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Le "rôle positif" de la colonisation enseigné dans les écoles ?!

Abroger la loi du 23 février 2005

jeudi 21 avril 2005, par Amina Sahel

Stupide ! C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai pris connaissance de la loi du 23 février 2005. Ensuite la Colère a fait place à l’incrédulité.
En effet, cette fameuse loi, dans son article 4, reconnaît le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord... et elle prescrit l’enseignement de cette version de l’histoire dans les écoles.
Alors qu’enfin commence à émerger un débat sur cette période dont beaucoup de zones d’ombres restent encore à éclairer, nos députés votent cette loi.
Alors voilà, ça s’arrête là ! Tout ce qu’il y a à dire sur cette période se résume ainsi : "Nous reconnaissons l’oeuvre positive..." C’est une belle victoire pour les nostalgiques de l’Empire colonial.
Faisons fi de tous ces descendants de colonisés qui aujourd’hui réclament la vérité, qui veulent savoir ce qui s’est réellement passé durant cette période et qui se demandent pourquoi leurs pères refusent de leur parler de cette mémoire douloureuse... Nous pensons que la France a gardé de cet héritage colonial un certain mépris pour les descendants de ces anciens colonisés. Qu’effectivement, certains comportements racistes que l’on peut voir aujourd’hui renvoie à des pratiques du "bon temps" des colonies. L’idée de l’être inférieur que l’on vient éduquer comme le disait Jules Ferry à propos de la colonisation : "Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures".
Cette même idée que l’on retrouve derrière ce paternalisme qui consiste à décider à notre place comme on peut le voir avec la gestion de l’islam et la constitution du Conseil Français du Culte Musulman sous l’égide du Ministère de l’Intérieur. Ou Alors des lois d’exception qui ne touchent qu’une partie de la population, avec la loi sur le voile.
Oublions aussi les milliers de mort de Sétif et Guelma, le traitement inhumain réservé à ces sous-hommes, ces indigènes. Oubliés aussi la torture, les humiliations, l’abandon des Harkis et le parcage de ceux qui ont été rapatriés en France et qui ont subi pendant des décennies l’isolement et les discriminations. Qui continuent d’ailleurs avec cette loi, l’indemnisation qui leur est prévue sera inférieure à celle des autres rapatriés.
Nous avons droit à une histoire imposée par nos gouvernants, qu’on enseignera dans les écoles et tant pis pour tous ceux qui réclamaient autre chose, qui ne voulaient plus être perçu comme des invités devenus maintenant indésirables. A qui l’on ne cesse de parler d’intégration et qui restent malgré tout un "français d’origine", alors même que leurs grands-parents ont combattu pour la libération de la France.
Et pourtant que demandons-nous ? Juste l’Egalité de traitement. Ne plus subir les discriminations (au logement, à l’embauche...). Et pour obtenir cette égalité, il est important de se construire un passé commun où chacun puisse se retrouver à sa place sans se sentir spolié de son histoire, afin de pouvoir se construire un avenir ensemble.
Ne retenir que l’aspect positif de la colonisation est une véritable insulte à tous les français.
Nous devons refuser cette manipulation d’une mémoire sélective qui ne retient que certains aspects de notre histoire.
Quelques grands historiens, de l’immigration en France ou de l’Empire colonial français ont réagi. Ils ont lancé un appel contre le négationnisme historique et demandent l’abrogation de cette loi. Il faut soutenir cet appel. Une pétition ouverte à tous peut être signée en envoyant un mail à :
Cliauzu@tiscali.fr.

Amina Sahel

Au cinéma Le France, jeudi 19 mai à St-Etienne :

Ne pas occulter le 8 mai 1945 à Sétif et construire la fraternité

 
Projection du film Mehdi Lallaoui et Bernard Langlois : "Les Massacres de Sétif, un certain 8 mai 1945".
Suivi d’un débat avec la participation de Mehdi Lallaoui.
 Plus d’informations 

Messages

  • La pétition des historiens contre la loi du 23 février 2005

    "La loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » a des implications sur l’exercice de notre métier et engage les aspects pédagogiques, scientifiques et civiques de notre discipline.

    Son article 4 dispose :

    « Les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite.

    Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit ... »

    Il faut abroger d’urgence cette loi,

    - parce qu’elle impose une histoire officielle, contraire à la neutralité scolaire et au respect de la liberté de pensée qui sont au cœur de la laïcité,
    - parce que, en ne retenant que le « rôle positif » de la colonisation, elle impose un mensonge officiel sur des crimes, sur des massacres allant parfois jusqu’au génocide, sur l’esclavage, sur le racisme hérité de ce passé,
    - parce qu’elle légalise un communautarisme nationaliste suscitant en réaction le communautarisme de groupes ainsi interdits de tout passé.

    Les historiens ont une responsabilité particulière pour promouvoir des recherches et un enseignement

    - qui confèrent à la colonisation et à l’immigration, à la pluralité qui en résulte, toute leur place,
    - qui, par un travail en commun, par une confrontation entre les historiens des sociétés impliquées rendent compte de la complexité de ces phénomènes,
    - qui, enfin, s’assignent pour tâche l’explication des processus tendant vers un monde à la fois de plus en plus unifié et divisé.

    Claude Liauzu, professeur émérite à l’université Denis Diderot-Paris 7 ;
    Gilbert Meynier, professeur émérite à l’université de Nancy ;
    Gérard Noiriel, directeur d’études à l’EHESS ;
    Frédéric Régent, professeur à l’université des Antilles et de Guyane ;
    Trinh Van Thao, professeur à l’université d’Aix-en-Provence ;
    Lucette Valensi, directrice d’études à l’EHESS.

     Pour signer cette pétition   : envoyer un mail à Claude Liauzu : claude.liauzu@worldonline.fr

    Ou aller sur le site de la section de Toulon de la Ligue des droits de l’Homme : www.ldh-toulon.net