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"Bourse : les dividendes records du CAC 40"

Contester le pouvoir des actionnaires sur l’utilisation des richesses produites.

mercredi 15 février 2017, par Georges Günther

"Bourse : les dividendes records du CAC 40" titre le journal Les Echos du 9 janvier dernier.

55,7 milliards ont été distribués en 2016 en dividendes et rachats d’actions aux actionnaires par les entreprises du "CAC 40" (indice boursier d’évolution financière de 40 grandes entreprises françaises), presque un record, l’équivalent du budget de l’Education Nationale. La hausse est de 13 % sur un an et encore l’article des Echos ne tient pas compte d’un dividende exceptionnel de 3,7 milliards de Vivendi, montant puisé dans la trésorerie par Vincent Bolloré lors de sont arrivée pour accroître les dividendes versés aux actionnaires dont lui-même.

La moyenne de ces dernières années tournait autour de 43 milliards.
Sanofi le principal producteur de médicaments, qui vit donc grâce aux cotisations collectées pour la Sécurité Sociale, reste le plus gros contributeur avec 6,66 milliards d’euros distribués. Total suit avec 5,9 milliards.

Et, toujours selon Les Echos, qui rend compte d’une étude de la lettre d’information financière Vernimmen.net : "En 2017, les dividendes distribués par le CAC 40 au titre de 2016 pourraient encore progresser, au vue de la hausse de 11% des profits du CAC 40 au premier semestre."

Ce sont 57 % des bénéfices qui sont ainsi distribués (le "pay out", rapport du montant des dividendes nets aux bénéfices nets) contre 51 % l’an passé. Cela veut dire que l’ensemble des bénéfices de ces 40 grandes entreprises s’est élevé en 2015 à un peu plus de 98 milliards d’€.

Et cela ne concerne que les 40 grandes entreprises du "CAC 40". Le journal Alternatives économiques à partir des résultats des trois premiers trimestres, a estimé dans son n° du 11 janvier que les sociétés non financières (l’ensemble des entreprises marchandes) ont distribué en 2016 autour de 246 milliards de dividendes. A titre de comparaison l’impôt sur le revenu se situe aux alentours de 70 milliards d’€ et la TVA à 144 milliards (chiffres de 2013). D’après les calculs d’Alternatives économiques, ces entreprises distribuent deux fois plus de dividendes qu’elles ne réalisent de nouveaux investissements (http://www.alternatives-economiques.fr).

Tout cela confirme que ce qui guide les actionnaires ce sont bien les exigences de rentabilité au détriment de toutes autres considérations.

Mesurons bien les sommes qui sont en jeu. En ces temps d’élections présidentielles on parle de révolution fiscale. Mais l’impôt sur le revenu se situe aux alentours de 70 milliards, l’ISF aux alentours de 7 milliards, la TVA c’est environ 144 milliards. Là les sommes sont de 56 milliards pour seulement 40 grandes entreprises et de 246 milliards pour l’ensemble des entreprises marchandes. Une richesse considérable, uniquement produite par le travail des salariés, accaparée par quelques actionnaires qui en décident à leur guise.

C’est cet accaparement qui donne à ces propriétaires lucratifs de l’outil de travail le pouvoir sur l’investissement et donc le pouvoir sur ce qui est produit, où et dans quelles conditions. Car si une partie de ces dividendes va alimenter la spéculation, une autre partie revient dans les entreprises sous forme de prêts pour financer l’investissement. Et là, les fameux investisseurs imposent leurs conditions. Ils prêtent ce qu’ils ont préalablement pompé sur le travail en fonction de ce qui va maximiser la rentabilité de leurs fonds. Là est la source de leur pouvoir sur l’économie et son orientation.

La question de qui décide dans l’économie est aujourd’hui devenu un enjeu politique de premier plan.

Comment engager la transition écologique sans décider de l’investissement ? Comment engager une grande politique de la mer, ou de l’espace, comment mobiliser les sommes nécessaires, sans cela ? Comment modifier les conditions de travail, le "new management" et ses terribles conséquences sociales et humaines, sans cela ?

Souvent est mis en avant la fuite des richesses dans la spéculation au détriment de l’économie réelle, de l’investissement. Mais, outre que nous ne nous attaquons pas à l’origine de l’accaparement de ces richesses lors de la répartition primaire au moment de la production dans l’entreprise, cela ne permet pas de penser la façon dont nous pouvons nous approprier le pouvoir dans l’économie.

Or maitriser les richesses produites, nous le faisons déjà grâce à la cotisation sociale.

Elle représente déjà 350 milliards qui échappent ainsi aux banques, actionnaires et autres fonds de pension. Elle permet notamment de financer la production de santé. C’est la cotisation sociale qui a permis de financer par subvention, sans prêt ni intérêt, la création des CHRU et leurs gigantesques investissements.

Réseau salariat propose de s’appuyer sur cette expérience positive, férocement attaquée par le MEDEF et son personnel politique, pour créer une cotisation économique d’environ 25 % de la valeur ajoutée. Une cotisation versée à une caisse économique, gérée par les salariés et les citoyens, qui décide des investissements et qui les finance par subventions sans intérêts ni remboursements.

Georges Günther.