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Gaza ! Nous n’oublions pas.

Très émouvante rencontre samedi à St-Etienne, avec la participation de médecins de Help Doctors et une liaison directe avec Gaza et Naplouse

vendredi 22 janvier 2010

Gaza : nous ne tournerons pas la page. C’est ce que nous nous étions dit il y a un an, fin janvier 2009, après que la dernière guerre israélienne ait fait plus de 1400 morts et de 5000 blessés. Que s’est-il passé depuis ? Le blocus de la bande de Gaza, qui affame 1,5 millions d’êtres humains, continue. Du côté de la justice internationale, les criminels n’ont pas encore eu à rendre des comptes. Mais ce n’est pas fini, voir le récent rapport Goldstone, du Conseil des droits de l’homme de l’ONU...
“GAZA 1 an après, 5 heures pour comprendre” : ce samedi 16 janvier, une rencontre a eu lieu à l’initiative du collectif “Liberté et Justice pour la Palestine”, à St-Etienne, à laquelle ont participé environ 120 personnes à l’Amicale Laïque de Beaubrun.
Une rencontre marquée par la présence de médecins de l’ONG Help Doctors, dont une équipe était présente à Gaza pendant la guerre en janvier 2009, et qui depuis ont construit un dispensaire à Khan Younes, dans la bande de Gaza, et en ont un autre depuis 3 ans dans la vieille ville de Naplouse en Cisjordanie.
Des médecins qui soignent, qui opèrent, et aussi qui témoignent.




Cette ONG a ainsi édité deux livres joints : “Gaza ? Gaza !”, l’un avec des photos, l’autre avec des témoignages, recueillis juste après la guerre (Voir). Mehdi Fedouach, le photographe, n’était pas là ce samedi, il avait du partir à Haïti où l’ONG compte intervenir aussi. Mais 22 de ses photos faites en janvier 2009 au coeur de la guerre étaient exposées. Jean-Michel Asselin, écrivain, et le docteur Marie-Laure Bry qui ont recueilli et transcrit les témoignages, étaient présents. De même que le médecin urgentiste stéphanois François Giraud, qui est allé plusieurs fois en Palestine, ainsi que Régis Garrigue, médecin urgentiste au CHRU de Lille, président de l’ONG.
Ces témoignages, Djamila Zeghbab en avait choisi une dizaine, qu’elle a lus. Ceux de Fayez, d’Abou Ziad, d’Ata Hermilat, d’Anoua Khalil, d’Ahmed Fati Abed, de Mahmoud Jawad, Zenata, Aicha, Majid, Nora, Khaled, Jamal... Des témoignages terribles, qui disent la douleur de femmes, d’hommes, d’enfants dont les membres de la famille ont été massacrés. Et qui demandent : pourquoi ?
Ces témoignages sont à la disposition de la justice internationale. Parce qu’il faudra bien qu’un jour les responsables de ces horreurs rendent des comptes.

Régis Garrigue, urgentiste - 48 séjours en Palestine en 10 ans - a lui témoigné de ce qui s’était passé en janvier 2009. A regarder les photos qu’il a montrées de l’Hôpital Al Quds sous le bombardement du 15 janvier, à voir celles exposées, on se rend un peu compte de ce que les gazaouis ont subi. La catastrophe fait penser à ce qui se passe en ce moment même à Haïti. Sauf qu’”à Haïti, il s’agit d’une catastrophe naturelle. A Gaza, c’est une catastrophe causée par l’occupation et la guerre.”
A Gaza, les bombardements ont commencé le 27 décembre, et l’offensive terrestre le 3 janvier. Les ONG classiques sont sorties, du côté israélien, pour se mettre à l’abri. Des médecins ont réussi à entrer par l’Egypte, sous les bombardements. C’est par là qu’est rentrée le 10 janvier l’équipe de Help Doctors, avec un convoi de 30 ambulances d’Egypte. L’équipe est arrivée dans la nuit du 10 janvier à l’hôpital Shiffa de Gaza, où sont arrivés aussi une vingtaine de médecins venant du monde arabe. Au milieu d’un quartier détruit. Le ministère de la santé leur a alors demandé d’aller aider à l’hôpital Al Quds, qui est l’hôpital du Croissant Rouge (l’équivalent de la Croix-Rouge). Là, ils ont trouvé beaucoup de blessés. Des civils. “Insupportable de voir autant d’enfants...”. Et puis le 15 janvier au matin, l’hôpital Al Quds, bombardé, était en feu. Des photos et vidéos montrent les bombes au phosphore. Et d’autres munitions qui prouvent que des armes de guerre ont été utilisées sciemment contre des civils. Parce que les victimes étaient des civils. Du matériel pour la plainte déposée auprès de la Cour Pénale Internationale...
Le 15 janvier au soir, à partir de 19h, de nuit, 2ème round de bombardement. Alors que près de 150 personnes, des civils, surtout des femmes et des enfant, sont venues aussi se réfugier dans l’hôpital.
A Al Quds, il a fallu évacuer les blessés hospitalisés, les descendre de trois étages sur leur lit d’hôpital, dans un bâtiment en flammes. A Al Quds, il a fallu faire de la chirurgie de guerre. “Je n’ai jamais vu autant d’horreurs”. Parfois il y avait trois amputations en même temps dans la même pièce, par terre, en utilisant des rasoirs (plus de matériel).
C’était il y a un an, jour pour jour.
Le Dr Garrigue fait remarquer que ce sont les seules images de la guerre de Gaza qui ont été ramenées ici, où personne n’a vu d’images directes de cette guerre contre les gazaouis dans les médias d’ici.
Malgré les difficultés qui leur sont faites pour entrer à gaza et pour sortir, les médecins d’Help Doctors continuent donc, à soigner et à témoigner. Et à se battre pour pour le droit international. La publication du livre (double) de témoignages “Gaza ? Gaza !” est une contribution. A noter qu’une traduction en arabe est en cours à Gaza, qui sera terminée fin janvier.






Un an après, le problème c’est le blocus, le siège de Gaza qui continue. Dans la ville, on manque de tout, et c’est comme si on était revenu 150 ans en arrière. Pour ramasser les ordures par exemple. 600 tonnes d’ordures sont ramassées quotidiennement avec des chariots tirés par des ânes et des chevaux. Parce que plus d’essence pour mettre dans les camions. 200 personnes font ce travail.
Dans bien des domaines, le blocus imposé aux gazaouis les oblige à revenir à l’âge de pierre, alors que les Palestiniens sont la population la plus éduquée du Moyen-Orient.
Aujourd’hui, les tunnels avec l’Egypte sont le seul poumon, la seule façon pour les 1,5 millions de Gazaouis de se nourrir. Évidemment, ça crée aussi un marché noir, et certains en profitent. Maintenant, les égyptiens sont en train de couper les tunnels. Mais comment vont faire les palestiniens si les tunnels sont coupés ? Les médicaments (dont certains sont malheureusement de contrefaçon) entrent par l’Egypte.
Concernant l’hôpital Al Quds, il faut savoir que le gouvernement français s’était engagé à le reconstruire. Un an après, pas un carreau n’a été réparé.

En direct avec les dispensaires de Khan Younes et de Naplouse

Un moment très émouvant de l’après-midi a été la liaison en direct par internet avec Jamal Heid, responsable du dispensaire d’Help Doctors à Khan Younes (bande de Gaza) puis Ayman Shakaa, du dispensaire de Help Doctors à Naplouse. 15 personnes travaillent dans ces deux dispensaires. Tous palestiniens...






A Khan Younes, le centre de soins de Help doctors s’occupe de 400 patients chroniques. Dur, surtout à cause du manque de médicaments avec le blocus. A Gaza, même l’OMS n’a pas de médicaments. Une question de quelqu’un dans la salle : mais est-ce que les israéliens savent cette situation ? “les israéliens savent tout de ce qui se passe à Gaza, dit Jamal, et il n’y a aucune protection” pour les hôpitaux. En janvier 2009, “166 établissements de santé ont été détruits ou endommagés par la guerre.”
Un autre des graves problèmes est l’électricité : ça coupe tout le temps à Gaza. Et pendant la liaison, l’écran est devenu noir. Coupure de la lumière, là-bas. Du coup, la nourriture, mais aussi des médicaments qui sont dans les frigos sont détruits.
Quelqu’un a demandé à Jamal ce qu’il pensait de la marche pour la liberté fin décembre. Jamal indique qu’une partie du convoi est rentrée. Il fait une réserve : “tout le monde a fait pression sur l’Egypte (qui a empêché le passage), mais on oublie que l’occupant est Israël. Dans les règles du droit international, c’est l’occupant qui doit nourrir la population occupée.”

De Naplouse (Cisjordanie), Ayman Shakaa a présenté dans quelles conditions travaillait le centre de santé. Le dispensaire est en accès libre pour 20 000 personnes, sur 35 000 habitants de la vieille ville de Naplouse, qui est la partie la plus pauvre de la ville. Là, le chômage est supérieur à 45%, 40% de la population est sous le seuil de pauvreté : moins de 2 dollars par jour (1,5 euros environ). L’autorité Palestinienne accueille dans ses équipements de santé les personnes qui sont assurées. Celles des camps de réfugiés dépendent, elles, de l’UNWRA (ONU). Le dispensaire accueille chaque jour 30 à 40 personnes : des femmes et des enfants. Le projet pour 2010 est la construction (bientôt terminée) d’un cabinet dentaire.
A Naplouse samedi, l’armée israélienne avait fermé depuis 48 heures tous les checks points. Prétexte : sécurité. La ville de Naplouse est un des hauts lieux de la résistance palestinienne.
A la question : “Qu’est-ce que tu attends de la mobilisation des amis de la Palestine en France ?”, Ayman a répondu : “comprendre ce qui se passe ici et le dire” (“c’est important pour eux de savoir que vous êtes là”, a ajouté Régis Garrigue) “et permettre la pérennité de nos actions médicales”...

A la fin de cette rencontre, vers 19h30, le sentiment général était qu’il fallait ne pas en rester là. Aider le peuple palestinien. Obliger Israël à lever le blocus du ghetto de Gaza. Essayer d’aider, aussi, les médecins de cette ONG engagée contre l’injustice.
De tout cela, on va reparler dans les tout prochains jours.

L’exposition “plomb durci” de 22 photos de Mehdi Fedouach est disponible pour d’autres rencontres d’information et de solidarité (merci de prendre contact)



















Le site internet de Help Doctors : http://www.helpdoctors.org

photos : de Martine Chevalier et Djamila Zeghbab