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Relaxe pour les Goodyear !

Jean-Michel Gourgaud (CGT) : la criminalisation de l’action syndicale laisse le champ libre à la violence patronale et à la mondialisation capitaliste. Ce sont nos libertés qui sont en jeu...

400 manifestants devant la Préfecture, un comité de défense des libertés constitué dans la Loire...

mardi 9 février 2016

Les 8 syndicalistes de Goodyear condamnés à 9 mois de prison ferme (Voir), ça ne passe pas. Et ça ne passera pas. Le monde du travail sent bien que ce jugement obtenu sur volonté du gouvernement - puisque c’est le Procureur qui poursuit, donc le ministère de la Justice - ne vise pas que Mickaël Wamen et ses 7 camarades syndicalistes d’Amiens. Déjà, ça c’est insupportable. Mais en plus c’est un message adressé à tous : si vous résistez aux objectifs capitalistes, vous serez broyés. Et puis là, c’est aussi toute la CGT qui est dans le viseur...
80 rassemblements ont eu lieu en France jeudi 4 février. Partout, émotion et détermination à ne pas laisser faire.
A St-Etienne, 400 personnes se sont retrouvées à la Préfecture. Des syndicalistes CGT, et d’autres syndicats aussi, et des militants d’associations et partis politiques étaient présents...
Au plan national, ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté le 4 février, 1ère journée de soutien au Goodyear. La pétition compte maintenant plus de 220 000 signataires. Ce soutien va grandir jusqu’au procès en appel dont on ignore tout de la date...
Grandir jusqu’à obtenir justice, c’est-à-dire : la relaxe pour les Goodyear !

C’est pour y travailler qu’a été constitué le soir même à la Bourse du Travail un "Comité pour la relaxe des 8 de Goodyear, pour les droits et la défense des libertés individuelles et collectives". Une dizaine d’organisations syndicales, politiques et citoyennes en font partie. Ce comité sera présenté prochainement, et des initiatives annoncées.


La prise de parole de Jean-Michel Gourgaud, secrétaire de l’UD-CGT, devant la Préfecture :

"Le mardi 12 janvier 2016 est une date qui restera à jamais gravé dans les mémoires des syndicalistes que nous sommes.
Le mardi 12 janvier 2016 le tribunal correctionnel d’Amiens a rendu son jugement concernant les « ex-Goodyear » poursuivis par le Procureur de la République pour séquestration.
Le mardi 12 janvier 2016, le tribunal d’Amiens suivant les réquisitions du Procureur de la République condamne nos 8 camarades, représentants des salariés, à 24 mois de prison dont 9 fermes. Avec 5 années de mise en à l’épreuve.
Cette condamnation est un véritable scandale et une atteinte grave aux libertés syndicales.
Cette condamnation s’inscrit dans un moment sans répit de criminalisation de l’action syndicale qui s’accentue jour après jour.
Cette condamnation est un message clair au monde du travail, aux ouvriers, à leurs délégués syndicaux qui veulent défendre leurs droits, leurs emplois menacés, leurs usines.
Elle accompagne le processus de mondialisation capitaliste qui exige que partout les travailleurs soient jetés dans le feu d’une concurrence féroce où doivent être laminés les droits sociaux pour toujours les tirer plus vers le bas.
Le parquet tente d’assimiler des militants syndicaux - contre lesquels, je le rappelle, la direction de l’entreprise et les deux cadres avaient pourtant retirés leurs plaintes - à des délinquants de droits communs et pourquoi pas à des criminels.
Je ne parle pas ici d’un cas isolé. Des militants écologistes ont été assignés récemment à résidence, les syndicalistes paysans qui agissent contre la ferme-usine des 1000 vaches sont eux aussi inquiétés.
Alors que le gouvernement prône l’agro écologie, des syndicalistes sont poursuivis au pénal, d’autres font l’objet de sanctions internes comme à la Poste lorsqu’un camarade de la CGT prend la parole devant le personnel, des salariés sont licenciés, d’autres arrêtés comme des voyous au petit matin. C’est aussi ça l’état d’urgence !
Après les affaires judiciaires des 5 de Roanne, des 5 d’EDF-GDF, de l’Inspectrice du Travail d’Annecy poursuivie par Téfal et condamnée aujourd’hui, ce sont ceux d’Amiens !
A qui le tour demain ? Ceux d’Air France sans doute ?

Sous couvert de maintien de l’ordre, les classes dirigeantes veulent réprimer tout ce qui menacerait leur domination afin de laisser le champ libre à la seule violence patronale, celle dont personne ne parle jamais.
La violence de ces 1000 vies gâchées par les licenciements, ces travailleurs à qui l’on signifie qu’ils ne sont plus rien !
La violence poussant 12 salariés de Goodyear à se donner la mort après leurs licenciements.
La violence de ces centaines de vies déchiquetées, annihilées, broyées par le divorce ou la dépression.
La violence de ces centaines de mort par maladie professionnelle ou accident du travail soigneusement rendus invisibles.
Et que dire de la violence du mensonge politicien ?
N’est-ce pas sur le site d’Amiens Nord qu’en 2011, moi-président, alors candidat, avait promis une loi contre les « licenciements boursiers » qui depuis a rejoint, avec la loi d’amnistie des militants syndicaux, le vaste cimetière des promesses électorales non tenues ?

Jusqu’à récemment encore, l’Etat était le garant d’un équilibre social conquis de haute lutte, il est désormais mis au service quasi exclusif des puissances de l’argent.
Il utilise, d’un côté son bras séculier pour mâter l’action des travailleurs organisés, et de l’autre, organise la dérégulation de l’économie, dilapide l’argent public à coups de dizaine de milliards dans les circuits corrompus du capital financiarisé, avec à la clé, des licenciements et un chômage toujours plus élevé.
Qui, du point de vue de l’intérêt général, est le plus passible des tribunaux ?
Le syndicaliste qui défend l’emploi, l’activité économique ou la multinationale qui exporte des capitaux issus du travail salarié dans les paradis fiscaux ?
Je le sous-entendais plus avant, il s’accommode fort bien du climat engendré par l’état d’urgence, dévoyé de sa mission de lutte contre le terrorisme, se recentrant sur ses missions de maintien de l’ordre, mettant au pas les travailleurs et toute forme de contestation organisée et en laissant les oligarques remodeler la société sur fond de chômage, de précarité et de violence sociale.
Et tout cela au nom du prétendu « dialogue social » dont le gouvernement s’enorgueillit mais qui n’a plus aucun sens.

Un mouvement de solidarité, initié par la CGT, se développe autour des syndicalistes d’Amiens. Toutes les organisations syndicales mais aussi des associations, des partis politiques, ici en France mais aussi bien au-delà de nos frontières, ont dénoncé ce verdict inique.
Plus de 80 initiatives se tiennent aujourd’hui sur l’ensemble du territoire Les différentes pétitions en ligne ou papier ont déjà recueilli quelques 220 000 signatures.
Mais qu’ils n’oublient pas tous ces gens que lorsqu’on touche à un militant de la CGT, on touche toute la CGT !
Des Comités de soutien, aux 8 de Goodyear et pour les droits et la défense des libertés individuelles et collectives, se créent partout en France et y compris ici dans la Loire ou celui-ci verra le jour avant la fin de semaine, vous pourrez bien sûr y adhérer dans les prochains jours.

Oui ! Aujourd’hui :
- Il est du devoir des syndicalistes de se battre pour sauver les emplois et le développement économique et social de nos territoires ;
- Il est du devoir des syndicalistes de rétablir des liens sociaux trop souvent rompus par le désespoir social ;
- Il est du devoir des syndicalistes de dénoncer les stratégies des actionnaires, affairistes et liquidateurs, qui ont pour seul objectif de s’enrichir au détriment de tous les autres ;
- Il est du devoir des syndicalistes d’alerter sur les politiques économiques désastreuses menées par les gouvernements successifs.
L’action doit encore se renforcer, s’élargir jusqu’à la relaxe des 8 de Goodyear,
Leur victoire sera d’autant plus précieuse qu’elle redonnera à tout le mouvement social sa légitimité sans laquelle les indispensables nouvelles mobilisations seraient entravées.

Oui ! Cette bataille pour les libertés, qui nous concerne toutes et tous, doit-être un encouragement pour l’ensemble des mobilisations contre les discriminations et les sanctions qui frappent les militants syndicalistes, politiques progressistes et associatifs avec l’exigence d’une loi d’amnistie.
Oui ! Nous devons faire la démonstration que les libertés en général, avec les libertés d’actions et d’expressions syndicales en particulier, sont indispensables à l’accomplissement des gestes de la vie.
Démontrons à tous ces gens, au peuple, aux travailleurs, que la classe ouvrière n’est pas un vain mot, que le sentiment de la lutte en vaut la peine, que la victoire mérite des sacrifices, que la solidarité est bien la solution, que la fraternité et les libertés ne sont pas une utopie, que les syndicalistes ne sont pas des voyous !!! .
Alors, faisons que ce 4 février, avec vous tous rassemblés ici, représentants toute cette France des libertés, soit un rendez-vous pour que demain, après-demain nous puissions continuer d’écrire, de crier haut et fort « liberté j’écris ton nom... »... Nous ne lâcherons rien !"

A Paris, Place de la Nation le 4 février

Voir les infos et de nombreuses vidéos sur le site de la CGT http://www.cgt.fr/Par-milliers-en-soutien-aux.html

Sur la vidéo ci-dessous : HK et les Saltimbanks, Laura Pfeiffer, inspectrice du travail attaquée par Tefal (Seb), Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, Mickaël Wamen, de la CGT Goodyear...