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Tous à Vienne vendredi 27 octobre

Au marché de Jacquard à St-Etienne, la Confédération paysanne a mis le lait sur la table

Evènement samedi matin avec une vente de lait à 0,30 Euro le litre.

mardi 24 octobre 2006

Animation très particulière au marché de Jacquard ce samedi matin 21 octobre avec cette initiative des militants de la Confédération paysanne et des Réseaux citoyens de St-Etienne. Jacquard, c’est le plus gros marché de St-Etienne, on y vient d’un peu toute la ville, mais aussi de l’Ondaine et même un peu du Gier.

Présents nombreux - une douzaine -, des paysans militant-e-s de la Conf ont vendu plusieurs centaines de litres de lait frais, cru et entier à 30 centimes d’euros le litre, pendant que 1 500 tracts explicatifs étaient distribués sur le marché et que quelques informations étaient aussi données à la sono. Une "opération symbolique" pour susciter les discussions et aider à comprendre quelque chose à la situation des paysans et à la façon dont se passent la production et la vente des produits agricoles.





0,30 euros le litre, ça frappe les esprits : car ce n’est pas le prix que les "habitants-consommateurs" paient quand ils vont faire leurs courses dans les grandes surfaces ! Pour avoir du lait de grande qualité, il faut environ multiplier par 3, au moins. Pourtant, 0,30 euros, ce n’est même pas le prix qui est maintenant payé aux paysans par les trusts de l’agroalimentaire. La baisse est continue depuis 2001 et on en est maintenant à un prix moyen de 0,26 euro/litre (260 euros les 1000 litres). Ce prix là ne permet pas aux paysans producteurs de lait de continuer à vivre de leur travail, il met en danger la pérennité des fermes. Il faudrait au moins 0,35 à 0,36 euros / litre selon Philippe Marquet, producteur de lait à Maringes et animateur de la commission "lait" de la Conf’.
Alors quand on rapproche dans un même lieu à la même heure les citadins "consommateurs" qui paient cher et les producteurs dont le travail est si mal payé, il se produit un déclic. Comment ça se fait que ça se passe comme ça ?
C’est ce dont on parlait samedi matin sur le marché de Jacquard...

On a une idée d’où passe la différence, pas perdue pour tout le monde, forcément ! Par exemple Danone, l’un des grands groupes du CAC40 vient d’annoncer des profits records de 704 Millions d’euros pour les 6 premiers mois de 2006. Une augmentation de 103,5% par rapports aux 6 premiers mois de 2005. Joli. Les ouvriers et chômeurs peuvent eux aussi réfléchir à l’évolution de leurs salaires, minima sociaux et revenus à eux, en comparaison de l’évolution des profits et des grandes fortunes.





D’abord surpris de l’initiative, les "clients" du marché - qui sont aussi des citoyens - se sont approchés très nombreux du stand des paysans, et pas mal de monde s’est préoccupé d’aller chercher une bouteille ou un bidon pour acheter un peu de lait. Evidemment il n’y en a pas eu pour tout le monde, et entre 10h15 et 11h, le stock a vite été épuisé. Pas très grave : ça se voulait une opération symbolique. Bonne ambiance. Superbes discussions...


 Voilà ce qui se passe avec les prix des produits agricoles...  

Depuis 1998, le revenu des paysans a chuté de 28% 

Le 27 octobre à Vienne, avec Jean-Emile Sanchez et pour le droit au revenu

Ils ne sont donc pas décidés à se laisser traire, les paysans de la Confédération paysanne.

Et c’est pourquoi en 2004 - 2005, ils avaient mené des actions - symboliques elles aussi - en allant "récupérer" chez les trusts de l’agro-alimentaire pour quelques milliers d’euros de produits laitiers qui au fond ne leur avaient pas été payés. Pas pour les vendre, mais pour les distribuer dans des quartiers populaires à des familles qui trop souvent n’ont pas les moyens de se les acheter.
Là aussi, cela avait provoqué un déclic. Insupportable pour les organisateurs de la liquidation de l’agriculture paysanne, qui ont déposé des plaintes et poursuivi les paysans au Tribunal.
Et c’est comme ça que Jean-Emile Sanchez - déjà jugé à Rodez et Montpellier - sera jugé ce vendredi 27 octobre au Tribunal de Vienne en tant que porte parole de la Conf en 2004 au moment de l’action des paysans chez Danone dans l’Isère. A noter que Danone n’a pas porté plainte et pour le moment ne s’est pas constitué partie civile. Pas bon sans doute pour l’image et l’incitation que cela crée à regarder tout cela de près. C’est "le Parquet" - les choses étant ce qu’elles sont, sur pression du pouvoir politique (1) - qui poursuit Jean-Emile Sanchez - et lui tout seul ! - pour "vol en réunion" et "dégradation et destruction en réunion de biens appartenant à...". Les termes ont été choisis pour pouvoir envoyer l’ancien porte parole de la Confédération paysanne derrière des barreaux, d’autant que JE Sanchez a des condamnations avec sursis pour ces motifs là (il était par exemple présent au démontage du MacDo de Millau).

Jean-Emile Sanchez est donc une réunion à lui tout seul. Et c’est bien vrai qu’il y aura du monde à ses côtés ce vendredi 27 octobre à Vienne ! Son procès sera l’occasion de se mobiliser contre la vaste entreprise en cours pour réduire les libertés et criminaliser celles et ceux qui résistent. Mais aussi et surtout pour mettre sur la table la question du droit au revenu pour tous. Pour les paysans bien sûr, qui font un travail d’utilité publique en produisant pour que nous puissions manger, pour les salariés et les autres travailleurs dont le travail doit aussi être payé correctement, pour les sans emplois aussi, qui ont droit à un revenu permettant une vie digne et des activités utiles à toute la société.

Pour aller à la manifestation de Vienne ce vendredi, les Réseaux citoyens organisent un car. Départ Place Carnot à 7h, arrêts à St-Chamond et à Rive de Gier. Retour départ de Vienne vers 18h. Participation proposée 5 E (pour les adultes).
Inscriptions au 06 62 28 89 16 - Raymond Vasselon.

(1) (in)Justice.

A propos de tarifs : ainsi, quand des paysans de la Confédération paysanne vont récupérer - sans rien casser du tout - une palette de yaourts et la distribuent dans un quartier populaire, ça vaut la correctionnelle. Et le ministre de la Justice lui-même, P. Clément, par ailleurs président du conseil général de la Loire (on n’a pas de chance !) déclarait le 1er juillet à propos de la peine de 8 mois de prison ferme demandée au procès de Montpellier contre JE Sanchez suite à l’action chez Lactalis à Rodez : "8 mois de prison ferme, c’est beaucoup, mais pendant cette période, cela l’empêchera de recommencer".
Mais quand dans la même période la FNSEA a monté une opération dans les entrepôts frigorifiques en Mayenne, qui s’est traduite par la destruction totale de ces entrepôts, il n’y a eu aucune plainte et c’est même l’Etat français qui a été condamné (et a consenti, sans poursuites !) à verser cash 6 millions d’euros pour son incapacité à assurer la protection de ces installations !
ça doit être ça le 2 poids 2 mesures. La correctionnelle pour quelques yaourts récupérés et distribués. L’éponge pour près de 40 millions de francs de dégâts.
Il est vrai que quand l’actuel ministre de l’agriculture Bussereau a été nommé, il était aussitôt aller rencontrer la direction de la FNSEA et avait dit en sortant qu’il avait reçu sa feuille de route... Le syndicalisme paysan qu’ils ne supportent pas, c’est celui qui pose les problèmes fondamentaux pour les paysans et la société, et tisse des liens avec toute la société.

Voir aussi : Avec les paysans, pour le droit au revenu, à Vienne le 27 octobre

et les informations du site web de la Confédération paysanne

Photos : Marie-Pierre Vincent, Martine Chevalier.