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Procès de la ferme des 1000 vaches : 4000 personnes à Amiens pour soutenir les paysans
Mais un jugement très politique qui condamne 9 militants de la Confédération Paysanne...
lundi 3 novembre 2014
Le procès des 9 militants de la Confédération paysanne coupables (avec tant d’autres) de s’opposer à l’industrialisation-financiarisation de l’agriculture et à une nouvelle étape de l’élimination des paysans, s’est déroulé mardi 28 octobre à Amiens.
La très forte mobilisation pour soutenir les 9 en a fait un procès de la ferme des 1000 vaches. 30 cars sont venus des départements. A pied, en vélo, en train, en voiture, en car, ce sont 4.000 personnes qui ont convergé vers Amiens.
70 militants de la Loire étaient présents : une cinquantaine de paysans et une vingtaine de militants de la société civile.
C’est que ce qui est en jeu avec ce coup de force du financier Ramery, réalisé avec le feu vert du ministre de l’agriculture Le Foll, et du gouvernement dont il est en plus le porte-parole, c’est ni plus ni moins l’avenir des paysans, et le modèle agricole pour demain, et ça, ça regarde pas seulement les paysans, mais toute la société.
La mise en place en France des usines à lait, c’est suicidaire pour les paysans français, pour les paysans européens, et pour ceux du monde entier.
C’est ce qu’explique très bien André Pflimlin, spécialiste de la production laitière et auteur du livre "Europe laitière ; valoriser tous les territoires pour construire l’avenir" :
La course aux très grands troupeaux est une épidémie mondiale, contagieuse et suicidaire !
Comment se fait-il que de tels projets ne soient pas arrêtés ? C’est parce que des gouvernements obéissent aux financiers. Et pour ce qui est du gouvernement français, il empile les renoncements face à la finance.
Il faut savoir aussi que cette ferme usine (et d’autres sont en projet en France) ne se construit pas à n’importe quel moment. En avril 2015, les quotas de production de lait auront totalement disparu en Europe. Ultralibéralisme. Les grosses “exploitations agricoles” pourront mettre sur le marché toujours plus de lait et casser les prix, et ainsi réaliser une nouvelle vague d’élimination des petits éleveurs laitiers qui ne pourront pas tenir à ces prix là.
Lourdes condamnations...
Le verdict est tombé le soir même, vers 20h30. On n’est guère habitué à autant d’empressement. Sûrement la marque d’une volonté de frapper vite pour passer à autre chose et décourager les résistances.
Suite aux deux actions de la Conf’ sur le chantier de l’usine des 1000 vaches en septembre 2013 puis en mai 2014, les neuf étaient poursuivis pour dégradation en réunion, incitation à la dégradation en réunion, vol, recel, ou encore refus de prélèvement ADN.
Les juges d’Amiens se sont strictement cantonnés au traitement des faits reprochés lors des actions syndicales. Le tribunal n’a rien voulu savoir du fond de la question, pourtant exposé par les militants, et de la légitimité de la résistance des paysans contre des projets qui les font disparaître.
Hors la loi, les paysans qui refusent cette ferme usine ? « Quand une loi est injuste, il faut tout faire pour la modifier, a dit Laurent Pinatel. L’histoire de notre démocratie est faite de ça : des gens qui ont enfreint la loi pour la faire progresser. »
Mais les 9 prévenus ont donc été reconnus coupables et condamnés.
Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération Paysanne écope de 5 mois de prison avec sursis. Et 300 euros d’amende.
Pierre-Alain Prévost de 2 mois de prison avec sursis.
Dominique Henry, 4 mois avec sursis
Valentin Sic, 3 mois avec sursis
Olivier Lainé, 4 mois avec sursis
Thierry Bonnamour, 4 mois de prison avec sursis et 300€ d’amende
Emmanuel Aze, Elina Bouchet, Morgane Laurent : 300 euros d’amende (refus de prélèvement ADN)
Et ce n’est pas fini : Ramery veut du fric. Des Dommages et intérêts seront traités au Civil le 11 juin. Il est question de 148 800€ demandés par le financier du BTP !
Alors, indépendance de la Justice, vraiment ?
La différence de traitement avec les actions de la FNSEA saute aux yeux. A Amiens, la Conf a démonté et elle est condamnée. De nombreuses fois, la FNSEA a cassé et aucune suite (voir le témoignage de Léon Maillé, du Larzac : une justice bien vache)
Voir aussi dans cette page du site de la Conf’ l’encart Selon que vous serez ...
Le combat pour l’agriculture paysanne continue
On saura prochainement si les 9 font appel du jugement.
Déjà, on peut remarquer que la campagne de la Confédération Paysanne a permis de mettre des millions de personnes au courant de ce qui se trame en France contre l’agriculture paysanne et la qualité de notre nourriture.
D’autre part, si 450 vaches sont actuellement dans l’usine à lait, celle-ci ne pourra pour le moment pas dépasser 500 vaches sans une autorisation du Préfet de la Somme. Et la capacité de production électrique du méthaniseur qui est la clé de voûte économique de l’usine est pour le moment réduite au quart du programme initial. Et ce méthaniseur doit pour le moment se limiter à des déchets d’origine agricole, il est interdit d’utiliser des déchets urbains et des boues d’épuration.
La résistance des paysans a donc quand même déjà des résultats importants.
et elle va continuer, avec des soutiens de plus en plus nombreux dans la société.
A ce propos, il est possible aussi de soutenir financièrement la Conf’, pour l’aider à affronter les coûts de ce procès et des actions à venir.
Pour la Loire, on peut prendre contact avec la Conf’ :
4, rue Philibert Mottin - 42110 FEURS
Tél 04 77 26 51 95
conf.42@wanadoo.fr
http://www.confederationpaysanne.fr
Voir aussi le reportage de Sophie Chapelle dans Bastamag :
“Pendant que la justice cautionne l’élevage industriel, les citoyens font le procès de l’agrobusiness”
http://www.bastamag.net
photos de cette page : Andréa Wills Wilde et Sylvie Sarda