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Une rencontre qui donne de la force pour soutenir migrants et réfugiés.

370 personnes mardi au Méliès avec Sophie Beau et SOS Méditerranée

Et 1565 euros collectés au cours de la soirée pour contribuer à financer le bateau de sauvetage l’Aquarius.

vendredi 11 novembre 2016, par Roger Dubien

Très belle soirée mardi 8 novembre dans la grande salle du Méliès St-François archi-comble, balcon compris, une rencontre qui laissera des traces. Qui conforte toutes celles et ceux qui agissent déjà dans tout le département pour aider les migrants et réfugiés, et autres personnes à la rue. Et qui fera sans doute naître aussi de nouvelles vocations militantes.

370 personnes sont venues voir le film "Les migrants ne savent pas nager" au Méliès St-François, et rencontrer Sophie Beau, directrice de SOS Méditerranée.
Impossible de raconter ici cette soirée... mais les présents vont en témoigner autour d’eux !


"Les migrants ne savent pas nager" est un documentaire sobre et bouleversant. Qui permet à celles et ceux qui s’efforcent d’être solidaires ici de découvrir un autre moment du drame : la tragédie en Méditerranée, et le travail de ceux qui s’efforcent de secourir là-bas les personnes à la mer, de les sauver de la noyade.

Le collectif "personne à la rue" et 26 organisations invitaient à cette rencontre (1) (voir).
A l’issue de la collecte, en fin de soirée, 1.565 euros ont été remis à Sophie Beau (incluant les 1 euro par billet vendu, reversés par le Méliès).
Et une soixantaine de personnes ont donné leur adresse e-mail pour recevoir les infos de SOS Méditerranée, une vingtaine pour celles du collectif départemental "pour que personne ne dorme à la rue".

Depuis le début de l’année, 164 000 personnes sont arrivées en Italie en traversant la Méditerranée sur des embarcations - des canots pneumatiques à toutes sortes de bateaux -, dont certaines sont construits spécialement par les trafiquants de cette nouvelle traite négrière, comme cette énorme barge dans laquelle avaient été entassés 722 personnes (le plus grand nombre à ce jour), mises dans des sortes d’étagères pour maximiser le nombre et le gain (à 1000 à 2000 euros la place...).

SOS Méditerranée et son bateau de sauvetage l’Aquarius en ont secouru 7.967 qui étaient en perdition sur la mer, au large de la Libye essentiellement.
Depuis le 1er janvier, 3.755 personnes sont mortes sur cette route, la plupart venant de Libye, 4.233 (identifiées) au total en Méditerranée en comptant celles qui se sont noyées du côté de la Grèce (416) et du côté de l’Espagne. C’est l’axe migratoire le plus mortel au monde.
Sophie Beau a expliqué comment depuis la fin en novembre 2014 du dispositif de secours "Mare Nostrum" mis en place par les autorités italiennes (900 hommes), dispositif qui a duré un an et permis de sauver des milliers de vies, il n’y avait plus aujourd’hui de dispositif de sauvetage institutionnel en Méditerranée. Et c’est l’Union Européenne qui a ordonné à l’Italie d’arrêter ce dispositif "Mare Nostrum". Pour ne pas "créer un appel d’air" !!! L’Italie reste engagée quand même (mais avec beaucoup moins de moyens) avec ses gardes-côtes, à qui les bateaux de sauvetage des ONG remettent les rescapés à proximité de Lampedusa.

Pourtant un énorme dispositif militaire croise sur la mer, mais il n’est pas là pour porter secours aux migrants en détresse. Il ne le fait que de temps en temps. Car le mandat des bateaux militaires de l’opération "Frontex" n’est pas un mandat de sauvetage. Il est de lutter contre les passeurs, qui s’en accommodent assez bien, apparemment. Et les bateaux militaires cachent leur position pour ne pas être obligés d’intervenir sur les naufrages. Ils évitent de se porter sur les 2 principales zones de détresse.
35 000 morts noyés en Méditerranée, au moins, depuis 2000...

Alors SOS Méditerranée, initiative citoyenne européenne a été créée par le capitaine allemand Klaus Vogel et Sophie Beau, pour faire quelque chose. Le coût de l’Aquarius est de 11 000 euros par jour ! 1% seulement des fonds nécessaires sont des fonds publics. Au fait, combien de centaines de millions d’euros coûte chaque année Frontex ?

Sauver des vies, c’est le premier objectif de SOS Méditerranée. Faire connaître ce qui se passe est le 2ème, et c’est pourquoi des journalistes et photographes sont embarqués sur toutes les missions. Et le troisième est de témoigner, comme ce mardi à St-Etienne, ou le même soir à La Rochelle, pour alerter la société civile.

Au cours du débat, un jeune a lancé : "il faut que ça s’arrête !". Oui, bien sûr les citoyens doivent aider. Mais ils doivent aussi agir pour que les autorités publiques, les responsables politiques, assument leurs responsabilités pour secourir les migrants en détresse, et pour agir sur les causes de ces détresses.
Parce que les moyens existent de mettre un terme à cette tragédie insupportable.

Et que pouvons-nous faire, nous, ici ? Jean-François Peyrard a pris la parole au nom du collectif "Personne à la rue" pour faire le point des initiatives de solidarité et de soutien dans la Loire, et des difficultés avec les autorités publiques. Et il a donné rendez-vous au rassemblement que le collectif "personne à la rue" organise le samedi 19 novembre à 14h30 à Jean Jaurès à St-Etienne (lire prochainement par ailleurs).

Médecin urgentiste, responsable de l’ONG médicale "Help Doctors", le Dr François Giraud a souligné en conclusion la puissance et l’efficacité des initiatives citoyennes. Le projet SOS Méditerranée d’affréter un navire pour sauver des milliers de vie sur la mer était fou. Et ça marche, des milliers de personnes le portent maintenant. Tout comme ici des centaines de personnes viennent en aident aux migrants et réfugiés.

Plusieurs autres rencontres sont en préparation dans la Loire au cours des prochaines semaines, pour intervenir sur l’aide aux migrants et réfugiés (voir avec les associations co-organisatrices de la soirée du 8 novembre...)

Ce mercredi 9 novembre, une cinquantaine de personnes a participé à l’inauguration de l’exposition "Justes solidaires" à la Galerie Noir & Blanc. Expo visible jusqu’au 17 décembre, les mercredi vendredi et samedi après-midi (Voir : http://www.collectifnoiretblanc.fr)

A la fin du film, le 1er capitaine de l’Aquarius Klaus Vogel, fondateur avec Sophie Beau de SOS méditerranée, dit combien cette aventure l’a transformé. Et explique ainsi le message : "nous voulons que les peuples d’Europe comprennent que la mer Méditerranée devrait être une mer pour les êtres humains... et non une mer de mort."

Un projet magnifique et fou, devenu réalité.
http://www.sosmediterranee.fr/

— 
Roger Dubien.

(1) Collectif "Pour que personne ne dorme à la rue", Réseaux citoyens de St-Etienne, La Cimade groupe local de St-Etienne, No Partiran, Centre Al Qalam, Groupe d’Amnesty International de Feurs-Montbrison, Union Départementale CGT de la Loire, Section de St-Etienne de la Ligue des droits de l’Homme, Abri’Toit (Montbrison), Un toit c’est tout (St-Just-St-Rambert), Association Solidarité Roms, groupe d’Amnesty International de Saint-Etienne, groupe d’ACAT Forez, Les tuiles, Emmaüs, Jeunes communistes de la loire, AFCOF, collectif JIAS, La Passerelle, Un toit pas sans toi (Est stéphanois), Comede Loire, Les amis de l’accueil Saint-Martin, Comité de parrainage de familles de demandeurs d’asile (Firminy), Plus rien sans toit (Villars), BDS 42, ACO-Action Catholique Ouvrière, Les Amis de la Confédération paysanne...

D’autres informations sur la préparation de cette soirée : http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/article.php3?id_article=3394