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Ambiance
Sarkozy, nous voici.
mardi 20 novembre 2007
Sarkozy, nous voici !
C’est l’idée qui flottait ce matin entre la bourse du travail et la préfecture, à st-étienne. Beaucoup, beaucoup de monde, entre 5 000 et 10 000, quelque chose comme ça. Plus de monde, mais surtout ambiance beaucoup plus combative que le 18 octobre.
Les étudiants et les cheminots n’y sont pas étrangers, bien sûr.
Entre 800 et 1000 les étudiants ? Gonflés, les jeunes, en plus. Ils se sont installés en tête du cortège, devant la bourse du travail, et n’ont pas accepté de passer derrière la grande banderole unitaire des syndicats. C’est pas que ça ait fait plaisir à tout le monde, semble-t-il, mais il a fallu se faire une raison. En plus, ils ont mis sur leur banderole un mot d’ordre étonnant, pas dangereux quand on en parle dans des stages, mais là, en tête de manif, ça a un petit côté explosif : “contre les divisions, LUTTE DES CLASSES”. Un slogan voté en assemblée générale, en plus. Où veulent-ils en venir ? C’est bien vrai que c’est une réalité, la lutte des classes, il suffit de regarder faire Sarkozy et sa bande. Après, bien sûr, la question est de savoir comment la gagner, cette lutte, puisque au bout de 150 ans, ce n’est pas évident. Peut-être en menant une lutte anti-classes ? En tous cas ces étudiants là n’ont pas décidé de se replier sur leur amphi. D’autant que le président de l’université a bouclé la fac. Ils ont même mis dans leurs revendications la régularisation des sans papiers. Et le bruit courait qu’ils pourraient aller rendre visite au maire de st-étienne pour lui demander de remettre le chauffage aux enfants Rroms. Veulent se mêler de tout... Tiens au fait, ces derniers jours les étudiants et les cheminots se sont rencontrés plusieurs fois. Dans plusieurs occasions, FR3 était là, accompagnant les uns, ou les autres. Mais on n’en verra aucune image. A chacune de ces rencontres, les caméras se baissent et les micros se ferment. Tiens, comment ça se fait ?
Tout ça n’empêche pas, Nicolas, que les étudiants sont aussi en lutte contre la réforme Pécresse des Universités. Parce que cette autonomie là, elle veut dire : les grands groupes financeront les universités qu’ils veulent. Les “libéralités” continuent. La ministre court de micro en caméra pour expliquer qu’elle donne 1 milliard d’euros de plus pour les budget des universités, ce qui est “sans précédent”, “énorme”. Tiens, mais au fait alors, comment qualifier le paquet cadeau fiscal que Sarkozy et ce gouvernement ont fait à leur amis - les plus riches - dès le mois de juin ? Entre 12 et 15 milliards, les estimations varient. Les français qui sont invités à travailler plus pour gagner plus doivent savoir que ceux qui ont déjà accaparé beaucoup recevront énormément. Ne pas s’emballer, cependant : en général ceci ne concerne pas ceux qui travaillent, puisque par les temps qui courent, il faut choisir : travailler ou gagner de l’argent.
Les cheminots, eux, travaillent. Et luttent pour défendre leur “régime particulier”. Qu’ils estiment ne pas avoir volé. Ils ne voient donc pas pourquoi on commencerait par les mettre à genoux pour égaliser tout le monde, surtout qu’en plus chacun sait que ce n’est pas du tout le but de la manoeuvre.
Le but de la manoeuvre est de diviser ceux qui travaillent, et de diviser ceux qui travaillent et ceux qui n’arrivent pas à travailler. C’est aussi de continuer à détricoter les services publics.
Ceux qui travaillent dans les services publics, justement, sont très nombreux dans la rue. Pour exiger des augmentations de salaires, des créations d’emplois, pour défendre les services publics. En France, c’est quelque chose, les services publics. Et ça fait du monde : cheminots, hospitaliers, enseignants, employés communaux, etc... Dans le département comme ailleurs, des dizaines de milliers de personnes tiennent une place importante pour que la société ne s’effondre pas.
Une manifestation forte, donc. Avec dans les mots d’ordre, quelques surprises. Comme celui entendu au passage à un moment à la sono de la cfdt : “c’est des sous qu’il nous faut, si on n’en a pas, on achète pas”. Relancer “la croissance” par “la demande” : on devrait leur laisser cet argument là, à ceux d’en face. On ne va pas faire un deal avec Michel-Edouard, qui s’est affiché récemment en 4X3 pour “défendre le pouvoir d’achat des consommateurs”, c’est à dire le pouvoir d’achat de ses marchandises. Si l’on veut affronter la crise écologique et la crise sociale, pourquoi ne pas simplement demander une répartition meilleure, plus juste, des résultats du travail ? Autre surprise : l’UNSA qui défile avec à la sono “De tu querida presencia, Comandante Che Guevara...”. Le printemps 2008 promet. La CGT dit, elle, “ouais, ouais, tous ensemble, tous ensemble !”...
Tous ensemble. Oui, pourquoi pas : on sera plus fort. Il faudrait peut-être cependant ne pas se cacher (parce que Sarkozy lui, le sait et en joue), que tout le monde n’est pas “dans la même galère”, contrairement à ce qui se dit un peu facilement. Le “monde du travail” est explosé. Et toute une partie de ce monde là n’a pas de travail, ou pas de “statut”, et des conditions de vie extrêmement précaires. Est-ce que le moment n’est pas venu de proposer une redistribution - en grand - des cartes. En ne défendant pas seulement au cas par cas ce qui a été “acquis” à un moment par une partie du monde du travail. En se battant tous ensemble pour la création et la mise en place d’un revenu garanti pour tous. Qui commence par affirmer et reconnaître la dignité humaine de chacun. Ce serait justice. C’est possible, au vu des richesses produites dans la société (tout comme était possible, mais révolutionnaire, la création de la Sécurité sociale il y a 60 ans). Evidemment, cela ne peut pas se faire sans remettre en cause les inégalités sociales, et les privilèges sans précédent de l’oligarchie.
N’est-ce pas de quelque chose comme cela que la société a besoin ?