires neutralisent deux parcelles d’essai de tournesol OGM appartenant aux multinationales semencières Pioneer, Caussade, Limagrain et BASF près de Tours... Ces tournesols OGM s’appellent ExpressSun et Clearfield.
OGM mutés = OGM cachés.
Avec cette action, les Faucheurs Volontaires ont mis en lumière une nouvelle race d’OGM, obtenus par mutagénèse au lieu de transgénèse.
“Il s’agit de plantes OGM cachées, obtenues par mutation génétique chimique ou par irradiation” (Plusieurs agents mutagènes sont utilisés par les scientifiques pour modifier le patrimoine génétique des semences : bombardements au cobalt, rayons gamma ou encore substances chimiques)
“Définies par la réglementation européenne (directive 2001/18/CE) comme des OGM, ces plantes sont pourtant arbitrairement exclues de cette réglementation. Ces manipulations génétiques provoquent tout autant d’effets non intentionnels susceptibles de provoquer des
dommages importants à la santé et à l’environnement. Ces plantes sont mises sur le marché sans aucune évaluation.
A l’instar des OGM transgéniques, ces tournesols mutés ont également été manipulés afin de tolérer un herbicide déjà trop utilisé sur des milliers d’hectares de blé. Les firmes agrochimiques souhaitent-t-elles que des milliers d’hectares envahis par des adventices résistantes soient abandonnées comme aujourd’hui aux USA avec les amarantes résistantes au roundup ?
Ces OGM cachés sont aussi protégés par un brevet sur le gène muté qui interdit toute réutilisation de la récolte comme semence. Les Faucheurs Volontaires s’opposent à cette nouvelle privatisation des semences qui représente encore une fois une stratégie de confiscation du vivant par les firmes.
De même, l’impact environnemental et sanitaire de ces OGM doit être correctement évalué avant toute décision concernant leur éventuelle utilisation.
Les Faucheurs Volontaires refusent cette nouvelle forme de contamination génétique et demandent que la réglementation des OGM transgéniques s’applique aussi aux OGM obtenus par mutagenèse, fusion cellulaire ou toute autre manipulation du vivant.
La Confédération Paysanne a apporté son soutien à cette action (Voir
“Ces tournesols ont été génétiquement modifiés en laboratoire par mutagénèse chimique. Une annexe de la réglementation européenne sur les OGM exclut bizarrement ces OGM cachés de son champ d’application.
En conséquence :
L’impact sur la santé et l’environnement de ces OGM et l’impact des modifications génétiques non intentionnelles n’a jamais été évalué.
L’impact de l’arrosage du tournesol par l’herbicide sur la santé des personnes et des animaux d’élevage qui le consomment, sur les insectes pollinisateurs qui le butinent, les oiseaux qui mangent ces insectes... n’a jamais été évalué.
Le risque de prolifération de plantes résistantes aux herbicides, aggravé par l’utilisation sur le tournesol du même herbicide déjà trop employé sur d’autres cultures comme le blé, n’a jamais été évalué.
Aucune précaution n’est prise contre les risques de contamination au champ des cultures conventionnelles ou biologiques et de l’ensemble de la chaîne alimentaire par ces gènes manipulés.
Les paysans et les consommateurs ne disposent d’aucune information sur ces risques ni sur le caractère OGM des plantes qu’ils cultivent ou qu’ils consomment.
Les paysans ne sont pas informés des brevets et des Certificats d’Obtention Végétale qui “protègent” ces plantes et les exposent à voir le fruit de leur travail saisi s’ils tentent de ressemer une partie de leur récolte sans verser de lourdes royalties aux firmes semencières.
Nous ne laisserons pas les paysans, les consommateurs et l’environnement devenir les cobayes d’expérimentations à grande échelle des laboratoires de génie génétique. Nous ne laisserons pas une poignée de firmes multinationales s’emparer de l’ensemble des semences et de l’alimentation !
La Confédération Paysanne exige que les variétés obtenues par mutagénèse soit appréhendées comme des OGM. La Confédération Paysanne s’oppose à la nouvelle prolifération clandestine de ces OGM cachés dans nos champs et nos assiettes et à la confiscation de la souveraineté alimentaire des peuples par les brevets et les Certificats d’Obtention Végétales sur les plantes.”
Le 15 Août, 62 Faucheurs Volontaires neutralisent un essai de vigne transgénique à Colmar, à visage découvert, et en remettant la liste des participants à la gendarmerie ...
Sur les actions de Touraine et de Colmar, voir le site http://latelevisionpaysanne.fr
Voir aussi : Pas de vigne ni de vin OGM en France !
Des Faucheurs Volontaires de la Loire et du Rhône ont participé aux actions à Sète, en Catalogne, en Touraine, à Colmar.
Il est nécessaire que dans les prochains mois le refus des OGM s’exprime à nouveau très fort dans la société.
Pour s’abonner à la lettre d’infos d’inf’OGM...
L’association Inf’OGM - Veille citoyenne sur les OGM fait un travail d’expertise, de formation et d’information considérable sur les OGM.
Son site internet : http://www.infogm.org
S’abonner à la lettre d’info
Fauchage d’OGM cachés en Touraine...