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Retour sur la 2ème fête du printemps des semences paysannes

Bob Brac de la Perrière : "Les semences paysannes, sources des plantes de demain..."

Près d’un millier de personnes étaient présentes à Marcilly en mars 2014...

dimanche 1er février 2015

La deuxième fête du printemps des semences paysannes a eu lieu à l’invitation de la Maison de la Semence de la Loire samedi 22 mars 2014 à la ferme de Pierre Grenier à Marcilly Le Châtel.
Ce fut une belle rencontre. Coté participation d’abord puisque ce sont 800 à 1000 personnes qui ont été présentes au cours de la journée, soit environ le double par rapport à la première édition en 2013, et ce malgré une météo capricieuse avec une pluie abondante le matin dans plusieurs secteurs du département...
Côté programme aussi, qui s’est même déroulé plus riche que prévu...
Ceci a été possible parce qu’au moins 80 personnes se sont impliquées dans l’organisation et la tenue de la fête.
Voici un tour d’horizon de la journée...
Rappel : la fête 2015 aura lieu les 20 et 21 mars à Marcoux et Marcilly (Voir le programme)

Le troc de semences : pour s’approvisionner avant les semis...

Il a eu lieu toute la matinée, et jusque vers 14h, dans la plus grande salle, sur les murs de laquelle était installée aussi l’exposition bilingue français-occitan de Martine Michel, qui présentait 54 photographies des insectes pollinisateurs .
On trouve de plus en plus de semences dans ce troc. Avec l’arrivée cette année d’amateurs très “professionnels”, comme Annie Bouchut, qui cultive 130 variétés de tomates à Montbrison...

Et puis juste à côté, on pouvait s’approvisionner en graines de dizaines d’espèces auprès de Jardin’EnVie, artisan semencier de Bourg les Valence, qui fait partie du Réseau Semences Paysannes. Et aussi auprès de Corinne Duperron, paysanne à Belmont de la Loire dans le Roannais, qui produit et vend des semences. Cette présence de paysans producteurs de semences est appelée à se développer à la fête des semences...
A noter que la salade conservée par André Pupier à St-Bonnet les Oules, et dont on sait maintenant qu’il s’agit de “la Voreysienne” (de Vorey, Haute-Loire) est maintenant présente et reproduite dans plusieurs dizaines de jardins du département, à la satisfaction de ceux qui la cultivent.
De même, la Maison de la semence se lance dans la reproduction de la salade “bonde de St-Etienne”, dont quelques graines ont été récupérées en 2013...

Les pains fabriqués par Didier Grayel avec des blés paysans.

L’exposition-dégustation des pains faits avec une dizaine de variétés et mélanges de blés a beaucoup de succès. Des pains magnifiques à voir et délicieux à manger, fabriqués avec des blés aux noms qui sont des poèmes : “Touselle blanche de Provence”, “Touselle blanche barbu”, “Chiddan d’automne”, “Automne rouge”... Des blés cultivés par Stéphane Griot (à St-Bonnet le Courreau), Corentin Dufour (à St-Sixte), Stéphane Rouvès (à St-Joseph), Didier Grayel (La Graîne ô pain à Cottance), Maxime Piothery (à St-Paul en Jarez)...

Au marché paysan de la fête, Corentin Dufour était présent à nouveau avec ses pains qu’il livre maintenant à l’Amap de Montbrison.
En tout début d’après-midi une discussion a réuni plusieurs dizaines de participants, avec Didier Grayel et Stéphane Rouvès.
De nouveaux paysans boulangers s’installent dans le département, dont plusieurs sont passés un moment à l’expo-dégustation...
Dans le département et la région Rhône-Alpes, c’est souvent avec l’aide qu’ils s’apportent mutuellement depuis des années au sein de l’ADDEAR que des paysans travaillent sur les blés paysans, et que des paysans boulangers s’installent. Ce que retraçait l’expo de l’ARDEAR sur les blés paysans et le pain...
La Maison de la semence de la Loire s’efforce, elle, avec ce rendez-vous à la fête, d’aider à élargir le public de connaisseurs sur ce sujet...

L’atelier non-stop de greffe des Croqueurs de pommes du Jarez

Affluence continue là-aussi. Avec Jean-Paul Lyonnet, Bernard Boyer... Thierry Vial, des Pépinières Chataignon-Vial de St-Paul en Jarez, qui re-diffusent bien des variétés conservées ou retrouvées par les Croqueurs de pommes, était présent comme l’an passé. Mais aussi Florent Augay, jeune arboriculteur qui vient de s’installer à Chalmazel et propose entre autres des arbres fruitiers de variétés anciennes et de variétés adaptées aux régions de montagne (On peut le contacter à Chalmazel, au 06 29 06 25 88)

Une quinzaine de paysans au marché des producteurs...

Etaient présents :
Odile Verdier et Jacky Logel (vins - Cave Verdier-Logel), de Marcilly le Châtel ;
Serge et Claude Didier-Roche (fromages, yaourts, farines, huiles), “ferme du champier“ à Salvizinet ;
Corentin Dufour (paysan boulanger - pain, pizzas, pâtés) de St-Sixte ;
Stéphanie Moulin (fromages de chèvre et de vache), “la loge de printemps” à Sauvain ;
Bertrand Griot (fourme de Montbrison, tommes), “Fromagerie des tarines” à St-Bonnet le Courreau ;
Catherine Griot (fourme de Montbrison, et d’autres fromages), fromagerie “la griotte” à Sauvain ;
Olivier Deloire (charcuterie), de Lay ;
Isabelle Salles (plantes aromatiques, confitures), “les rutardises florales” à St-Didier sur Rochefort ;
Nathalie Barbier (herbes et plantes aromatiques), “La grange aux Herbes” à Lézinieux / Verrières en Forez ;
Le CILDEA - Les Jardins d’Astrée (légumes...), de Boën sur Ligon ;
Pierre Sayet (plantes aromatiques, tisanes) de St-Sixte ;
Corinne Duperron (oeufs, semences et plants...) de Belmont de la Loire ;
Sylvain Lécureuil (vannier - oséiculteur : paniers...), de Bussières ;
Thierry Vial (arbres fruitiers...), Pépinières Chataignon-Vial à St-Paul en Jarez ;
Xavier Tiron (horticulture, plantes vivaces, fleurs, fraisiers) de Marcoux ;



Pour la buvette, c’est La brasserie “La Canaille” (Grégory Pardon, Sail sous Couzan) qui fournissait les bières, et Jean-François Arnaud (“Domaine du Poyet”, Marcilly le Châtel) les vins.

Pour sa part, Anne-Marie Griot, de Chalmazel, proposait une expo-jeux pour apprendre à reconnaître les plantes...

Au marché des producteurs, on pouvait aussi acheter de l’huile d’olive de Crète, en Grèce auprès d’Anne Parazon. Les pépinières Delay (adhérentes du Réseau Semences Paysannes), d’Estrablin (38) ont en effet mis en place un partenariat avec des paysans grecs, pour leur permettre de vendre en Rhône-Alpes leur huile d’olive. Une contribution à la réorganisation en cours de l’économie grecque face à la crise financière et économique et à la politique austéritaire.

D’autre part, deux paysans palestiniens : Mohamed Abu Qattam, producteur de dattes, et Shadi Mahmoud (responsable du commerce équitable à l’association PARC), sont venus à la fête avec Artisans du Monde Montbrison. Un livre “Le palmier-dattier” édité avec l’aide de BEDE leur a été offert par Bob Brac...

Le stand et l’atelier poulailler de l’Association “Ferme”

Affluence continue aussi toute la journée à l’atelier poulailler de Ferme, avec Sébastien Berthet, Georges Jouve, Agathe Pothin. Jusque là pas mal de gens s’informaient, par curiosité, posaient des questions, mais maintenant, l’installation de poulaillers familiaux se répand. Pour avoir des oeufs. Pour utiliser intelligemment les déchets alimentaires, aussi...

En début d’après-midi, 150 personnes ont participé aux ateliers “devenir producteur de semences”, “s’installer paysan” et “devenir apiculteur”...

L’atelier “Devenir producteur de semences” avec Eric Marchand de Jardin’EnVie

Plus de soixante personnes ont participé à cet atelier avec Eric Marchand et Martine Chevalier. De plus en plus de jardiniers et de paysans s’engagent dans la production de semences. Après la formation de deux jours avec Raoul Jacquin à l’automne 2013, cet atelier a permis un échange sur les pratiques pour réussir à produire des semences, et aussi sur la législation et son évolution.
Une formation sur le cadre réglementaire a eu lieu depuis la fête, en novembre, avec Guy Kastler.
Une idée est en train de faire son chemin : celle de créer les conditions d’une production de semences paysannes de légumes capables de répondre aux besoins des maraîchers qui souhaiteraient les utiliser, notamment de ceux qui livrent en circuits courts (AMAP, De la Ferme au Quartier, différentes sortes de marchés... ). Ça passe forcément par une mutualisation, comme l’ont fait 80 paysans bretons avec leur association Kaol Kozh, parce que personne ne peut produire seul toutes les semences dont il a besoin...

A l’atelier “S’installer paysan”

Avec Delphine Guilhot, de l’ADDEAR, il a réuni une vingtaine de participants, des jeunes pour la plupart, “porteurs de projets” en cours d’installation, ou qui y réfléchissent et sont venus s’informer. L’ADDEAR consacre une part importante de son travail à “accompagner” celles et ceux qui veulent s’installer paysan...
Il y a été question du “parcours” pour y parvenir, de l’aide que l’on peut trouver dans différents réseaux. Avec l’exemple et le témoignage d’Aude-Marie Moyne, en cours d’installation en maraîchage bio à Neulise, avec le soutien d’une collectivité locale : la communauté de communes.
On sait que le nombre de fermes ne cesse de diminuer. La Loire est cependant, en Rhône-Alpes, un département qui proportionnellement installe beaucoup de paysans. L’addear accompagne par exemple une cinquantaine de porteurs de projets par an. Des projets qui ne relèvent pas de l’agriculture industrielle.
Rendez-vous a été pris pour renouveler cet atelier en 2015...

L’atelier “devenir apiculteur” avec Olivier Gachet.

La volonté de réagir à la disparition annoncée des abeilles, dont chacun se doute de l’importance pour l’avenir de la biodiversité, y est sans doute pour quelque chose, et puis bien sûr le souhait de se fabriquer du miel, tout ceci fait qu’un peu partout des gens installent des ruches.
Apiculteur professionnel à Chazelles sur Lavieu, Olivier Gachet, qui livre toute sa production en circuits courts (2 AMAPs, marché de Montbrison...) a lui aussi joué les prolongations pour répondre aux demandes d’apiculteurs déjà expérimentés comme à celles d’apiculteurs nouveaux ou futurs...

Les mots pour cultiver la terre, en arpitan, en occitan et français...

L’an passé déjà, la Fête des semences avait été l’occasion d’attirer l’attention sur le lien intime qui existe entre biodiversité cultivée et diversité culturelle et linguistique. Depuis, du travail a été fait et Mickaël Neyrolles, Marion Gourie, Eric Verney et Gwenn Le Floch ont écrit et édité pour la fête 300 exemplaires d’un livret trilingue “100 mots pour cultiver la terre” (livret qui en compte au final plus de 300). Des mots que l’équipe (féminine) ALA-Zangmo a murmuré en arpitan et occitan dans la fête...
Mickaël Neyrolles a présenté ce livret juste avant la conférence de Bob Brac...

Bob Brac de la Perrière : “les plantes de demain...”

En une heure de conférence et une demi-heure de débat, Bob Brac de la Perrière a expliqué pourquoi les semences paysannes étaient le vivier des plantes de demain.
Tout le monde n’a pas pu entrer dans la grande salle, limitée à 120 places. Mais cette conférence a été enregistrée et filmée par Sébastien Majonchi, et on pourra donc la revoir...
Le défi a été de parler à un public extrêmement diversifié, formé de personnes déjà très engagées sur la question des semences et de la biodiversité et d’autres qui sont en train de découvrir l’étendue et l’urgence de la question.

“J’ai intitulé “les plantes de demain” parce que je suis en train de préparer un livre qui s’appelle “les plantes de demain - aux sources des semences paysannes”, a expliqué d’entrée Bob Brac ; “ça reflète en fait mon analyse, que je conduis depuis maintenant 35 ans sur cette question : quelles plantes nourriront la planète dans l’avenir ?” 

Scientifique, généticien des plantes, Bob Brac travaillait en même temps avec les paysans. Devant l’évidence qu’un processus de privatisation du vivant était en cours, il a changé de méthode, créé BEDE, contribué à la création du Réseau Semences Paysannes.
Bob Brac a expliqué pourquoi il est si important de maintenir la biodiversité cultivée dans les champs. Comment l’essentiel de la recherche académique est aujourd’hui réduite aux biotechnologies, aux objectifs financiers d’appropriation du vivant. Mais comment il y a aussi une autre dynamique dans la réalité d’aujourd’hui. Dynamique dont la récente Foire Internationale des semences qui a réuni au Sénégal des paysans de toute l’Afrique de l’Ouest - et dont Bob Brac était tout juste de retour -, a été une nouvelle expression.
Et puis le RSP, qui vient de fêter ses 10 ans, réunit maintenant 80 maisons de la semence et associations en France. Il défend la conservation, le renouvellement de la biodiversité cultivée dans les fermes et dans les jardins. Et les droits des agriculteurs à le faire.

Bob Brac a exposé ce que sont les semences paysannes, variétés populations, reproductibles. Et les semences industrielles, variétés dites “améliorées” qui ont été imposées à la place des variétés paysannes.
En Afrique, les firmes essaient d’imposer la même évolution qu’au Nord : essayer de faire rentrer les recherches publiques dans les mécanismes d’appropriation, de leur faire mettre en place le brevetage des plantes, des droits de propriété intellectuelle sur les semences, pour ouvrir la voie aux firmes qui feront le reste...
Ceci se heurte à la résistance des paysans, d’autant plus forte qu’ils sont encore là-bas une composante importante de la population.

Les plantes capables de nous nourrir demain seront des plantes issues de la sélection évolutive de variétés populations, de semences paysannes. C’est leur diversité génétique qui leur permettra de s’adapter, au changement climatique notamment...
C’est pourquoi la démarche des “banques de semences”, de la conservation des variétés “ex-situ” n’est pas satisfaisante (à plus forte raison la banque de gènes de l’apocalypse de Svalbard près du pôle nord). Ce qu’il faut c’est faire vivre ces variétés dans les champs et les jardins. Et pour que l’humanité puisse manger demain, faire le choix des semences paysannes aujourd’hui.
(Voir par ailleurs l’essentiel de l’intervention de Bob Brac de la Perrière)

Merci aux artistes !


Et puis tout au long de la journée, il y eut des chansons et de la musique...
Avec Djamila Zeghbab et son orgue de barbarie ;
Avec Echolalie, avec qui une centaine de personnes dansait encore vers 23h30 !
Avec la belle et nombreuse chorale “La Ravachole”, qui vient de se former sur la région de Boën-Montbrison, et dont c’était le premier récital public. Une sacrée force, cette chorale, qui compte de nombreux jeunes, et revisite les chansons populaires, révolutionnaires, de résistance.
Et puis avec Elisabeth et son compagnon brésilien qui ont présenté un spectacle de cirque non prévu, et apprécié.

Les jeux de Tu joues ?

Laure Clerjon et l’association Tu Joues ? ont animé tout la journée dans un des chalets des jeux pour tous ...

La Fête, ce fut aussi la buvette - restauration, avec des tartines à 1,50€ les soupes à 1€...

Et puis l’apéritif avec un jus de pommes des Faucheurs ... amélioré avec une recette des Croqueurs. Apéritif auquel étaient présents des élus : Jacques Zantedeschi, adjoint au maire de Marcilly le Châtel, Bernard Mioche, maire de Leigneux et Président du syndicat des pays du Forez, et Lucien Moullier, conseiller général du canton. Elus qui ont dit l’intérêt qu’ils portent aux questions de l’agriculture et de l’alimentation. Et particulièrement à celles de la biodiversité et des semences paysannes.

Cette fête des semences paysannes a bénéficié du soutien du Conseil Général de la Loire (soutien aux initiatives locales, sur proposition de Lucien Moullier) et du Conseil Régional Rhône-Alpes / Direction de la Culture, commissions des Langues régionales.

Il faut remercier également la Biocoop de St-Etienne (Le Baraban, de Villars), qui a donné des produits pour la restauration.

Rendez-vous le samedi 21 mars 2015

La date de la prochaine fête a été fixée lors d’une réunion bilan de l’édition 2014. Ce sera le samedi 21 mars, à la ferme de pierre Grenier, à Marcilly le Châtel.
La Maison de la semence compte maintenant plus d’une centaine d’adhérents, jardiniers ou paysans...

Merci à Jean-François Leduc et Jean-Paul Besson pour les photos.