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Mardi 19 avril à 19h au France

Projection-débat du film “Un spécialiste - Portrait d’un criminel moderne”, avec la participation d’Eyal Sivan

Inspiré de “Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la Banalité du Mal” de Hannah Arendt, ce film réalisé à partir des archives du procès est une réflexion sur l’obéissance et la responsabilité, un éloge de la désobéissance...

lundi 4 avril 2011

Cette soirée est l’un des rendez-vous du groupe de réflexion sur le travail (Voir) qui vient d’aborder la question de l’obéissance et de la responsabilité, avec la rencontre “Souffrance en France, la banalisation de l’injustice sociale” autour des travaux de Christophe Dejours décortiquant comment les nouvelles formes d’organisation du travail dans le capitalisme néo-libéral ont des effets dévastateurs sur notre société toute entière, comment on arrive à tolérer l’intolérable, comment chacun collabore dans le développement du malheur social (Voir)

Cette soirée est aussi un des rendez-vous (Voir ) du collectif Liberté Justice Palestine , au sein lequel on réfléchit bien sûr sur la destruction des juifs d’Europe par les nazis et ses conséquences, on cherche à comprendre comment ces crimes sont devenus possibles, et comment leur mécanique peut se reproduire dans le monde d’aujourd’hui. Le collectif LJP a par ailleurs déjà accueilli en juillet 2010 Eyal Sivan à St-Etienne pour une soirée autour de son dernier film “Jaffa, la mécanique de l’orange”, et commencera le 24 mai la projection de la fresque “Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël”, vaste documentaire réalisé par Eyal Sivan et le cinéaste palestinien Michel Khleifi.

Entrée : 5 euros
Rendez-vous à partir de 19h. La projection du film commencera à 20h très précises.
Elle sera précédée d’une présentation du film, avec Eyal Sivan. Le débat reprendra après la projection.

Eyal Sivan

L’année 2011 marque le 50ème anniversaire du procès Eichmann (Jérusalem, 1961). Et puis surtout, ce dont il est question dans ce film inspiré de “Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la Banalité du Mal” de Hannah Arendt, est d’actualité dans notre monde d’aujourd’hui. Cela fait deux raisons de voir ou de revoir ce film, réalisé par Rony Brauman et Eyal Sivan à partir de 350h d’images inédites enregistrées lors du procès du criminel nazi Adolf Eichmann, et d’en parler ensuite, avec Eyal Sivan, au cours du débat qui suivra la projection.

Plus d’infos sur le film  : http://www.momento-films.com/

 Un spécialiste  dresse le portrait d’un bureaucrate zélé respectueux de la Loi et de la hiérarchie, un fonctionnaire de police responsable de l’anéantissement de plusieurs millions de personnes, un criminel moderne.
Loin du personnage de pervers sanguinaire, de menteur machiavélique ou de serial killer que veut décrire le procureur, l’accusé apparaît comme un père tranquille, à la fois comique et terrifiant. S’il ne nie pas son rôle dans l’industrie du crime à laquelle il a appartenu, il s’abrite derrière les instructions de ses supérieurs, son serment de fidélité et l’obligation d’obéir aux ordres.
Il estime que son rôle d’exécutant, purement administratif et logistique, dénué de toutes passions, le met à l’abri de la justice des hommes, même s’il ne l’exonère pas de toute responsabilité.
(...) Le contraste entre la monstruosité du crime et la médiocrité de l’accusé frappe au premier regard et plus encore à mesure que se succèdent les treize scènes qui composent ce long-métrage documentaire, dévoilant le portrait d’un homme effroyablement ordinaire.
Ce film sur l’obéissance et la responsabilité dresse le portrait d’un spécialiste de la solution des problèmes, un criminel moderne."

Le livre “Eloge de la désobéissance”, de Rony Brauman et Eyal Sivan

Parallèlement au film, Eyal Sivan et Rony Brauman ont publié le livre “Eloge de la désobéissance”.
Dans la période présente, cette réflexion sur “la banalité du mal” et la soumission à l’autorité, est d’une grande actualité.
Ce livre - qui coûte 7 euros - est en 2 parties : 90 pages de réflexions, puis le script du film “Un spécialiste”, entièrement construit à partir des archives vidéo du procès...

Pour plus d’infos sur ce livre, qui avait fait l’objet d’une rencontre à St-Etienne en 2008, voir :
Eloge de la désobéissance

 Extraits de la présentation...   

(...) “Cet ingénieur de ce qui était en réalité une industrie du massacre ne supportait pas la vue du sang et n’aimait rien tant que le travail bien fait, les formulaires et les statistiques."

Le film “Un spécialiste” “est un essai politique sur l’obéissance et la responsabilité”, destiné à “illustrer la présence du “cas Eichmann” dans notre environnement familier, à montrer les ravages de l’obéissance”.

“Cet homme qui avait mis sa conscience en sommeil, qui refusait de confronter ses actes à la question de leur sens, qui ne voyait autour de lui que des problèmes et des solutions techniques, ne s’exprimait que par clichés. Autrement dit, il ne pensait pas. Son sentiment, complaisamment décrit, d’être un “instrument dans les mains de forces supérieures”, une “goutte d’eau dans l’océan”, est bien de notre monde. “

L’approche d’Hannah Arendt, que reprennent Rony Brauman et Eyal Sivan, a été violemment critiquée. Non pas bien sûr parce qu’elle remettrait en doute la culpabilité d’Eichmann et la gravité de ses crimes, mais parce qu’elle décortique - comme l’a fait aussi Raul Hilberg (dans les 3 tomes de “La destruction des Juifs d’Europe”) l’enchaînement des choses - “la logique d’appareils et de processus” - et ne renonce pas à penser ce qui s’est passé, ce que des humains ont fait. Et donc ce que d’autres pourraient faire à nouveau...
Ceci est en opposition avec la perception de cette période qui s’est développée en France au cours des années 60 quand la mise à mort industrielle a acquis peu à peu un statut sacré.
Tous ces travaux rapatrient la “planète Auschwitz” dans le monde des hommes, et réfutent l’idée de “radicale singularité de la Shoah”.

Eichman était un bureaucrate zélé, avant tout respectueux de la loi et de la hiérarchie. Comprendre cette banalité n’est pas banaliser le nazisme, mais comprendre comment on a pu en arriver là.
“L’horreur était enfouie sous l’accumulation d’affaires courantes dont il devenait aisé d’oublier la signification. Quand pensée et sensibilité se ferment l’une à l’autre, l’activisme destructeur peut se déployer sans frein et sans limites.”
(...) “Le crime de bureau, dont les armes sont le stylo et le formulaire administratif, dont le mobile est la soumission à l’autorité et que rien d’apparent ne distingue d’un travail ordinaire, est la forme paroxystique de cette dissociation mentale”.

La conclusion de tout ça n’est pas qu’au fond tout le monde est coupable, et que les hommes sont tous des criminels en puissance. Car “si tout le monde est criminel, plus personne ne l’est”, et c’est bien ce qu’Eichmann tentait de faire valoir. “Confondre cette culpabilité potentielle avec une faute ou un crime réels, c’est disqualifier la possibilité même de la justice.”
L’invitation, au contraire, est à juger chaque situation comme un événement nouveau, donc singulier, à nous penser face aux conséquences de nos actes.
“Nous avons voulu montrer les enjeux d’un choix, d’une alternative : soumission à l’autorité ou affirmation du jugement personnel, renoncement à la responsabilité ou autonomie de la personne”.   

Une invitation a être toujours en éveil, car comme l’écrivait Hannah Arendt avant de conclure, à l’adresse d’Eichmann, “vous devez être pendu” : “la politique et l’école maternelle ne sont pas la même chose : en politique, obéissance et soutien ne font qu’un”.

Un DVD du film existe. Il comprend aussi une présentation du livre et une interview de Rony Brauman et Eyal Sivan. Il coûte 17 euros.

Une projection au France à l’intention des lycéens mardi 19 à 14h


A noter que le cinéma Le France organise une projection à l’intention des lycéens de classes d’histoire et de philosophie le mardi après-midi à 14h.
Eyal Sivan sera présent pour la discussion qui suivra le film.
Les enseignants intéressés peuvent contacter le cinéma Le France...