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Après la fête à Marcilly le Châtel...

Ces semences paysannes, qui nourrissent le monde...

Prochaine fête le 22 mars 2014, toujours à la ferme de Pierre Grenier...

dimanche 26 mai 2013

Samedi 23 mars a eu lieu à Marcilly le Châtel, à la ferme de Pierre Grenier, la Fêto dô prïntin - fête du printemps des semences paysannes, organisée par la Maison de la Semence de la Loire.

Les initiatives autour des semences se multiplient en France, comme dans de nombreux pays du monde. Voir quelques-unes des actions recensées par le Réseau Semences Paysannes : http://www.semencespaysannes.org, auquel la Maison de la Semence de la Loire est maintenant adhérente.
Chez nous, c’était le premier grand rendez-vous public organisé par la Maison de la Semence de la Loire. Une Maison de la semence qui s’est construite au cours des 3 dernières années (Voir) suite à une rencontre en mars 2010 avec Bob Brac de la Perrière, coordinateur de l’association BEDE et l’un des membres fondateurs du Réseau des semences paysannes.

Depuis 2010 des rencontres ont eu lieu dans différents secteurs du département, et des trocs de semences et de plants ont été organisés. Et puis des semences ont commencé à être produites et échangées... Avec cette fête, il s’agissait de donner plus d’ampleur à ce travail en prenant contact avec beaucoup plus de monde. On peut dire que cet objectif est atteint, car au moins 500 personnes sont venues à la ferme de Pierre Grenier, à Marcilly le Châtel. Et surtout la fête a été riche d’idées et de rencontres. Un témoignage de ce que beaucoup de monde est en train de s’intéresser à cette question des semences, des paysans, de l’agriculture, de la nourriture.

Au cours d’une réunion bilan tenue le 20 avril, il a été décidé de rééditer l’an prochain cette fête du printemps des semences paysannes. Elle aura donc lieu le samedi 22 mars. A nouveau à la ferme de Pierre Grenier, à qui l’organisation de la fête 2013 doit beaucoup, et que nous remercions tout particulièrement pour le beau lieu qu’il a mis à la disposition de cette initiative. On peut d’ores et déjà annoncer que Bob Brac de la Perrière, qui n’a pu être là pour raison de santé en 2013 - c’est Eric Marchand, du RSP aussi, qui a fait la conférence sur les semences - sera là en 2014.

 Un petit tour de la fête et quelques photos... 

Le troc de semences et plants...


Il a eu lieu en matinée. L’an prochain, il durera toute la journée... On y a fait quelques trouvailles. Et la Maison de la semence distribuait notamment des graines d’une variété de salade belle et bonne, qu’on appelle entre nous “Pupier”, du nom du paysan qui la cultive depuis plusieurs décennies à St-Médard. C’est une batavia légèrement rouge, qui pousse au printemps-été-automne, et monte très difficilement. Il se pourrait que ce soit une salade originaire de la région de Vorey en Haute-Loire. En tous cas, elle est maintenant dans plusieurs dizaines de jardins...


Le stand de Jardin’enVie...


Artisan semencier basé à Bourg les Valence dans la Drôme, Jardin’enVie, Jardin’enVie est membre du Réseau Semences Paysannes. Valérie et Eric ont vu passer beaucoup de monde au stand. A quelques semaines des semis, c’était le moment ou jamais de s’approvisionner en variétés non hybrides F1 et non OGM... Ils reviendront l’année prochaine, avec plus de graines encore...

L’expo-dégustation sur les blés et les pains







Pour beaucoup ce fut une des surprises et des découvertes de la fête. Didier Grayel, paysan boulanger à Cottance (La Graine ô pain - qui fabrique du pain pour plusieurs Amap et vend aussi sur plusieurs marchés - avait préparé 8 sortes de pains fabriqués avec le même levain mais avec des blés et des farines différents. Déjà, c’est beau à regarder et à sentir. Et on peut se rendre compte que deux pains fabriqués avec une même variété de blé cultivée dans deux terroirs différents n’ont pas la même saveur. Ceci donne une idée du désastre qu’est le vaste programme en cours d’uniformisation de l’agriculture et de la nourriture : uniformisation des variétés (clones, hybrides F1, OGM), et bouffe industrielle pour tous... Concernant le pain, il va y avoir urgence à s’en occuper, parce que tout près de chez nous, dans le Puy de Dôme, le groupe Limagrain est engagé dans la production de blés OGM qu’il a le projet de répandre massivement d’ici quelques années. Du pain OGM partout bientôt ?

L’atelier de greffe des Croqueurs de pommes du Jarez
Lui aussi a connu une participation permanente.






Avec Joseph Lajarige, on pouvait apprendre à greffer. Et puis emporter l’arbre fraîchement greffé, et même un greffon pour réaliser soi-même une greffe chez soi. Et puis même si on était en mars, quelques pommes et poires étaient exposées. On pouvait aussi acheter un arbre fruitier des pépinières Chataignon-Vial de St-Paul en Jarez, qui reproduisent un grand nombre des variétés sauvegardées par les Croqueurs...

17 paysans au marché paysan...






Etaient présents : Odile Verdier et Jacky Logel (vins), de Marcilly ; Olivier Gachet (miel, bières, pains d’épices...), de Chazelles sur Lavieu ; Serge et Claude Didier-Roche (fromages, farines, huiles) de Salvizinet ; Corentin Dufour (paysan boulanger) de St-Sixte ; Stéphanie Moulin (fromages de chèvre), de Sauvain ; Stéphane et Bertrand Griot (fourme et tomme de montagne), de St-Bonnet le Courreau ; Catherine Griot (fourme de Montbrison), de Sauvain ; Eva de St-Jean (fromages de vache, chèvre, brebis), de Lavieu ; Olivier Deloire (charcuterie), de Lay ; Aymeric Chatel et Philippe Jeune (légumes, horticulture, plants de potagères) de St-Bonnet les Oules ; Adrien Mazet (yaourts et oeufs), de Chazelles sur Lyon ; Isabelle Salles (Ferme “les rutardises” - plantes aromatiques et médicinales ), de St-Didier sur Rochefort ; Les jardins d’Astrée - le CILDEA (légumes) de Boën sur Lignon ; Xavier Tiron (horticulture, plantes vivaces, fleurs, fraisiers) de Marcilly le Châtel ; les Pépinières Chataignon-Vial (arbres fruitiers), de St-Paul en Jarez...
A la buvette on pouvait découvrir la bière fabriquée maintenant par Greg de la Brasserie “La canaille”, de Sail sous Couzan. Et puis du vin de Jean-François Arnaud (domaine du Poyet), de Marcilly...
Le marché paysan s’est déroulé toute la journée...

Un stand de l’Association “Ferme”



Cette association, nationale mais très présente dans la Loire et en Rhône-Alpes, agit pour la sauvegarde des races animales. Exposition, diffusion de publications, jeux pour les enfants... Et puis les intéressés ont pu assister à une démonstration en continu de construction d’un poulailler familial.


Au moment de l’apéritif, en musique grâce à “Lu Tchos Sorros”, de St-Sixte, le maire de Marcilly le Châtel Louis Bouchet a rappelé que Marcilly était au début du 20ème siècle une commune réputée pour ses arbres fruitiers. Et il a souhaité que cette activité renaisse, une idée qui ne restera peut-être pas sans lendemains...


Lucien Moullier, conseiller général du canton et Président de la Communauté de communes du pays d’Astrée, a dit son soutien aux actions et projets sur cette question des semences et de la défense de la biodiversité. Un soutien concrétisé par une aide financière obtenue au Conseil général pour cette fête (1).

En début d’après-midi a eu lieu le premier débat consacré aux liens entre la biodiversité cultivée et la diversité culturelle et linguistique.

En français et en arpitan (franco-provençal, Mickaël Neyrolles a présenté quelques réflexions sur la question. C’est le scientifique russe Nicolaï Vavilov - qui parlait 15 langues - qui a défriché ce champ-là au début du 20ème siècle. On y reviendra... Il a parcouru la planète à la découverte de milliers de variétés de plantes potagères, fruitières, et de céréales, à la recherche aussi des centres d’origine de la biodiversité, concept dont il est le créateur.

Belkacem Lounès, conseiller régional Rhône-Alpes, délégué aux langues régionales, a souligné le lien entre la nourriture et la culture, entre la biodiversité cultivée et la diversité culturelle et linguistique. Pour la nourriture, les semences, l’agriculture, la culture, les langues, l’uniformisation n’est pas la bonne direction. La (bio)diversité c’est la beauté et le foisonnement de la vie.

C’est pour cette raison qu’une demande de soutien pour cette fête a été présentée aussi à la direction de la Culture de la région Rhône-Alpes, en particulier pour l’accueil de l’exposition bilingue français-occitan sur “les traditions maraîchères de la vallée du Tarn”, que Daniel Loddo, cheville ouvrière de l’association Cordae-La Talvèra, a ensuite présentée et commentée, et pour permettre la venue du groupe de musique “La Talvèra” - qui a joué et animé le bal folk en soirée.

Un deuxième moment de débat a eu lieu ensuite sur les semences. Eric Marchand, membre du Réseau Semences Paysannes, a présenté la situation et les enjeux actuels, et dit où on en était du point de vue du droit : qu’est-ce qui est autorisé, qu’est-ce qui est interdit (Voir - Et Voir aussi, info récente).

Il faut rappeler que les semences paysannes, de variétés anciennes ou plus récentes, sont d’abord des variétés populations. C’est-à-dire ni des clones, ni des hybrides F1, ni des OGM. C’est pour cela qu’elles ont le potentiel génétique pour s’adapter aux différents terroirs, et pour évoluer et faire face au changement climatique engagé.
Ces semences paysannes, qui sont le résultat du travail de centaines de générations de paysans, sont une richesse fantastique pour l’humanité, ce sont d’ailleurs elles qui lui permettent aujourd’hui de se nourrir. C’est bien pour cela que des firmes font le forcing pour les confisquer et les interdire, faire disparaître l’autonomie des paysans et des jardiniers en supprimant leur droit de produire, de semer et d’échanger les semences. Mais les résistances et les créations se multiplient. En sachant que les droits qui disparaissent sont d’abord ceux qu’on n’utilise plus, et donc que la première résistance est d’utiliser et de multiplier des semences paysannes...

La fête a pu se tenir parce qu’une bonne quarantaine de personnes ont activement participé à sa préparation et à son déroulement. Et elle a été l’occasion de trouver du renfort, puisqu’un peu plus de 30 personnes y ont décidé d’adhérer à la Maison de la semence de la Loire.
Les discussions et rencontres de la Fête donnent matière à plusieurs projets et programmes de travail pour la Maison de la semence de la Loire.
on en reparlera bientôt...

(1) La Fêto dô prïntin des semences paysannes a bénéficié du soutien du Conseil Général de la Loire, du Conseil Régional Rhône-Alpes et de Rés’OGM.





Contact :
maisondelasemence42@laposte.net

Télécharger le doc d’info sur la fête du 23 mars