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Au conseil de communauté du 19 mars...
Politique du logement social dans l’agglomération stéphanoise : l’état des lieux selon St-Etienne Métropole
Tout va bien et même mieux que ça ?
mardi 27 mars 2012
Dans la région stéphanoise, le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue” - constitué par une vingtaine d’associations et des personnes ayant décidé de s’occuper du problème - agit depuis 3 ans. Dans la dernière période, le 27 octobre 2011, plus de 500 personnes participaient place Jean Jaurès à “la nuit blanche des sans logis”. Fin novembre, le collectif réquisitionnait un immeuble vide et en bon état, propriété de la ville de St-Etienne, à La Perrotière à Terrenoire, pour y mettre à l’abri des familles (33 personnes dont 18 enfants). Le 2 décembre, le collectif remettait à la Préfète de la Loire, au Maire de St-Etienne et au Président du Conseil général un mémorandum avec un état des lieux des familles à la rue et des propositions. Le 7 février 2012, le collectif interpellait les élus de l’agglomération lors de la réunion du conseil de communauté de St-Etienne Métropole...
C’est à l’occasion de cette manifestation que Maurice Vincent, maire de St-Etienne et président de St-Etienne Métropole, s’engageait à mettre la question de l’hébergement d’urgence à l’ordre du jour de la réunion du Conseil de communauté du 19 mars.
Le 14 mars, une réunion de près de deux heures avait lieu au siège de SEM, cité Gruner, entre le vice-président de SEM chargé du logement, les services concernés de l’agglo et 5 personnes du collectif, pour préparer cette réunion. Un texte récapitulant les demandes et propositions du collectif était remis, à destination de l’ensemble des élus (Voir)
Et lundi 19 mars, donc, une soixantaine de personnes participantes au collectif se sont retrouvées au Musée d’Art Moderne, à la Terrasse, où se tiennent les réunions du Conseil de St-Etienne Métropole. Il avait été refusé que le collectif puisse s’exprimer devant les élus, et exigé que seule une délégation de 25 personnes du collectif entre dans la salle du conseil, les autres suivraient la discussion sur des écrans installés dans le hall du musée...
Surprise pour tous en arrivant au MAM : des barrières partout, pour contenir une foule apparemment redoutée. Et au moins une dizaine de CRS, équipés pour le combat de rue ! Une mise en scène dérisoire - faisant suite qui plus est à une réunion de travail avec le collectif ! - mais qui donne quand même une idée de la tournure d’esprit de certains élus, et du genre de relations qu’ils entendent avoir avec les militants associatifs et autres citoyens. Il s’est tout de même trouvé une conseillère communautaire - mais aucun vice-président n’a bougé - pour protester en début de séance contre ces méthodes, que le maire de St-Etienne-président de St-Etienne Métropole a revendiqué comme normales... Dont acte.
En présence de 25 personnes du collectif présents dans la salle de réunion, le conseil de communauté a ensuite parlé pendant 1h15 de la question du logement social. Très franchement, côté résultat immédiat, c’est carrément zéro. On se consolera un peu en remarquant que les actions menées obligent quand même "les responsables” à se justifier, et à mettre sur la table leurs façons de penser et d’agir. On peut télécharger ci-dessous l’état de la réflexion et des décisions des élus, les choix financiers, les moyens consacrés au logement à l’échelle d’une communauté d’agglo de près de 400 000 habitants. Sachant que la question du logement n’est pas un problème secondaire dans la région stéphanoise, puisqu’il a été indiqué que 3/4 des ménages de St-Etienne Métropole sont éligibles à un logement social, et 40% à un logement très social. On pourra utilement comparer le budget consacré au logement sur 6 ans à d’autres budgets de la ville de St-Etienne et de St-Etienne Métropole (le stade ? L’A45 ?...)
Le vice-président de St-Etienne métropole chargé du logement a donc fait un exposé de 40 minutes sur la question. Un exposé qui reprend des questions portées par le collectif “personne à la rue”, mais surtout pour affirmer que St-Etienne Métropole fait beaucoup, et même énormément, et bien plus que la loi l’y oblige.
La tonalité générale - qui a perduré au cours de la demi-heure de discussion entre élus qui a suivi - était donc, à part quelques considérations sur la nécessité de mieux connaître ou de se concerter, à la justification et à l’autosatisfaction, comme si près de 400 personnes n’avaient pas été à la rue cet hiver. Evidemment, il est difficile de nier totalement le manque de logements et de places d’hébergement. Alors est évoquée aussi l’impossibilité d’accueillir tout le monde, le prétendu rejet des pauvres par la population, etc...
Voici ci-dessous - même si c’est un peu fastidieux - une retranscription du rapport fait devant les élus. C’est donc le “discours” qui est tenu face aux actions et questions du collectif. Nous essaierons de revenir plus tard sur la discussion. A noter que lors de la réunion de travail du 14 mars, il avait été question que le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue” soit associé aux discussions du PDH-plan départemental de l’habitat, à travers la mise en place d’un groupe de travail à l’échelle de la Loire... A suivre ?
Le rapport de Gérard Manet, vice-président de St-Etienne Métropole chargé du logement
- Télécharger le rapport sur le logement social et l’hébergement d’urgence présenté au conseil de communauté de St-Etienne Métropole le 19 mars 2012
Brefs commentaires...
Une avalanche de chiffres. On a donc eu droit à une avalanche de chiffres, des chiffres dont on nous a dit, quand ils concernent le nombre de familles à la rue, qu’il doivent être pris avec des pincettes car, c’est bien connu, les chiffres on peut leur faire dire... Tout cela mérite donc d’être regardé de plus près et le sera sans doute.
Et puis, s’il y a les chiffres, il y a aussi la réalité, que les associations et personnes du collectif connaissent bien pour avoir jour après jour agi pour trouver un hébergement à des familles pendant tout l’hiver. Preuve qu’il manque des hébergements et des logements. Les élus prétendent être en règle vis à vis de leurs obligations légales. Mais même si c’était le cas, cela ne suffirait pas. C’est vis à vis des êtres humains qu’il faut être dans les clous. Et si la loi est insuffisante, il faut tout de suite faire mieux que la loi, et puis ensuite faire changer la loi. Par définition, la loi court toujours après la réalité. Et souvent pas bien vite. De temps en temps, quand même, elle avance. Comme avec cet arrêt du Conseil d’Etat du 10 février 2012, qui place le droit à l’hébergement au rang d’une liberté fondamentale.
(Voir). Un arrêt qu’il va bien falloir maintenant prendre en compte à St-Etienne aussi...
Une justification des programmes de démolitions de logements sociaux. Mais les chiffres donnés font apparaître que les démolitions de logements des programmes ANRU sont supérieures aux reconstructions. Alors que le discours a toujours été : c’est 1 pour 1. En plus, les chiffres donnés sont trompeurs : le chiffre des démolitions indique le nombre de logements démolis. Le chiffre des constructions indique le nombre de logements construits ou dont la construction a été “agrée”. Ce qui veut dire qu’une partie n’est pas encore sortie de terre. Et donc qu’en attendant il y a nettement moins de logements...
C’est important ceci : le collectif a fait remarquer que c’est à cause du manque de logements sociaux utilisables que des familles ayant droit à un logement social sont coincées dans les dispositifs d’hébergement d’urgence, et qu’il manque ensuite des places pour l’hébergement d’urgence.
Une insistance mise sur l’arrivée “trop importante” de demandeurs d’asile. Le nombre de demandeurs d’asile augmente. Oui, mais ça c’est la situation du monde - et la mondialisation - qui le provoque. Et vu les politiques menées, ça risque de ne pas s’arranger... On peut craindre la tentation d’une politique plus expéditive vis à vis des demandeurs d’asile, alors même que l’immense majorité est aujourd’hui déboutée et expulsée ou menacée d’expulsion. A suivre de près.
Fin de non recevoir concernant les familles mises à l’abri dans les bâtiments réquisitionnés du 71 rue Neyron et de la Perrotière ?. En plus, M. Vincent dans sa réponse là-dessus a volontairement assimilé les habitants de ces deux immeubles à des familles rroms uniquement. Ce qui n’est pas du tout le cas, et la mairie le sait.
Concernant les Rroms, la position de la mairie est au fond celle du gouvernement : les Rroms en Roumanie. La chasse aux Rroms risque donc de reprendre. Avec tous ses dégâts, en premier pour les enfants Rroms dont près de 120 sont aujourd’hui scolarisés à St-Etienne...
Et maintenant ?
Il faut espérer quand même que ces discussions ne resteront pas sans résultats. Quoi qu’il en soit, le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue” est engagé dans des actions concrètes, de terrain, pour faire héberger et loger des familles sans logement. Il pose aussi la question de la politique menée par les élus et les institutions dans ce domaine.
Tout le monde devrait se convaincre qu’il va falloir apporter des réponses à des situations insupportables. Et que celles et ceux qui agissent pour que toutes les familles aient un toit ne lâcheront pas le morceau, puisque leur objectif est que personne ne soit à la rue.