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A l’occasion de la Fête du livre de Saint-Etienne

“La vie n’est pas quelque chose de personnel...” Rencontre avec Miguel Benasayag et Angélique Del Rey

Samedi 24 octobre à 21h au Remue-méninges, 59 rue Désiré Claude

mardi 8 septembre 2009

 “Ça peut sembler drôle un psychanalyste qui croit que la vie n’est pas quelque chose de personnel, mais ce que l’on nomme la personne, le moi, n’est qu’une toute petite partie de soi. Et la question aujourd’hui c’est : nous sommes liés, mais comment ?..." 

La Fête du Livre 2009 aura lieu les 23-24 et 25 octobre. Le café-lecture le Remue-Méninges y participe et organise plusieurs rencontres, soit sous le stand qu’il animera Place Jean Jaurès soit au café-lecture, 59 rue Désiré Claude.

La Fête du livre est placée sous un “thème”. Cette année, le thème choisi est “l’autre”...
On connaît ces mots de Deleuze : “La vie n’est pas quelque chose de personnel”. Cette question est au coeur du travail de Miguel Benasayag et d’Angélique Del Rey, qui seront présents, à l’invitation du Café-lecture et de la Librairie Lune et l’Autre.
Ils signeront leurs livres samedi après-midi sous le chapiteau de la place de l’Hôtel de ville au stand de la librairie Lune et l’Autre...
Et le soir, à 21h, une rencontre avec eux aura lieu au Remue-Méninges, 59 rue Désiré Claude.


“Aujourd’hui, la question de nos liens, aux uns et aux autres, aux situations qui sont les nôtres, à nos territoires, historiques, géographiques, sociaux, est effectivement essentielle. A l’heure de la déterritorialisation, du fantasme de l’individu "nouveau nomade" sans territoire, qui doit apprendre à s’adapter aux changements permanents, être flexible, etc., la question est : comment protéger nos liens, défendre des territoires qui ne soient pas réactionnaires ? Par quoi sommes-nous liés ?...” écrit Angélique Del Rey.

Dans une interview récente par Margot K. pour le site “Article XI”, Miguel Benasayag disait :


“ Jusqu’à il y a trente ou quarante ans, l’humanité se vivait comme faisant partie d’une situation commune qui allait vers quelque chose, et chaque partie s’interprétait comme la partie de cette situation globale. Les années 70-80-90 sont les années pendant lesquelles l’humanité se rend compte que : « Non, on ne va pas vers un destin commun ! » Ce grand destin commun est, selon Hegel, la ruse de l’Histoire : chacun vaquant à ses occupations sert le destin commun sans en avoir conscience. Donc, ça explose. On se rend compte qu’il n’y a pas de sens de l’histoire, que tout progrès apporte du bon et du mauvais et que chaque fois qu’on fait un pas d’un côté, ça dégringole de l’autre.
L’explosion de cette vision du monde a donné quelque chose de très destructeur, en Occident en tous les cas : l’éclatement total, l’individualisme. Puisqu’il n’y a pas de dessein commun, il n’y a pas de commun. Nous vivons une époque dans laquelle le commun est une illusion, ce qui est très dangereux. Quand on aborde avec les trentenaires du monde entier (qui vont de vingt à soixante ans, grosso modo) un sujet qui s’éloigne de trois millimètres de leur peau, ils se méfient, ils se disent, « là, on veut m’entuber ». Le commun est devenu de l’entubage. On assiste à la création d’un monde en réaction avec le commun, où finalement la seule évidence qui existe, c’est moi. Moi j’existe, moi je suis comme ça, j’aime le chocolat. La seule vérité, c’est donc « Moi, je... ».

On passe d’un monde dans lequel il y a un grand dessein, un grand récit, à un autre dans lequel il n’y a que des petits récits minables. Il y a peu de temps, je discutais avec un couple de profs de philo entre trente et quarante ans. Ils avaient du mal à comprendre que l’on puisse faire des choses pour d’autres raisons que le plaisir qu’elles procurent. Pour moi, des gens qui n’agissent que pour le plaisir c’est synonyme de barbarie. Il est évident que si l’on accepte que le plaisir soit le moteur principal de notre agir, ça ne peut conduire qu’à la barbarie. Et ce couple de philosophes ne comprenait absolument pas, ils me parlaient de l’hédonisme chez Aristote, chez Onfray... C’est un symptôme. Comme un coup de balancier et de deuil : puisqu’il n’y a pas de destin commun et que l’on ne va pas vers la société parfaite, alors chacun pour soi ! Et c’est terrible d’en arriver à ne plus pouvoir penser le commun. C’est la où il me semble intéressant de suivre la phrase de Deleuze, « La vie n’est pas quelque chose de personnel ». Ça peut sembler drôle un psychanalyste qui croit que la vie n’est pas quelque chose de personnel, mais ce que l’on nomme la personne, le moi, n’est qu’une toute petite partie de soi. Et la question aujourd’hui c’est : nous sommes liés, mais comment ?

Soit ma situation, ma réalité, (une situation, c’est où j’existe et qu’est-ce qui existe) est une situation universelle et je suis un élément de cette situation, soit c’est moi et mon plaisir. Le travail pour penser la situation, c’est repenser une situation qui ne soit ni - rebelote - l’idée que nous sommes tous embarqués vers un objectif commun de l’humanité, ni « la seule situation que je reconnais c’est moi et mes plaisirs ». L’effort pour penser la situation c’est donc se demander dans quelles mesures les humains peuvent comprendre, sentir, expérimenter des multiplicités agencées qui ne sont ni l’Histoire en route, ni l’individualité totale. La pensée de la situation, c’est donc par quoi je suis affecté, par où et à quoi je suis lié, par quoi je suis composé.”

Le site du Café-lecture Le Remue-Méninges

Parmi les livres publiés par Miguel Benasayag et Angélique Del Rey ...

- Le mythe de l’individu (Miguel Benasayag)

- La chasse aux enfants - L’effet miroir de l’expulsion des sans-papiers (Miguel Benasayag, Angélique Del Rey et des militants de RESF)

- Plus jamais seul, le phénomène du portable (Miguel Benasayag - Angélique Del Rey)

- Eloge du conflit (Miguel Benasayag - Angélique Del Rey)

- Abécédaire de l’engagement (Miguel Benasayag)

- Penser la liberte (Miguel Benasayag)

- La fragilité (Miguel Benasayag)

- Le pari amoureux (Miguel Benasayag Annick Monte Dardo Scavino)

- La santé à tout prix (Miguel Benasayag)

- La fabrication de l’information - Les journalistes et l’idéologie de la communication (Florence Aubenas - Miguel Benasayag)

- Connaître est agir (Miguel Benasayag)

- Les passions tristes (Miguel Benasayag - G. Schmidt)

- Che Guevara - Du mythe à l’homme, aller-retour (Miguel Benasayag)

- Du contre-pouvoir (Miguel Benasayag - Diego Sztulwark)

- Parcours (Miguel Benasayag)

- Cette douce certitude du pire (Miguel Benasayag - Edith Charlton)

- Résister, c’est créer (Florence Aubenas Miguel Benasayag)

Les livres de M. Benasayag et A. Del Rey peuvent être commandés à la librairie Lune et l’Autre
19 rue Pierre Bérard à St-Etienne.