Mon site SPIP

Accueil > Réseau salariat > Les banques mises en cause par les jeunes

Plus de 3000 manifestants à St-Etienne le 9 avril pour le retrait de la loi El Khomri-Hollande

Les banques mises en cause par les jeunes

Pique-nique et conférence-débat ce jeudi 14 de 12h à 14h place de l’Hôtel de Ville de St-Etienne, nouvelle journée d’action nationale interprofessionnelle jeudi 28 avril

jeudi 14 avril 2016

"la finance n’a pas de visage, elle a un gouvernement" : ce constat a fait mouche samedi matin au centre ville de St-Etienne quand le "cortège jeunes" qui était à l’avant de la manifestation a fait le tour des 8 banques présentes sur la Place de l’Hôtel de ville pour les décorer d’affiches exprimant sa colère : Crédit Agricole, Crédit Lyonnais, Caisse d’Epargne, Banque Populaire, BNP Paribas, CIC, Société Générale, Crédit Mutuel... pas de jaloux. Mais avec une mention particulière pour la Société Générale...



Bien sûr tout le monde avait en tête le nouveau scandale des Panama Papers.
Pendant qu’on nous fait tous les jours la leçon sur les sacrifices supplémentaires indispensables pour rassurer les nouveaux dieux païens que sont les marchés financiers (vivement la mise à jour de la loi laïcité qui séparera l’Etat et le gouvernement de la France du MEDEF !), l’oligarchie fraude en grand pour échapper à tout impôt. Et une grande banque française, la Société Générale, est prise la main dans le sac avec près d’un millier de comptes ouverts dans un des paradis fiscaux bien connus de la planète.
Et ils se moquent de nous ceux qui organisent ou tolèrent ça et veulent nous imposer une "loi travail" écrite par le MEDEF, en venant raconter que c’est en facilitant les licenciements et en liquidant le Code du Travail qu’on améliorera la situation de millions de jeunes aujourd’hui précarisés.

Au fait, tout cela nous rappelle qu’en décembre 2015, alors que quelques députés avaient fait voter à l’Assemblée Nationale un amendement obligeant les grandes entreprises à déclarer leurs bénéfices ainsi que ceux de leurs filiales pays par pays - procédure appelée "reporting" - le gouvernement Valls a fait refaire un vote, dans l’heure, pour annuler cette mesure anti-fraude fiscale. Voir : Le député J-L Gagnaire participe au maintien de l’évasion fiscale, au profit des grandes entreprises et de leurs actionnaires.

Autant dire que le scandale des Panama Papers ne plaide pas pour que le monde du travail se soumette un peu plus au MEDEF. Et donc la mobilisation contre la loi El Khomri-Hollande ne va pas en rester là, malgré les dernières annonces de Valls pour essayer d’acheter l’acceptation de cette loi inique par quelques mesures qui n’ont rien à voir avec le sujet.







Un mouvement qui est en train de s’enraciner, comme il y a 10 ans contre le CPE.

Depuis samedi, dans ce qu’on appelle les grands média (car gros sont leurs liens avec les financiers), c’est le même refrain à deux couplets, bien rodé.
1 - il y avait moins de monde le 9 avril que le 31 mars et donc le refus est en reflux.
2 - dans plusieurs villes, ça a dégénéré en affrontements avec la police.

Eh bien oui, il y avait entre 3 et 4 000 personnes dans les rues de St-Etienne samedi (Bourse du Travail -> avenue de la Libération -> Place jean Moulin -> rue de la République -> Place Dorian -> Place de l’Hôtel de Ville), au lieu de 10 000 le 31 mars de Centre 2 à Préfecture.
Mais ceci ne signifie pas que le mouvement s’éteint...
D’abord, la manifestation de samedi était forte. Moins de jeunes ? oui, car un samedi matin et les vacances scolaires, ça n’est pas favorable à ce que les jeunes viennent en groupe manifester. Par contre on a pu constater que de nouvelles personnes, qui n’avaient pu manifester le 31 - car difficile pour elles de faire grève, par exemple - sont venues ce samedi 9. Et donc le mouvement est en train de continuer à grandir. Hollande et Valls peuvent toujours espérer que ceux qui étaient là le 31 ont changé d’avis, mais c’est un pari risqué. Chirac et De Villepin et le patronat de 2006 avaient essayé ça aussi en 2006 au moment du CPE.

Maxime Combes vient de rafraîchir les mémoires : Il y a dix ans, contre le CPE, nous avons fait reculer le gouvernement !.
Le CPE avait été voté dans la nuit du 8 au 9 février 2006 dans un amendement par l’Assemblée Nationale, malgré 400 000 manifestants le 7 février. Les manifestations se sont succédées et ont réuni fin mars 3 millions de personnes. Le 31 mars le gouvernement passe en force et fait voter le CPE en utilisant le 49-3. A nouveau 3 millions de manifestants le 4 avril... Le 5 les organisations syndicales et de jeunes donnent jusqu’au 15 au gouvernement pour annuler cette loi. Le 10 De villepin annonce que « les conditions ne sont pas réunies » pour que le CPE s’applique. Le CPE est abrogé par la loi du 21 avril 2006...
Alors, pour Hollande-Valls-Gattaz et El Khomri, c’est pas gagné...
200 manifestations ont eu lieu le 9 avril. Les initiatives vont se multiplier dans les prochaines semaines. Et rendez-vous pour tout le monde le 28...

Philippe Martinez, de la CGT, dans la manifestation parisienne

L’autre refrain qu’on a entendu abondamment, c’est celui sur les affrontements violents qui terminent les manifestations. Alors que la quasi totalité des manifestations se déroulent sans aucune violence. Ce, malgré la grande colère d’une partie de la jeunesse. Mais on voit bien que du côté du pouvoir, ça fait envie (1) : ce serait tout bénéf bien sûr, et pas que pour le MEDEF, que les manifs se transforment en batailles rangées, ça permettrait de faire des images et d’affaiblir le soutien dans la population. Et puis ce serait le top pour eux si les manifs devaient exiger "libérez nos camarades" au lieu d’exiger le retrait de la loi du Medef. Les affrontements avec la police sont un piège. Ils servent à dissimuler les agissements des hommes du pouvoir...

Ce 11 avril, Valls a annoncé à des organisations de jeunesse des mesures représentant selon lui 400 à 500 millions d’euros. Si ces mesures ne règlent rien de la précarisation générale de la société, elles sont toutes à mettre au crédit des luttes en cours, et donnent une idée de la crainte du pouvoir que la contestation sociale ne s’étende et n’emporte la "loi travail".
Par contre, tout le monde a remarqué qu’elles ne touchent en rien à la nocivité de la loi El Khomri !

La mobilisation doit donc se poursuivre.
Des initiatives sont prises ou prévues pour expliquer la réalité de cette loi.
Voir La CGT décrypte la loi travail.

A St-Etienne, rendez-vous est donné ce jeudi 14 avril Place de l’Hotel de Ville, entre 12h et 14h, pour un débat - conférence - pique nique, qui réunira les jeunes et les salariés.
Et puis une journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations se prépare pour le jeudi 28 avril.
Avec manifestation à 11h de la CCI (Cours Fauriel) à la Place de l’Hôtel de Ville.

Télécharger le tract CGT pour les 14 et 28 avril


(1) Les questions posées par le comportement de certains policiers sous les ordres du gouvernement Hollande-Valls-Cazeneuve restent...
Toujours des policiers en civil dans les cortèges, et c’est pas bien que certains parfois déguisés en manifestants passent leur temps à filmer et photographier pour dresser des fichiers, pendant que d’autres insultent des jeunes. Et puis dans quel carnaval se croyait celui qui se baladait samedi 9 avril avec dans ses poches des pétards plus gros qu’un bison 4 ? Et ce fut moins une qu’il en balance dans le hall de la banque quand des jeunes ont collé des affiches. Il l’aurait sûrement fait s’il n’y avait pas eu des témoins autour, et des appareils photo...
Que pensent du fichage massif en cours les députés de St-Etienne Juanico et Gagnaire et le sénateur Vincent ? Qu’est-ce qu’ils attendent pour le dénoncer et exiger que ça cesse ?