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"Remplacer les salariés non pas par des robots ou des logiciels, mais par des travailleurs externes à l’entreprise" selon le journal patronal "Les Echos"...

Les capitalistes veulent s’exonérer de la fonction d’employeur.

dimanche 29 janvier 2017, par Georges Günther

De plus en plus la presse liée à la finance et au patronat s’intéresse au revenu de base.
Le journal patronal Les Echos vient de produire un nouvel article sur le sujet intitulé "La raréfaction du travail, vieux débat et faux problème", article éclairant sur les projets actuels du patronat de s’exonérer de la fonction d’employeur en s’attaquant au salariat pour une régression considérable vers des statuts de sous emploi.

Que dit cet article daté du 25 janvier ?
D’abord que la justification d’un revenu de base par la fin du travail, à cause de l’explosion de la robotisation et de l’intelligence artificielle, n’est pas sérieuse. Il n’y aura pas autant d’emplois de supprimés que ce qu’on avait pensé au départ. Les dernière études ont revue nettement à la baisse les prévisions initiales : " En s’attachant à détailler plus finement, au sein d’une même profession, les tâches automatisables et celles qui ne le sont pas, les derniers travaux sur le sujet ont revu nettement la menace à la baisse. En mai 2016, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évaluait à 9 % en moyenne la part des emplois « à risque » dans ses pays membres. Il y a dix jours, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) avançait dans sa propre étude un chiffre similaire pour la France : « moins de 10 % » des métiers seraient mis en danger par l’automatisation". Et puis, en même temps que des emplois seront supprimés, d’autres apparaitront : "Dans une étude parue l’an dernier, France Stratégie mettait ainsi en parallèle les quelque 200.000 postes de secrétaires disparus en France depuis les années 1990 et les 250.000 postes d’ingénieurs et cadres de l’informatique et des télécoms apparus sur la même période."

Des travailleurs "à la demande"

Donc, pour ce journal patronal, le revenu de base est mal argumenté en s’appuyant sur la suppression du travail parce que, et c’est là que les projets du patronat s’éclairent, "cette approche fait l’impasse sur la principale mutation en cours : la montée en puissance des formes d’emploi alternatives au salariat." Il va y avoir une transformation de la nature du travail qui est déjà perceptible. La mutation technologique en cours va permettre "grâce à l’informatique mobile, au cloud et aux plates-formes de mise en relation, de remplacer les salariés non pas par des robots ou des logiciels, mais par des travailleurs externes à l’entreprise - qu’il s’agisse d’intérimaires, de prestataires sous contrat ou d’indépendants employés « à la demande »." Perspective d’autant plus réjouissante que "cela va bien au-delà des chauffeurs Uber ou des coursiers Deliveroo ".

Les capitalistes espèrent bien aujourd’hui saisir tout ce qui peut leur permettre de s’exonérer de leur fonction d’employeur pour ne plus avoir à supporter les droits conquis dans l’emploi par les luttes syndicales et sociales. Ils veulent des situations de sous emplois sous la forme de divers statuts "d’indépendants", auto-entrepreneurs ou autres. (voir : Le Revenu de Base "pour se libérer du travail", selon le magazine de la finance "Capital").

La conclusion de l’article est sous forme de programme politique : "Demain, votre emploi ne sera peut-être pas remplacé par un robot, mais il sera plus fréquemment à durée déterminée, à la demande ou réparti entre de multiples employeurs. Ce qui représente un défi majeur pour un monde du travail encore régi par près d’un siècle de salariat dominant. S’y adapter nécessitera de remodeler en profondeur notre droit du travail et notre protection sociale, pour recréer un filet de sécurité adapté à ces nouvelles formes d’emploi." Un filet de sécurité comme le revenu de base ?

Plus que jamais l’enjeu n’est pas de faire sécession par rapport au salariat et au travail, mais de défendre le salariat, non pas pour le salariat que nous connaissons avec l’emploi capitaliste et sa subordination à un employeur ou à des actionnaires, mais pour un au-delà de l’emploi avec le salaire à vie et la capacité des salariés à pouvoir décider dans leur travail de ce qui est produit, comment et où.

Georges Günther

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