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2 mois après la réquisition citoyenne de la résidence L’Ensoleillée...

Le gymnase municipal de La Rivière à St-Etienne réquisitionné par le Préfet de la Loire

Au moins 11 familles - 45 personnes dont 23 enfants - étaient à la rue à la veille de Noël...

vendredi 25 décembre 2009

Mercredi 23 janvier, sur les téléphones et les listes d’info de RESF et du collectif “pour que personne ne dorme à la rue” circule l’appel à se retrouver à 14h à la gare de Chateaucreux où des familles kosovars demandeurs d’asile ont passé la nuit, n’ayant pas obtenu de place auprès du 115 (dispositif d’hébergement d’urgence dépendant de la DDASS et en relation directe avec la préfecture)
La majorité de ces familles a déposé un dossier de demande d’asile auprès de l’OFPRA et est titulaire d’une APS-autorisation provisoire de séjour, et la Préfecture a obligation légale de loger, les autres sont en instance de le déposer.

Vers 14 heures se retrouvent sur place une vingtaine de militants associatifs qui participent au collectif, et les familles concernées. 11 familles, qui comptent 23 enfants, dont plusieurs en bas âge. Une fillette est handicapée, deux femmes sont enceintes, plusieurs des enfants ont souffert du froid. “Cette situation est intolérable. Pendant que la grande majorité des français se prépare à faire la fête, ces nouveaux arrivants, qui ont fui les persécutions dont ils sont victimes dans leur pays, sont condamnés à errer dans la ville” dit Yves Scanu.


Pourquoi ces familles kosovars se retrouvent-elles à St-Etienne en fin 2009 ? Parce qu’elles fuient les affrontements armés et les persécutions, le nettoyage ethnique qui continuent au Kossovo (1). Les familles concernées aujourd’hui viennent de la région de Mitrovica, au nord du Kosovo, où les affrontements n’ont quasiment jamais cessé depuis la guerre de 1999.

A la conférence de presse du collectif, FR3, le Progrès, TL7 sont présents.

Voir : l’article du Progrès et le reportage de FR3

Tout ça nous rappelle que depuis le 28 octobre et la réquisition citoyenne de l’Ensoleillée (voir) les choses n’ont guère avancé.

La demande est simple : il faut un hébergement et c’est de la responsabilité du préfet de la Loire.
Evidemment, la situation ne devrait pas laisser sans réaction non plus la mairie de St-Etienne, car dans la ville des personnes sont en situation très difficile, des enfants sont en danger puisqu’ils dorment dans la rue, et que le temps n’est pas un temps à dormir dehors.
La nuit précédente, certaines des familles ont dormi dans la gare. Mais ce n’est pas une solution, et il y a maintenant problème avec les responsables de la gare, qui refusent par exemple que ces familles puissent s’asseoir dans la salle d’attente. Elles peuvent marcher dans le hall, cette salle des pas perdus. Mais jusqu’à quand ? C’est épuisant et plusieurs femmes avec des enfants sont très fatiguées.
Une discussion a eu lieu avec un responsable de la SNCF, qui comprend la situation et sait bien que ça ne peut pas durer. Il appelle également le 115 en demandant qu’une solution soit trouvée.

Mais pas plus de réponse pour lui que pour le collectif “personne à la rue”.

En l’absence de réponse, décision est prise que les familles se retrouvent au centre ville au “bistrot social” et que les militants des associations forment deux délégations : l’une pour se rendre à la mairie, l’autre à la Préfecture.
Quelques minutes plus tard, on apprend que le Préfet a convoqué pour 15h3O en Préfecture des représentants de la mairie de St-Etienne et la direction de la DDASS, pour discuter de la situation.
Décision est donc prise de se rendre à la préfecture uniquement, et de demander à être reçus, d’autant que le collectif connaît en détail la situation des familles concernées, puisque Aslan, de l’association Pralipe Romano - Egalite et fraternité des Rroms est présent. Arrivée au 2ème étage, au secrétariat du Préfet, la délégation demande à être reçue. Réponse : 2 personnes pourront être reçues à 17h30.
Puisqu’il en est ainsi, la délégation écrit sur une feuille, sur un coin de table de la salle du conseil général, un récapitulatif de la situation des familles à la rue et le remet au secrétariat du Préfet pour qu’il soit transmis aux autorités en réunion.
A 17h3O : rien. Il faudra attendre 18h3O pour avoir des nouvelles : la délégation ne sera pas reçue. Un peu plus tard, on apprend que 3 familles seront hébergées pour la nuit par le 115. Et les autres ? Rien.
A 19h10, la délégation quitte donc la Préfecture, sans avoir été reçue... A 19H15 elle reçoit un coup de téléphone : pas de solution décidée pour les autres familles. Il n’a finalement pas été décidé d’ouvrir un gymnase comme il en avait été question.
Et il est dit aussi en gros qu’il n’est pas question pour les autorités de co-gérer la situation avec le collectif... (2)

Sauf que tout le monde doit bien tenir compte de la réalité. La réquisition citoyenne de l’Ensoleillée le mercredi 28 octobre n’avait pas été suivie par le Préfet. Mais le jeudi 24 décembre, le Préfet en personne a finalement décidé de réquisitionner le gymnase municipal de La Rivière.

Ce jeudi 24 décembre en fin d’après-midi, Michel Rachet apprend que les familles, après leur repas au bistrot social, pourront être hébergées au gymnase de La Rivière aménagé dans ce but (avec apparemment une soixantaine de lits de camp). Sans autres informations sur les prochains jours...
Le lendemain matin, Pierre Bonnefoy apprend que le gymnase est ouvert de 20h à 8h (ce qui signifie qu’à 8 heures, “tout le monde dehors”. Pour aller où ? à l’Asociation Renaître, 3 passage Jean de La Fontaine (quartier Chateaucreux), où il possible de prendre un petit déjeuner. Mais personne n’a prévu de tickets STAS pour aller de La Rivière à Chateaucreux...

Reste que tout ça, c’est quand même une victoire de l’action et de la solidarité. Ces familles et ces enfants ne dormiront pas dehors ces jours-ci.
Le réquisition d’un gymnase à St-Etienne est une première. Inenvisageable sans les actions de ces derrniers mois. Tout le monde sait que des solutions plus pérennes sont possibles, vu le nombre de bâtiments publics en bon état qui sont vides alors que des personnes sont à la rue.
Et maintenant le combat continue...

Celles et ceux qui souhaitent recevoir les informations et participer au collectif “personne à la rue” peuvent prendre contact avec une personne du collectif ou les associations qui y participent.

(1) Voir sur le site du Courrier des Balkans
(et sur ce site, taper "rroms" dans le moteur de recherche interne...)

(2) Quand le Préfet de la Loire parle de “devoir citoyen”...

Rappelons ce communiqué de la Préfecture le 15 décembre :

“Compte tenu des prévisions météorologiques, le préfet de la Loire appelle à la plus grande vigilance.
(...) le préfet de la Loire a appelé l’ensemble des acteurs du plan hiver à
faire preuve d’une grande vigilance. Les services de police et de gendarmerie, les services de secours devront à l’occasion de leurs interventions accorder la plus grande attention au repérage de personnes pouvant se trouver en difficulté.
(...) Toutefois, veiller aux plus fragiles d’entre nous est aussi un devoir citoyen. Il appartient à tous de transmettre aux personnes concernées des informations, de leur proposer conseils et soutien. Si vous vous trouvez en présence d’une personne en difficulté, les bons réflexes sont les suivants :
- composez le n° d’appel gratuit « 115 » qui correspond au service chargé de
l’orientation vers une structure d’accueil des personnes nécessitant une mise à l’abri,
soyez précis dans le signalement de la personne : adresse où elle se trouve, difficultés
repérées,
- n’hésitez pas à entrer en contact avec la personne : l’aider c’est aussi lui parler...”

Décidément, le Préfet de la Loire devrait se féliciter de l’existence du collectif “personne à la rue”, constitué, au fond, de gens qui prennent au sérieux leurs responsabilités de citoyens.